Saint-Nazaire en ruines
Notice
État des lieux à la libération de Saint-Nazaire, ville ravagée par les bombes, qui n'est plus qu'un champ de ruines. La gare et le port sont détruits. 100 000 Français sont libérés et les Allemands encore présents sont faits prisonniers.
Éclairage
1 800 communes déclarées sinistrées, 2 600 000 immeubles détruits ou endommagés, près de 5 millions d'habitants sans logis : tel est le bilan de la guerre sur le territoire français en 1945. La plus grande partie du pays est libérée au cours de l'été 1944, mais certains ports de la côte atlantique ont eu à souffrir des destructions et de la présence des soldats allemands jusqu'en mai 1945 : c'est le cas de la ville de Saint-Nazaire. En effet, de par sa situation géographique, ses infrastructures militaires et ses ports, le Grand Ouest a revêtu un caractère stratégique primordial pour les Allemands. Durant l'été 1944, devant l'avance des troupes alliées et des forces de la résistance bretonne, les soldats de l'armée allemande se replient sur les principales bases sous-marines de l'Atlantique. Ces dernières se transforment vite en de véritables poches fortifiées. Ainsi, 25 000 soldats ennemis se retranchent à Saint-Nazaire et sur plus de 200 km², 125 000 civils Français sont pris au piège. Durant plus de 9 mois, bombardements, raids destructeurs et tentatives de percée effectuées par les forces libératrices se succèdent, multipliant dégâts et sinistrés.
Au bout du compte, le siège dure jusqu'aux 8-9 mai 1945, date qui marque la capitulation du Reich nazi et la fin de la guerre en Europe, la reddition définitive de la ville intervenant deux jours plus tard, le 11 mai 1945. La joie légitime de ce jour tant attendu est éphémère, compte tenue de l'ampleur des destructions : la cité est en ruine elle est déclarée sinistrée à 85% et les familles comptent leurs morts. Une fois les Allemands faits prisonniers, la question de la reconstruction se pose avec acuité.
Au printemps 1945, à l'instar de la ville de Saint-Nazaire, il s'agit de rebâtir la quasi-totalité de l'armature urbaine française. Outre les habitations, les infrastructures économiques et les réseaux de communication exigent des réparations. La lente reconstruction due au manque de matières premières est aussi l'occasion pour Saint-Nazaire de mettre en œuvre un nouvel urbanisme moderne, remodelant totalement le paysage urbain du centre-ville, sous la responsabilité de Pierre Courant, maire de la ville, qui sera plus tard le ministre de la reconstruction. Elle se fit selon un plan orthogonale, avec des rues se coupant à angle droit et de petits immeubles, le centre regroupant les administrations et les commerces à l'ouest du port. L'axe de la ville étant la route de Nantes qui traverse tout le centre pour aboutir à l'hôtel de ville. Il fallut au moins dix ans pour considérer que la reconstruction était pratiquement achevée.