Le Général de Gaulle en Bretagne

27 juillet 1945
03m 01s
Réf. 00003

Notice

Résumé :

Le Général de Gaulle visite St Brieuc, Brest, Douarnenez, Lorient, St Nazaire. Dans ces ruines, une population fervente l'acclame. A Brest, il annonce son souhait de réforme politique. Aux chantiers de St Nazaire il constate la reprise de l'activité.

Date de diffusion :
27 juillet 1945
Personnalité(s) :

Éclairage

Cinq ans après l'appel du 18 juin 1940, moins d'un an après la libération de l'Ouest de la France et de Paris, le général de Gaulle, président du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF), entreprend une visite de la Bretagne. Si tous les Français n'ont pas suivi le général de Gaulle pendant l'occupation, il est pour eux le premier résistant de France, celui qui a dit non : non à l'Occupation, non au régime de Vichy dirigé par Philippe Pétain, non à la collaboration. En Bretagne, l'hostilité de la population à l'égard de l'occupant a été immédiate et l'adhésion au général de Gaulle forte.

La Libération et la foule, lors de cette visite, en témoignent. Malgré un hiver 1944 / 1945 rigoureux, où se mêlent pénuries, restrictions et crise économique, la popularité du président du Gouvernement Provisoire de la République Française est intacte en Bretagne. Cependant, de nombreuses villes bretonnes sont détruites, parfois totalement comme à Saint-Malo, Brest, Lorient, Saint-Nazaire. Conscient de pénétrer dans une péninsule qui lui est très largement favorable, de Gaulle entreprend un déplacement de plusieurs jours dans des cités côtières dont les ruines ne sont pas complètement déblayées au mois de juillet 1945. D'autant que cette tournée a lieu quelques temps après la capitulation allemande du 8 mai 1945 qui a permis la disparition des dernières "poches" de résistance ennemie dans l'ouest : celles de Lorient et Saint-Nazaire. L'occasion est donnée à la population bretonne d'exprimer toute sa gratitude au chef de l'Etat qui a su conduire le pays à la victoire. Il est à l'apogée de sa gloire et reçoit un véritable triomphe de la part des populations locales.

Mais ne nous y trompons pas, en multipliant les discours, de Gaulle s'implique totalement dans la première grande bataille électorale qui s'annonce. Depuis la Libération, il se donne pour tâche de redonner à la France son rang international, et d'instaurer un ordre républicain dans le pays fraîchement libéré. En octobre 1945, les Français vont devoir répondre à deux questions : la première décide du sort de la IIIe République, la seconde concerne les pouvoirs de l'assemblée élue le même jour. En votant "oui" par deux fois, les électeurs décideraient, d'une part de doter la France d'une nouvelle constitution, d'autre part de limiter les pouvoirs de l'assemblée constituante. C'était directement la volonté du chef de l'Etat. Acclamé, ovationné, le séjour breton du général prend l'allure d'un véritable plébiscite. Et, en octobre 1945, le vote de la Bretagne se révèle plus "gaulliste" que dans le reste de la France.

Bibliographie :

- Jacqueline Sainclivier, La Bretagne de 1939 à nos jours, Rennes, éd. Ouest-France, collection "université", 1989.

François Lambert

Transcription

(Musique)
Commentateur
La Bretagne elle aussi reçoit la visite du chef du gouvernement qui a commencé son tour d'amitié par Saint-Brieuc.
(Musique)
Commentateur
Puis c'est Brest, le Général de Gaulle parcourt la ville en ruine au milieu des acclamations.
(Musique)
Commentateur
Ce tas de pierres qu'on fleurit, c'est ce qui reste d'un monument aux morts massacré lui-même, symbole d'une ville martyre.
(Musique)
Commentateur
Puis le chef du gouvernement décore l'Amiral Robert, Préfet maritime.
(Musique)
Commentateur
Au milieu des ruines et des espérances de Brest, martyrisé au service de la Patrie, le Général de Gaulle a prononcé un important discours sur le problème constitutionnel. Il s'est déclaré contre le retour à la Constitution de 1875. «La Nation, a t-il dit, doit conférer le pouvoir constituant à l'Assemblée qu'elle va élire au mois d'octobre prochain.» La Nation peut évidemment, si telle est sa volonté, lui attribuer en même temps la totalité de tous les autres pouvoirs. «Pour moi, autant je souhaite que cette Assemblée reçoive le mandat d'élaborer une nouvelle Constitution, autant j'estimerai déplorable qu'elle se trouva omnipotente sans aucun frein et sans aucune limite.»
(Musique)
Commentateur
Puis le Général de Gaulle a parcouru cette rade, l'une des plus belles du monde et qui redeviendra ce qu'elle a toujours été et ce qu'elle doit être, notre plus grand port de guerre.
(Musique)
Commentateur
Douarnenez, port de pêche, offre un décor plus aimable. Cette voûte de filets, sous laquelle le Général de Gaulle doit courber la tête, prouve que les pêcheurs de sardines savent aussi être d'excellents décorateurs.
(Musique)
Commentateur
Et puis, c'est Lorient dont le nom fut synonyme de bombardements. Là encore, l'ennemi avait accumulé des armes que nos alliés étaient obligés d'attaquer sans répit.
(Musique)
Commentateur
Les fameux abris de sous-marins, monstres fortifiés, sont restés intacts. Mais ce qui était hier notre regret devient aujourd'hui notre consolation puisque ce sont maintenant des sous-marins français qui ont pris leur place dans ces terriers invulnérables.
(Musique)
Commentateur
Et Saint-Nazaire où la population fait le même accueil au chef du gouvernement. Une fois de plus dans cette Bretagne tenace qui a souffert mais qui pense à l'avenir, le Général de Gaulle a traversé un pays prêt à renaître.
(Musique)
Commentateur
Les chantiers de Saint-Nazaire n'ont pas été épargnés mais là aussi le travail reprend et déjà se dresse les silhouettes des navires qui navigueront demain.