Parler Gallo
Notice
A Moncontour, dans le pays du Méné, on parle encore gallo. Région charnière entre la culture bretonne et française, le pays gallo a reçu différentes inaluences culturelles. Ce pays entretient cependant ses propres traditions et sa propre identité.
Éclairage
Dès le XIVe siècle, les actes du Duc de Bretagne Jean IV opposent une Bretagne gallophone et une Bretagne bretonnante. Cette dualité linguistique, qui remonte au Haut Moyen-Âge et qui se met en place au moment de la conquête bretonne en Armorique, sépare cette région en deux zones selon une ligne Paimpol-Vannes. Le breton, d'origine celtique, est parlé en Basse Bretagne et le gallo, d'origine latine mais incorporant des mots gaulois ou bretons, est pratiqué en Haute Bretagne.
En 1977, date de diffusion du reportage, le gallo - dont le nom d'origine bretonne signifie "étranger" et qui désigne de façon générale ceux qui ne parlent pas breton - est en déclin notable. L'imposition progressive du français - entreprise dès le XVIe siècle avec l'ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539 qui stipule que le français sera désormais la langue des actes officiels - a conduit à une marginalisation du gallo. Celui-ci ne compte aujourd'hui plus que 30 000 locuteurs. Il se maintient essentiellement en milieu rural et chez les anciens. Mais, comme le montre le reportage, le gallo n'est pas seulement une langue. C'est aussi une culture, des traditions et un folklore qui se transmettent de génération en génération. Les contes - comme par exemple la légende de l'Ankou - et les chants contribuent à perpétuer le parler gallo et la culture gallèse dans les communes rurales de Haute Bretagne.
Depuis les années 1980, on assiste à un regain d'intérêt pour cette langue. Le parler gallo a perdu son caractère complexant et il n'est plus assimilé à une mauvaise manière de parler français. Les signes de ce regain sont multiples. Tout d'abord, depuis 1983, le gallo est devenu une option facultative de langue au baccalauréat. Il est actuellement enseigné dans sept collèges et dans sept lycées publics de l'académie de Rennes ainsi que dans les IUFM (Instituts universitaires de formations des maîtres) de Saint-Brieuc et de Vannes. Des dictionnaires de gallo ont également vu le jour. Le premier dictionnaire bilingue, Le Motier, a été édité en 1995 et le dernier publié en 2007 - Le petit Matao de Régis Auffray - compte 25000 entrées.
Ce regain d'intérêt est également perceptible à travers la création de nombreuses associations multipliant les initiatives afin de promouvoir cette langue. Les Amis du parler gallo, devenu en 1983 Bertaèyn Galeizz, sont par exemple les instigateurs du festival Mill Goll à Rennes. Enfin, la reconnaissance officielle du gallo est peut-être le meilleur signe de ce regain d'intérêt. En 2004, le Conseil régional de Bretagne a reconnu officiellement l'existence du gallo (et du breton) comme langue de la Bretagne au côté du français. Toutefois, malgré ses nombreuses avancées, le gallo reste dans une position moins favorable par rapport au breton. A titre d'exemple, le Conseil Général du Morbihan a installé des panneaux en breton dans tout le département, mais pas un seul en gallo.