Exposition sur les monuments aux morts à Mouilleron-en-Pareds

17 juin 1993
02m 25s
Réf. 00562

Notice

Résumé :
Une exposition sur les monuments aux morts se tient au musée de Lattre, à Moulleron-en-Pareds. Cette manifestation permet de comprendre la présence fréquente de signes, symboles, portraits et allégories, souvent patriotiques et communs à tous les monuments de France. Dans cette exposition se distinguent les œuvres remarquables commandées aux frères Martel.
Date de diffusion :
17 juin 1993
Source :
Personnalité(s) :

Éclairage

Dans un département qui a été très marqué par la première guerre mondiale, puisque plus de 22 000 poilus, soit 5% de la population d’avant guerre, ont été tués, il était légitime que les communes honorent leurs mémoires par des monuments comme il y en eut dans tout le pays après 1920.
En Vendée, où la République avait été défendue mais sans que les querelles religieuses et scolaires ne s’estompent, les thèmes et les emplacements de ces monuments furent très étudiés pour convenir à l’ensemble des populations. En privilégiant les obélisques, les pyramides ou les stèles, beaucoup de commanditaires préférèrent éviter tout rappel trop militant ou trop martial, comme à Saint-Cyr-en-Talmondais ou à Vouvant où un soldat en marche arbore fièrement une couronne de laurier.
Parmi ces monuments, on fera une place particulière à l’œuvre des sculpteurs Jan et Joël Martel qui réalisèrent en Vendée, ceux de La Roche-sur-Yon, d’Olonne-sur-Mer et de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, datant tous trois de 1922. Ils s’inspirent du cubisme, préférant des formes modernes, très stylisées, tout en affichant leur attachement pour l’inspiration régionale et des convictions affirmées.
A Olonne-sur-Mer, c’est une vieille femme, debout, de stature impressionnante, en coiffe et aux yeux clos, qui se tient dans une attitude de recueillement. L’inscription est sobre : « Hommage à nos morts. 148 Olonnais sont tombés pendant la guerre ». A Saint-Gilles c’est une femme, également en costume traditionnel mais jeune et agenouillée, tête inclinée tristement, qui est face à la dalle de pierre où sont gravés les noms des disparus. Au dos du monument, quatre visages de marins et soldats sont sculptés dans la pierre. Le monument yonnais a été financé par une importante souscription publique et de larges subventions. Un vaste fronton en pierre de Lorraine présente une composition organisée autour d’un bas-relief : une France ailée protégeant huit soldats en mouvement. La liste des morts (561) est gravée sous le bas-relief. Les sculpteurs très soucieux de voir respecter la « mise en scène et en espace » du monument, ont voulu une inscription banale : « A la mémoire de ceux qui sont tombés ». Les soldats en mouvement ne sont pas armés de fusils mais tels des paysans, ils avancent avec des pelles et des pioches sur leurs épaules.
Jean-Clément Martin

Transcription

Présentateur
La première guerre mondiale a fait 1 350 000 morts, soit un poilu sur quatre. Entre 1920 et 1925, 36 000 monuments aux morts ont été érigés pour leur rendre hommage, 15 monuments par jour. Autant dire que les sculpteurs ont été très sollicités. Au Musée de Mouilleron-en-Pareds, en Vendée, une exposition nous propose de mieux comprendre tous les symboles visibles sur ces monuments. Visite guidée avec ce reportage de Christine Vilvoisin et Luc Prisset.
Christine Vilvoisin
Une pyramide ou un obélisque surmonté d’une palme et d’une croix de guerre, voilà le monument aux morts type construit dans les villages, à mi-chemin entre l’église et la mairie. Sous la Troisième République, laïque, pas question de graver des signes religieux sur les édifices publics, on choisit de préférence des symboles tels que la croix, le feu ou des allégories. Même difficulté en ce qui concerne l’emplacement des monuments, solution de compromis dans beaucoup de communes, on multiplie les hommages et les édifices.
Jean-François Bourasseau
On en retrouve sur la place de l’église, alors là, c’est le côté républicain, on en trouve dans l’église même, on en trouve même dans les gares, dans les mairies, chaque communauté a fait son propre monument puisque c’était vraiment très, très compliqué.
(Musique)
Christine Vilvoisin
Le poilu au combat mourant ou déjà mort, toujours identique, pourtant chaque statue apparaît comme le portrait de chaque défunt. Autres dominantes sur les édifices, les signes de patriotisme, héros en uniforme, Jeanne d’Arc ou coq gaulois, une multitude d’emblèmes produits en série. Le prix d’un monument aux morts oscillait entre 4700 et 13000 Francs.
Jean-François Bourasseau
Les marbreries et les fonderies ont commencé à faire des catalogues par livraison rapide, franco de port et d’emballage, etc. On en retrouvait tous les symboles, les poilus en bronze. Alors, quand on avait moins d’argent, c’était en béton, quand on avait encore moins d’argent, c’était en je ne sais plus quoi. Donc, ça a été vraiment une catastrophe au niveau du goût français.
Christine Vilvoisin
Quelques exceptions dans cette liste dressée par le Musée de Mouilleron-en-Pareds, les oeuvres des Frères Martel. Nés à Nantes en 1896, parmi leurs premières commandes, sept monuments aux morts. À Saint-Gilles-sur-Vie, la femme agenouillée qui a donné ses fils au pays, à La Roche-sur-Yon, un bas-relief où figurent huit soldats en marche dans une tranchée, des sculptures qui sont le point de départ d’une carrière internationale. Une exposition à voir jusqu’au 27 septembre, ces monuments sont aussi le reflet de notre histoire nationale.
(Musique)