Pardon Santez-Anna-ar-Palud [Pardon de Saint-Anne-la-Palud]
Notice
Miliadoù a dud a zo bet o lidañ pardon vras Santez-Anna-ar-Palud e Plonevez-Porzhe, e-kichen Douarnenez. [Des milliers de pèlerins se sont retrouvés à la Chapelle de Saint-Anne-la-Palud, sur la commune de Plonévez-Porzay près de Douarnenez, à l'occasion de son pardon annuel.]
Éclairage
Mojenn Santez Anna ar Palud a gont e oa Anna merh eur roue, dimezet d'eur pried rust ha leun a warizi hag a verzerie anezi. Dre ma ne helle ket ken gouzañv ken taoliou fulor he gwaz e lakeas en he 'fenn mond kuit. Mond a reas 'bord ar mor, eno e kavas eur vag sturiet gand eun êl a gasas anezi da vro Judea. Dimezi a reas hag e lakeas er bed eur verh he ano Mari hag a dlee beza mamm Jezuz. En em gavet koz e c'hoantaas Anna dond en-dro d'he bro Vreiz ha setu ma tigasas an êl anezi endro war vag. A-raog e varo e c'hoantaas ar C'hrist dond da weled e vamm-goz evid reseo he bennoz ; goulenn a reas outi ar pez a blijfe dezi. Anna a houlennas e redfe, goude he maro, e-leh m'edont, eun eienenn gouest da bara oll boaniou ar Vretoned. Da geñver maro Anna, pesketerien ar vro a gavas he skeudenn war neuñv war ar mor. Klask a reas ar besketerien digas ar skeudenn d'o heriadenn, med a greiz toud e teuas da veza ken ponner ma ne helljont ket ken dougen anezi. Taoler a rejont anezi war an douar ha kerkent e tarzas eun eienenn a red c'hoaz hirio. O soñjal e oa eur gwir vurzud a-berz santez Anna e oe savet eur japel en enor d'ar zantez ha lakeet he skeudenn enni. Gwriziou don he-deus ar vojenn a ra deuz santez Anna eur Vretonez eet d'an douar zantel rag en devez a hirio c'hoaz e vez kontet gand ar re goz.
A dra-zur ez eo pardon Santez-Anna-ar-Palud stag ouz eul lid koz. Ano e vez greet er gontadenn euz eur feunteun, feunteun a " remed-oll " da boaniou ar Vretoned. Ar gelted a ree deuz an uhel-varr remed oll. Ar 'feunteun zantel neuze he-defe kemeret plas an uhel-varr payan. Ouspenn da-ze chapel Santez-Anna-ar-Palud a zo savet e 1630 en eul leh plên, pemp kant metrad deuz ar mor e traoñ an tevennou. An hent a gas d'ar mor a reer " hent Santez-Anna-Gollet " anezañ atao. Eno neuze tost d'ar mor o-defe savet ar Vretoned en amzeriou kenta eur japel gouestlet da zantez Anna med distrujet e vefe bet da vare an Normanded.
Gouel santez Anna-ar-Palud a vez bep bloaz da zul diweza miz eost, med ar pardon a bad tri devez. Ano a zo deuz ar pardon abaoe 1760 ; e 1766 e prometer induljañsou d'ar re a ya da bardoni ha dre-ze e kemer brud ar pardon. En XVIIIved hag en XIXved kantved e teu da veza gand hini Rumengol unan euz pardon brudeta Bro-Gerne. E pad ar Revolusion ne vo ket gouest ar zoudarded da harza ar belerined d'en em voda.
Ken anavezet eo ma'z eus bet ranket sevel eur japel nevez etre 1858 ha 1866 rag eben a oa deuet da veza re vihan. Gand an induljañsou stag ouz ar pardon e rank ar belerined en em gavoud an devez a-raog. E penn kenta an XIXved kantved, 12 000 a dud dindan teltennou sklêrijennet, greet gand lïenou bigi, a dremen an nozvez tro-dro da gloz ar japel. E-barz ar hloz, ar belerined a ra tro ar japel diarhen, pe war benn o daoulin. Dont a ra an dud deuz pell evid pelerina da Blonevez-Porze. Tud Plougastel a zeu aliez d'ar zadorn ivez. Dond a reont war bagou pesketa o treuzi al lenn-vor. En em gavet er Fred e kendalhont gand o hent war droad dre ar Menez-Homm goude-ze e heuliont an aod. En em gavet war an dorgenn ar belerined a gouez war beg o daoulin el leh anvet " Plas ar zalut " hag e pedont troet war-zu tour an iliz. Ober a reont neuze teir gwech tro ar japel a-raog mond e-barz evid pedi hag elumi eur houlaouenn goar dirag aoter Santez-Anna.
Ar pardoniou evid an iliz a veze eur mare a-bouez evid embann en eun doare ofisiel komz an Iliz, dreist oll evid rei he zoñj war he darempredou gand ar republik. Ma vez c'hoaz kalz a belerined o tond da Zantez-Anna-ar-Palud ha d'ar Folgoad n'eus ket kement a dud ken ha ma oa er bloaveziou 50-60, dreist-oll e-touez ar re yaouank.
Marie-Françoise Keramprant – CRBC - UBO / UBE Brest
Un nebeud levrioù
Sainte Anne et les Bretons, santez Anna mamm goz ar Vretoned, Minihi-Levenez, Trelevenez, 1996.
André Cariou, Pardons et pèlerinages en Bretagne, Editions Ouest-France, Rennes, 1997.
Michel Lagrée, Religion et cultures en Bretagne (1850-1950), Fayard, Paris, 1992.
Georges Provost, La fête et le sacré. Pardons et pèlerinages en Bretagne aux 17e et 18e siècles, Le Cerf, Paris, 1998.
Version française
La légende raconte qu'Anna, fille de roi, était mariée à un époux brutal et jaloux qui la martyrisait. Comme elle ne pouvait plus supporter les colères de son mari, elle songea à fuir. Elle se rendit au bord de la mer, là elle trouva un bateau conduit par un ange qui l'emmena en Judée. Elle se maria et mit au monde une fille que l'on prénomma Marie et qui devint la mère de Jésus. Vieillissante, Anna voulu rentrer dans son pays en Bretagne et l'ange l'y ramena dans sa barque. Avant de mourir, le Christ voulut rendre visite à sa grand-mère pour recevoir sa bénédiction ; il lui demanda ce qu'elle désirait. Anna voulut qu'à sa mort jaillisse à l'endroit où ils se trouvaient une source capable de guérir tous les maux des Bretons. Lorsqu'elle mourut, les pêcheurs de la région trouvèrent sa statue flottant sur l'eau. Ils voulurent la ramener dans leur village, mais tout à coup la statue devint si lourde qu'ils ne purent plus la soutenir. Ils la posèrent sur la terre et aussitôt une source jaillit : elle coule encore aujourd'hui. Pensant qu'il s'agissait là d'un véritable miracle réalisé par sainte Anne, une chapelle fut construite en l'honneur de la sainte et l'on y installa sa statue. Cette légende qui fait de sainte Anne une Bretonne partie en terre sainte est encore profondément enracinée dans la mémoire populaire.
Il est évident que le pardon de Sainte-Anne-la-Palud correspond à des cultes antérieurs. La légende parle d'une fontaine, la fontaine de " tout remède " aux maux des Bretons. Les celtes appelaient le gui " tout remède ". La fontaine sainte aurait donc pris la place du gui païen. De plus, la chapelle de Sainte-Anne-la-Palud érigée en 1630 se trouve dans un endroit plat à cinq cents mètres de la mer, au pied des dunes. La route qui mène à la mer est encore appelée " hent Santez-Anna-Gollet " ("route de Sainte-Anne-Perdue "). C'est donc là près de la mer que les premiers Bretons auraient construit une chapelle consacrée à sainte Anne, qui aurait été détruite à l'époque des Normands.
On fête Sainte-Anne-la-Palud le dernier dimanche d'août, mais le pardon dure trois jours. Il est attesté depuis 1760 et en 1766 l'obtention d'une indulgence lui apporte une grande renommée. Aux XVIIIe et XIXe siècles il devient, avec celui de Rumengol, l'un des pardons les plus fréquentés de Cornouaille. Durant la Révolution les autorités ne parviennent pas à empêcher les pèlerins de se rassembler. Il est si prisé que l'on fait construire une nouvelle chapelle entre 1858 et 1866, car la précédente était trop petite. Les indulgences attachées au pardon obligent les pèlerins à s'y rendre la vieille. Au début du XIXe siècle, 12 000 personnes campent sous des tentes illuminées, fabriquées dans les voiles de bateaux ; ils passent la nuit autour de l'enclos de la chapelle. Dans l'enclos, les pèlerins font le tour de la chapelle pieds nus, ou à genoux.
On vient de loin pour le pardon de Plonevez-Porzay. Les gens de Plougastel arrivent aussi le samedi. Ils traversent la rade sur des bateaux de pêche. Ils accostent au Fret et continuent la route à pied par le Menez-Hom, ils suivent ensuite la côte. Lorsqu'ils atteignent la butte, les pèlerins s'agenouillent à " Plas ar zalut " (" L'endroit du salut ") et prient face au clocher. Ils font ensuite trois fois le tour de la chapelle avant d'y entrer pour prier et brûler un cierge devant l'autel de sainte Anne. Les pardons ont souvent été pour l'Eglise l'occasion d'une prise de parole officielle pour exprimer son opinion, notamment sur sa relation à la République. S'il y a encore beaucoup de pèlerins à Sainte-Anne-la-Palud et au Folgoët, cela n'a rien à voir avec la fréquentation des années 50-60, notamment en ce qui concerne les jeunes générations.
Marie-Françoise Keramprant – CRBC - UBO / UBE Brest
Bibliographie
Sainte Anne et les Bretons, santez Anna mamm goz ar Vretoned, Minihi-Levenez, Trelevenez, 1996.
André Cariou, Pardons et pèlerinages en Bretagne, Editions Ouest-France, Rennes, 1997.
Michel Lagrée, Religion et cultures en Bretagne (1850-1950), Fayard, Paris, 1992.
Georges Provost, La fête et le sacré. Pardons et pèlerinages en Bretagne aux 17e et 18e siècles, Le Cerf, Paris, 1998.