Géophysique et archéologie à Augusta Raurica (Suisse)
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Résumé
Sur le site archéologique d’Augst en Suisse en 2018, une équipe internationale de chercheurs s’efforce de mieux cerner l’étendue et l’organisation de la cité à l’époque romaine grâce aux méthodes géophysiques, et ce sans pelle ni pioche...
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Date de publication du document :
08 déc. 2021
Date de diffusion :
13 août 2018
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Éclairage
Contexte historique
ParProfesseur agrégée d’histoire-géographie au Gymnase Jean Sturm à Strasbourg
À l'été 2018, deux méthodes de prospection géophysique ont été utilisées sur le site romain d’Augusta Raurica en Suisse : le magnétisme et le radar. Empruntées à la géologie et à la prospection minière et pétrolière après la Première Guerre mondiale, elles se développent en France à partir des années 60. Elles relèvent plus largement des SIG ou Systèmes d’Information Géographique et forment en archéologie un champ de recherche à part entière, l’archéo-géophysique. Aujourd’hui très employées, notamment en France par l’INRAP, elles permettent avant tout de voir le sol sans avoir à « l’ouvrir », un peu comme pour l’imagerie médicale. La première de ces méthodes, la magnétique, consiste à repérer les variations du champ magnétique terrestre indiquant la présence d’une structure archéologique qu’il convient ensuite d’identifier. C’est une prospection passive, contrairement à la deuxième méthode, celle du radar, car l'appareil, le magnétomètre, n'émet pas d'impulsion et ne mesure que le champ magnétique existant. La seconde, le radar, consiste à enregistrer les échos reçus suite à l’émission d’ondes haute fréquence.
Ces techniques sont devenues, depuis une vingtaine d’années, indispensables dans l’archéologie programmée telle qu’à Augusta Raurica. Elles permettent de couvrir de grandes surfaces en très peu de temps et donc d’élargir la compréhension d’un site bien au-delà des limites du secteur fouillé et d’avoir une vision d’ensemble. Ainsi, il devient possible de précisément délimiter le périmètre d’occupation, de comprendre son organisation interne (essentiel pour l’urbanisme antique comme ici) et de déterminer les zones stratégiques à fouiller prioritairement. Idéalement elles doivent être combinées, si les conditions le permettent, à l’étude de la documentation ancienne, des archives ou encore à d’autres type de prospection (pédestre, mécanique, aérienne…) et surtout à la fouille elle-même qui reste indispensable. Dans d’autres cas, elles peuvent aussi permettre de détecter un site pour la première fois.
Cependant elles sont difficilement utilisables dans un contexte urbain marqué par un millefeuille stratigraphique qui perturbe le champ magnétique et restent peu exploitables sur les surfaces gigantesques et pour les zones où le relief est marqué ou le couvert forestier dense. Dans ces cas-là on utilise plutôt la prospection aérienne et surtout la télédétection au laser ou LiDAR (Light detection and ranging) : il s’agit d’effectuer un balayage du sol à partir d’un distancemètre laser. Développée dans un contexte militaire, utilisée en archéologie depuis les années 2000, elle constitue actuellement une véritable révolution, notamment pour les sites précolombiens au Mexique dissimulés sous la canopée ou pour un sanctuaire comme Angkor dans la jungle cambodgienne.
Éclairage média
ParProfesseur agrégée d’histoire-géographie au Gymnase Jean Sturm à Strasbourg
Le reportage, tourné in situ à Augusta Raurica, se centre avant tout sur les techniques géophysiques appliquées au site. Il montre les instruments utilisés, le magnétomètre et le radar et donne la parole aux chercheurs qui recueillent les données. Deux universités, l’une allemande, celle de Bamberg avec Till F. Sonnemann et l’autre tchèque, celle de Brno avec Peter Milo participent à ce projet piloté par Urs Rosemann. Cette coopération internationale, ils l’espèrent, devrait aboutir à une cartographie que d’autres pourraient ensuite exploiter. Perçues longtemps comme divinatoires par les archéologues, les informations collectées par le géophysicien n’ont finalement de sens qu’une fois interprétées notamment par l’archéologue, une dimension collaborative essentielle à peine évoquée par la vidéo. Les intervenants, des archéo-géophysiciens (le commentateur parle d’«archéologue » au sens très large alors que la spécialité tend à s’autonomiser en se professionnalisant) prennent ici la parole pour défendre avec conviction l’intérêt scientifique des méthodes qu’ils emploient. L’un d’entre eux valorise plus particulièrement l’usage du radar qui permet d'obtenir des résultats tridimensionnels avec une excellente résolution, des avantages majeurs par rapport au magnétisme. La profondeur de pénétration, selon la nature du sol, peut aller jusqu'à plusieurs mètres
Le commentateur vient d’ailleurs rappeler que les méthodes d’imagerie du sous-sol, en particulier pour l’archéologie, ont beaucoup évolué depuis une vingtaine d’années. Grâce à elles on peut couvrir les surfaces plus rapidement, avec aussi bien une meilleure résolution et ce pour des coûts qui se réduisent. Cette évolution est à mettre en relation avec les progrès de l’électronique et de l’informatique, mais aussi avec de nouvelles mises en œuvre motorisées. On atteint ainsi des capacités de prospection de 3 à 15 ha/jour selon les méthodes employées et la configuration du terrain.
Le reportage, tourné au début de la mission scientifique qui devait durer dix jours, ne dit pas quels résultats ont pu être obtenus. Toujours est-il que la prospection géophysique a repris en 2019, l’année suivante. Elle devrait permettre, une fois les données traitées, de délimiter cette cité que la caméra met en évidence en s’attardant sur les vestiges du théâtre et la maquette en bronze, images qui ne sont à aucun moment contextualisées. On devine des temples, des rues, l’amphithéâtre, le forum… Ceci vient rappeler qu’Augusta Raurica a été fondée par les Romains (donc pas au XVe s. avant JC comme l’annonce la présentatrice au moment du lancement).
Avant la conquête la région de Bâle, où se situe Augst, était peuplée par les Rauraques, une tribu celtique. Vers 44 av. J.-C., Lucius Munatius Plancus, gouverneur des Gaules, y a fondé une colonie, la Colonia Raurica, pour contrôler les voies commerciales et le trafic des marchandises et faire face aux invasions. C’est seulement sous l’empereur Auguste, vers 15 av. J.-C., que les travaux commencent avec la ville et le camp militaire au bord du Rhin. À partir de 50 ap. J.-C., avec le déplacement de la frontière et la pacification de la région, la ville change et Le camp militaire laisse place à des quartiers d’habitation, d’artisanat et de commerce. A la fin du IIe siècle, avec le recul des frontières, la ville connaît une phase de déclin et reprend son rôle de camp militaire. La ville à son apogée abritait environ 15 000 habitants, principalement des Rauraques qui adoptent le système romain, sa culture, mais aussi des vétérans et des pérégrins. Un site emblématique et important donc. Dommage que le reportage en dise si peu…
Transcription
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