Tarquimpol, site archéologique majeur en Moselle
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Situé dans le pays du Saulnois, Tarquimpol est un des sites majeurs de l’archéologie mosellane. Des fouilles menées de manière discontinue depuis le XIXe siècle ainsi que des prospections géophysiques et aériennes ont permis d’identifier plusieurs bâtiments d’importance (théâtre, thermes publics, sanctuaire, rempart…). Ces vestiges permettent d’éclairer l’histoire de la région dans l’Antiquité.
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Date de publication du document :
11 mai 2021
Date de diffusion :
08 août 2002
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Contexte historique
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Tarquimpol est aujourd’hui un paisible petit village de 70 habitants, situé sur une presqu’île de l’étang de Lindre. Durant l’époque gallo-romaine, le lieu se nomme Decempagi. Situé dans la province de la Gaule Belgique, il possédait un temple et un des plus grands amphithéâtres de Gaule, pouvant contenir environ 10 000 personnes, témoignant de la romanisation de la région.
La présence d’un grand sanctuaire et d’un véritable centre urbain et administratif à cet endroit s’explique par la présence du sel : en effet, le sel constituait une richesse économique essentielle : Decempagi, qui s’étendait sur 45 hectares et qui abritait un amphithéâtre de 125 mètres de diamètre, constituait selon les archéologues un lieu de passage essentiel pour son commerce sur la voie romaine reliant Metz (Mediomatricoru) et Strasbourg (Argentoratum). Decempagi aurait donc constitué un centre urbanisé plutôt prospère, les archéologues ont découvert des indices architecturaux suggérant le faste de l’endroit : des fragments de colonnes, de chapiteaux et de corniches en pierre visibles notamment au musée du Pays de Sarrebourg se révèlent en effet particulièrement imposants.
La localité a été détruite vers 250 lors des invasions barbares. Le site est réoccupé vers le milieu du IVe siècle. En Juillet 356, les Alamans attaquèrent par surprise Julien, le futur empereur romain : c’est la bataille de Tarquimpol. Les Alamans sont repoussés hors de Gaule en 357. La cité est démolie au Ve siècle, puis les Germains s’y installent durant la période mérovingienne, utilisant les matériaux antiques pour bâtir leur village, appelé Teichenphul. La voie romaine cesse d’être entretenue à cette période ; or le bourg en dépendait entièrement pour exporter le sel, ne disposant pas de voie navigable. C’est pourquoi Marsal, Moyenvic et Vic-sur-Seille qui présentaient cet avantage, prennent plus d’importance à l'époque mérovingienne.
Le site fait l’objet de multiples campagnes de recherche depuis le XIXe siècle. Plusieurs campagnes de fouilles sont notamment réalisées à partir des années 1950. Les travaux consistaient d’abord en des fouilles de sauvetage à l'occasion de travaux, puis des prospections aériennes et géophysiques ont été entreprises pour mieux comprendre le plan du site. Une partie du site antique se trouve aujourd'hui sous les eaux de l'étang de Lindre : en 1976, des fouilles réalisées lorsque l’étang était à sec ont révélé plusieurs lieux d'occupation gallo-romaine, dont une tuilerie, une forge et un vaste ensemble de type résidentiel. En 1981, une photo aérienne dévoile un théâtre au sommet de la presqu'île. La cavea, les gradins, l'orchestre et le mur de scène sont bien visibles. La présence d’un bâtiment plus ancien à l’ouest laisse alors supposer que Decempagi était un lieu de passage majeur durant l’Antiquité, peut-être un lieu de pèlerinage important dédié à une divinité de l’eau, compte-tenu de la forte présence de l’eau dans ce secteur (sources, marécages ou ruisseaux). L’étang de Lindre est une création médiévale, il n’existe cependant pas encore à cette période.
Le reportage évoque des fouilles entreprises en 2002. Laurent Olivier, conservateur au Musée des Antiquités Nationales à Paris dirige alors des recherches sur la production du sel dans la vallée de la Seille. Ces fouilles ont alors pour but de trouver des informations sur l’exploitation du sel sur le site.
En 2008 les professeurs Michael McCormick (université de Harvard) et Joachim Henning (université de Francfort), entreprennent de nouvelles recherches en collaboration avec l’INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives). Un ballon captif doté d’un appareil photographique et un drone prennent des photos à la verticale. Des magnétomètres repèrent les variations magnétiques du sous-sol, et donc d’éventuels vestiges encore enfouis. Cela a permis de découvrir des vestiges d’occupation antique.
Ces deux archéologues, s’interrogeant sur les raisons de la fin de Decempagi, espéraient y trouver les raisons de la chute de l’Empire romain. En effet la construction d’une enceinte au IVe siècle suggère que la ville ait voulu « se mettre à l’abri » alors que la Gaule connaissait une période d’insécurité. Cependant, malgré toutes ces recherches, le site ne semble pas avoir encore livré tous ses mystères : peu de constructions ont été dégagées car le projet nécessite des financements et un investissement en temps importants.
Éclairage média
Par
La journaliste en plateau évoque « un ambitieux chantier » : en effet, les recherches devaient durer une dizaine d’années. Le reportage a pour but de faire le point sur le chantier au bout d’un an de recherches. Le reportage nous montre des archéologues au travail dans une posture peu habituelle : la douzaine de chercheurs n’effectuent en effet aucune fouille « traditionnelle » : ils ne creusent pas le sol. Des techniques nouvelles sont utilisées, à l’exemple du gradiomètre présenté dans le reportage, qui mesure les variations de champ magnétique et permet ainsi de détecter les structures archéologiques. Les relevés ont pour but de planifier des fouilles ciblées dans le cadre de la recherche sur la production de sel. Sont présents en effet sur place une équipe du Musées des Antiquités nationales, qui analyse les résultats obtenus par la prospection magnétique à l’aide d’ordinateurs. Cette recherche à Tarquimpol s’inscrit dans un projet plus large entrepris entre 2001 et 2017 : un programme de recherches pluridisciplinaires sur le site du « Briquetage de la Seille », sous la direction de Laurent Olivier, conservateur au Musée des Antiquités nationales.
Le journaliste nous indique que les résultats ont permis de révéler une exploitation quasi-industrielle du sel, mais rien n’est dit sur la forme de cette exploitation et sur les vestiges retrouvés pour affirmer cela. Laurent Olivier insiste cependant sur la fonction stratégique que possédait le sel à cette époque, ce qui expliquerait l’importance de la ville à l’époque gallo-romaine. Selon le journaliste, les fouilles proprement dites devaient commencer en 2003, mais ce ne fut pas le cas. En dépit du potentiel scientifique local, Tarquimpol ne semble pas entrer dès lors dans les problématiques de recherches des universitaires. Cependant, un projet de « maison des étangs » doit prochainement voir le jour dans le village et doit contribuer à la mise en valeur du passé archéologique du site. Par ailleurs, l’endroit doit faire l’objet de nouvelles fouilles très prochainement, qui ont pour but de préciser la chronologie et la nature de l’occupation du site.
Transcription
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