Neuvième édition des Fêtes des Cornemuses à Brest

07 août 1962
01m 01s
Réf. 00019

Notice

Résumé :

A Brest, de la rue de Siam vers le Château, la foule applaudit le défilé de groupes folkloriques, vêtus de costumes traditionnels. Le défilé se termine sur une scène où le pipe-band d'Edimbourg joue de la cornemuse.

Date de diffusion :
07 août 1962
Source :
ORTF (Collection: JT 13H )
Lieux :

Éclairage

Avec les années 1920, le monde rural breton apparaît en déliquescence et l'originalité bretonne est de moins en moins perceptible dans la vie quotidienne : abandon du port de l'habit traditionnel chez les jeunes générations qui préfèrent la musique moderne diffusée par la radio et le bal "français" au fest noz traditionnel, recul de l'emploi de la langue bretonne parmi les tranches d'âge scolarisées… Les bouleversements économiques et sociaux, les conflits de génération, le "complexe de Bécassine" conjuguent inexorablement leurs effets pour gommer une part de l'originalité culturelle bretonne, désormais perçue en termes de retard et de handicap.

Cette fracture est particulièrement visible sur le plan musical. Toute la tradition musicale bretonne - et sa représentation symbolique : le couple biniou-bombarde - riche de sa spécificité, est alors en voie de disparition. Dans les années 1920 par exemple, une dizaine de musiciens traditionnels seulement étaient encore en activité. C'est dans ce contexte particulièrement difficile pour le mouvement culturel breton qu'une première tentative de regroupement de sonneurs s'opère : la K.A.V. (Kenvreuriezh ar Viniaouerien) créée en 1932, par Hervé Le Menn, dans le milieu breton de Paris. Cependant, c'est au cours du Congrès de l'Institut celtique de Bretagne en 1943, que la première et véritable société de sonneurs est née sous le nom de Bodadeg ar Sonerion, (B.A.S), qui, en breton, signifie "Assemblée des sonneurs". Le 23 mai 1943, Bodadeg ar Sonerion donne sa première "représentation" dans la cour du Parlement à Rennes. Ses membres-fondateurs sont au nombre de six. Les "six mousquetaires" selon les mots de Per Jakez Helias : Dorig Le Voyer, Efflam Kuven, Robert Marie, Iffig Hamon, René Tanguy et Polig Monjarret. Seule la guerre retardera la naissance officielle de la nouvelle association bretonne dont les statuts ne seront déposés, à la préfecture de Rennes, qu'en 1946.

Pour beaucoup de détracteurs, ce nouveau combat semble perdu d'avance, tant il va à contre-courant des préoccupations de l'époque. Mais une idée géniale va venir donner un coup de fouet au projet. L'armée britannique, après deux siècles de colonisation et deux guerres mondiales, a véhiculé dans le monde entier l'image et la musique des Pipe-Bands écossais. Une image qui impressionne beaucoup les jeunes sonneurs bretons. Plusieurs tentatives sont faites, notamment dans le milieu militaire, pour réunir des sonneurs en formation de défilé, mais dans un premier temps sans lendemain. C'est finalement Polig Monjarret qui crée le premier bagad à Carhaix en 1948. Il prend immédiatement la forme qu'on lui connaît encore aujourd'hui, celle d'un ensemble musical composé de trois pupitres : bombardes, biniou braz (progressivement remplacé par la cornemuse écossaise) et une section rythmique. Le sol breton se couvre très vite de nouveaux bagadoù.

En 1953, pour fêter les 10 ans de la B.A.S., un festival international de cornemuses se déroule à Brest. Il sera reconduit chaque année jusqu'en 1970. Les élus de Brest de l'époque ne croyant plus en l'avenir de la culture bretonne annulent toutes les subventions et finalement cette fête internationale des cornemuses est venue s'implanter à Lorient pour l'édition 1971. L'année suivante, sous l'impulsion du nouveau responsable musical (Jean-Pierre Pichard) et avec un nouveau concept insistant sur la parenté des Bretons avec les autres peuples de langue celtique, les fêtes internationales des cornemuses de Lorient deviennent les fêtes interceltiques de Lorient.

Ainsi le festival, tel qu'il est aujourd'hui, a de fait véritablement commencé en 1972. En fin de compte, ce courant s'inscrit dans un mouvement plus large de redécouverte du patrimoine qui concerne toute la France. Cependant en Bretagne, à travers la musique et les formes d'expression artistique notamment, il prend une vigueur particulière et une plus grande envergure comme en témoigne par exemple le pari réussi du festival interceltique de Lorient, qui réunit, tous les ans, pas moins de 650 000 spectateurs.

Fabien Lostec

Transcription

Etudiant en droit brestois
MUSIQUE