Hommage à Charles de Gaulle à l'Ile de Sein
Notice
Les habitants de l'Ile de Sein célèbrent la mémoire du défunt président de la République, Charles de Gaulle. Une messe en plein air est organisée face au monument aux morts.
Éclairage
Le lundi 9 novembre, en fin de journée, alors qu'assis à sa table de bridge, Charles de Gaulle fait une réussite selon ses habitudes, il est saisi d'un malaise à la suite d'une rupture d'anévrisme, et perd connaissance. Lorsque le curé, convoqué avec le médecin, lui administre l'extrême-onction, il respire encore mais il est dans le coma. Il s'éteint à 19h30, étendu sur un matelas dans le salon. La famille ne fait diffuser la nouvelle que le lendemain matin, pour retarder l'afflux de visiteurs à Colombey, sa résidence. Le 10 novembre, dans une brève allocution radiotélévisée, Pompidou, nouveau président de la République, annonce officiellement la mort du Général : "La France est veuve".
De Gaulle avait réglé ses obsèques dans un testament daté du 16 janvier 1952, établi en trois exemplaires remis, l'un à Georges Pompidou, le deuxième et le troisième à ses enfants Philippe et Elisabeth. Il souhaite que les obsèques soient très simples, aucun discours, aucune autre inscription que "Charles de Gaulle 1890-...", que sa tombe soit celle où repose déjà sa fille Anne et où un jour reposera sa femme, tout ceci à Colombey-les-Deux-Églises. Une cérémonie officielle a lieu à Notre-Dame de Paris, en présence de nombreux chefs d'Etat, le jeudi 12 novembre 1970, ce jour décrété jour de deuil national. Dans les jours qui suivirent, de nombreux hommages eurent lieu dans les quatre coins de la France. Le 13 novembre, alors que les habitants de l'île de Sein (particulièrement émus au vu des liens qu'ils entretenaient avec l'homme du 18 Juin) se regroupaient pour un dernier hommage, Winston Churchill écrivait dans son journal : "Toujours, même quand sa conduite était la plus irritante, il paraissait exprimer le caractère de la France, une grande nation, avec tout son orgueil, son autorité, son ambition".
A l'heure actuelle, le général de Gaulle reste un mythe et qui plus est, la personnalité historique préférée des Français.
En savoir plus :
Charles de Gaulle voit le jour le 22 novembre 1890 à Lille, d'un père, Henri, professeur de lettres, et d'une mère, Jeanne Maillot, fille d'un industriel du Nord. Elevé au sein d'une famille où la patrie et la religion sont essentielles puis par les Jésuites, de Gaulle est très vite attiré par l'armée, qu'il finit par intégrer en 1909. Après avoir participé à la Première Guerre mondiale en tant que capitaine, il épouse en avril 1921 Yvonne Vendroux, qui lui donnera trois enfants, Philippe, Élisabeth et Anne. Membre de l'état-major du maréchal Pétain, il réfléchit sur le commandement et la stratégie militaires et publie divers ouvrages sur ce sujet. En 1937, il est promu colonel et lorsque éclate la Seconde Guerre mondiale, il prend le commandement des chars de la 5e armée. Promu général de brigade à titre temporaire, il est appelé par Paul Raynaud et devient sous-secrétaire d'Etat à la Défense Nationale et à la Guerre. Lorsqu'il apprend la demande d'armistice, il décide de rejoindre Londres pour empêcher cet acte et maintenir l'entente avec les Britanniques. L'humiliation nationale, la foi patriotique, l'ambition aussi, expliquent le geste de cet officier ministre. L'appel du 18 juin lancé à la BBC le fait entrer dans l'histoire. C'est à la suite de cet appel que 124 habitants de l'île de Sein, âgés de 14 à 54 ans, sont partis le 21 juin rejoindre De Gaulle en Angleterre. 22 ne reviendront pas. A la fin de la guerre, dès 1946, De Gaulle rendra gloire à l'île en lui attribuant la croix de la Libération puis, ultérieurement, la croix de Guerre et la médaille de la Résistance.
De Gaulle restera à jamais l'homme qui a dit "non" à l'Occupation allemande et le premier Résistant de France. Chef de la France Libre, il joue un rôle majeur dans la formation et le développement de la Résistance. Président du Gouvernement Provisoire de la République à la Libération, il souhaite redonner à la France son rang international et y instaurer un ordre républicain. Après avoir démissionné en janvier 1946, de Gaulle créé le Rassemblement du Peuple Français (RPF). Les années 1950 sont celles de la "traversée du désert" pour le général, qui vit reclus à Colombey-les-deux-églises, tout en étant convaincu qu'il faut une nouvelle République. Les événements d'Algérie le rappellent à la tête de l'Etat, le 1er juin 1958. Le lendemain, il reçoit les pleins pouvoirs avec pour mission de refaire une Constitution qui sera soumise au référendum. De Gaulle serait-il une nouvelle fois le rédempteur tant attendu ? Toujours est-il que le 21 décembre 1958, il devient le premier président de la Ve République. Quatre ans plus tard, après avoir mené une politique contestée et frôlé la mort, le général signe les accords d'Evian, qui suspendent les combats outre Méditerranée et soumettent à référendum l'indépendance de l'Algérie. En 1962, après la première élection présidentielle au suffrage universel, il est réélu en l'emportant au second tour face à François Mitterrand. Viennent les manifestations et les révoltes de mai 1968 qui ébranlent son pouvoir. A la fin de ce mois plus qu'agité, il annonce la dissolution de l'Assemblée nationale et des élections législatives qui lui sont finalement largement favorables. Quelques temps plus tard, de Gaulle propose par référendum une modification du sénat et une régionalisation. Il est désavoué par 52,4% des voix et se retire définitivement des affaires publiques. Dès lors, le général assure la publication de ses Mémoires d'espoir.
Bibliographie :
- Jean Lacouture, De Gaulle, 3 Tomes, Le Seuil, 1984.