La repasseuse de coiffe
Notice
A Squiffiec dans les Côtes du Nord, une vieille femme perpétue le métier de repasseuse de coiffe. Depuis l'âge de 13 ans, elle exerce ce vieux métier qui se transmet de mère en fille. Seule repasseuse de la région, elle évoque ses souvenirs.
Éclairage
Le métier de repasseuse de coiffe, en breton "ferourez", est un art qui consiste à préparer les coiffes bretonnes (les laver, les amidonner et les repasser). Il s'agit d'un ouvrage extrêmement minutieux, puisque chaque coiffe demande entre six et huit heures de travail. Ce métier ancien était exclusivement féminin, bien que certains hommes en aient acquis la maîtrise.
Au moment du reportage, en 1970, on s'interroge sur la possible disparition de ce métier, si répandu auparavant, mais inévitablement lié à la tradition du port de la coiffe. La coiffe bretonne marque à l'origine une appartenance à une classe sociale, à une communauté, une paroisse. Il s'agit donc d'un marqueur d'identité, signe d'élégance et de dignité, et qui revêt également un caractère religieux. Si les coiffes bretonnes ont toujours été en constante évolution, recherchant toujours plus de fluidité et de transparence, dès le XIXe siècle certains intellectuels s'inquiètent sur une possible disparition des costumes traditionnels. Et en effet, les coiffes sont portées jusqu'au début du XXe siècle, puis elles entrent peu à peu en concurrence avec les modes des villes, dont les exemples sont apportés par les trains et les journaux. De plus, pendant les guerres, les Bretons côtoient d'autres populations, ce qui est porteur d'évolutions. D'autre part, les coiffes, très coûteuses et fragiles deviennent inadaptées, en même temps que naît l'aspiration de chacun à être comme les autres, sans différences visibles. Ainsi, depuis la Seconde Guerre mondiale, ce sont presque exclusivement les femmes âgées qui continuent de porter des coiffes.
Toutefois, passé ce moment d'abandon, les coiffes suscitent l'intérêt des générations nouvelles. Des cercles celtiques sont créés au moment où les costumes sont encore en usage, ce qui a permis au patrimoine de se transmettre. Cependant, le port de la coiffe n'est plus aujourd'hui qu'un objet de loisirs, et le métier de repasseuse de coiffe a presque disparu. Il ne perdure que par l'intermédiaire des groupes folkloriques qui perpétuent ces traditions, surtout lors des festivals estivaux. Certaines femmes ayant appris le métier de repasseuse de coiffe organisent des stages pour des gens venus de toute la France afin de transmettre ce savoir-faire. Au début de l'année 2009, deux repasseuses de coiffes ont obtenu le statut de salariées dans le Finistère, après avoir menacé de faire grève avant les fêtes celtiques de l'été. Elles sont embauchées par le Conseil Général du Finistère, pour assurer la pérennité à ce savoir-faire qui n'est plus maîtrisé que par quelques personnes.
Bibliographie :
Revue Micheriou Koz - Les vieux métiers de Bretagne, "Les faiseuses et les repasseuses de coiffes", M. Bolzer et M. Gréval.
Jean-Pierre Gonidec, Coiffes et costumes des Bretons-Comprendre les évolutions, éditions Coop Breizh, 2005.