Ronan et Henri Caouissin
Notice
En 1952, les frères Caouissin fondèrent la société de production Brittia film. Henry et Ronan sont les pionniers du cinéma breton. Ils ont produit et réalisé des documentaires et des fictions, notamment Le mystère du Folgoët, réalisé en breton.
Éclairage
Malgré une arrivée relativement tardive sur le sol breton, le cinéma a fait rapidement de la Bretagne une terre d'accueil. Les forains puis l'Eglise et les patronages ont contribué à la diffusion du cinéma en milieu rural, à côté de l'installation de salles de projection permanente des grandes maisons de productions parisiennes en ville. Outre la diffusion du cinéma, les opérateurs ce sont aussi très tôt intéressés à la Bretagne pour venir tourner des plans. Si beaucoup de films "carte postale" sont tournés avant la Première Guerre mondiale, c'est au début des années 1920 qu'émerge véritablement un cinéma sur la Bretagne. On peut citer le travail de Jean Epstein, mais aussi d'André Antoine, metteur en scène qui passe ses vacances à Camaret. Ils sont quelques uns à l'époque à réussir à capter le rapport si particulier des hommes avec la nature en Bretagne.
Après la Deuxième Guerre mondiale, beaucoup de réalisateurs élisent la Bretagne comme décor de leur film. Mais ces grandes productions françaises ne renouvellent pas le genre cinématographique, loin de là. Elles établissent plutôt un classicisme que l'on appelle "la qualité française". On doit noter cependant une expérience singulière dans l'histoire du cinéma breton à cette époque. Dans ce paysage, les frères Caoussin font figure d'espiègles aventuriers. Ils sont les premiers en Bretagne à s'intéresser à la chaine complète du film. En marge d'un cinéma officiel, ils proposent dans les années 1950 une entreprise artistique à part entière.
Les frères Caoussin sont nés dans une modeste famille à Pleyber-Christ dans le Finistère. Orphelins très jeunes, ils partent vivre à Paris, où ils font l'expérience politique du militantisme breton. Ils sont également très catholiques et imprégnés de la culture celtique. De retour en Bretagne, plusieurs des frères s'impliquent dans la publication bretonnante liée au mouvement catholique. Herry Caoussin est d'ailleurs le créateur de la première BD en breton. Outre ce travail éditorial, la famille Caoussin est amatrice de cinéma, notamment de l'œuvre de Jean Epstein. Après un rapide passage de Perig Caoussin au Caméra Club de Brest, les frères Caoussin se lancent dans le cinéma, leur manière d'éterniser les mythes culturels bretons. En 1951, ils créent une association loi 1901 qu'on peut considérer comme leur maison de production. Brittia film naît de l'envie de créer un cinéma breton autonome allant de l'écriture à la diffusion d'un film.
La première œuvre de cette entreprise familiale et artistique est réalisée en 1952. Le Mystère du Folgoët est la transposition d'un mystère du Moyen Age évoquant en une heure six siècles de l'histoire de la Bretagne. Le film reçoit un accueil enthousiaste du public breton. Si ce n'est certainement pas une réussite artistique, comme le notent plusieurs spécialistes, c'est en tout cas une aventure humaine incontestable. La participation de la population, le succès populaire du film en sont les signes évidents. Fort de ce succès, les frères Coussin continuent ce travail cinématographique. Après Le Mystère du Folgoët suit Le Meilleur de ma jeunesse diffusé en 1955. C'est à cause de ce film que la famille se retrouve endettée et l'entreprise compromise. Malgré ces difficultés, d'autres films seront produits, mais beaucoup plus confidentiels que leur premier film, qui symbolise l'œuvre des frère Caoussin.
Si l'expérience est courte, elle a le mérite d'être forte. Comme le souligne Jean Pierre Berthome et Gaël Naizet dans leur livre sur la Bretagne et le cinéma, cette aventure nourrit le fantasme d'une Bretagne filmée par les Bretons. D'autre part, on peut penser que Brittia Films a inspiré dans sa conception le travail que mènera dans les années 1970 René Vautier avec L'Union de Production Cinéma Bretagne (UPCB).
Bibliographie :
Jean Pierre Berthome, Gaël Naizet, Bretagne et cinéma, Rennes, Editions Apogée, 1995.
Tanguy Perron, Le Cinéma en Bretagne, Plomelin, Editions Palantines, 2006.