Nouvelles découvertes à Koenigshoffen : Strasbourg révèle son passé romain
Infos
Résumé
Découverte archéologique exceptionnelle en 2015 à Koenigshoffen (quartier ouest de Strasbourg) de quatre étonnantes sculptures. L’occasion de revenir sur l’implantation romaine à Strasbourg et sur les pratiques funéraires dans l’Antiquité.
Langue :
Date de publication du document :
08 déc. 2021
Date de diffusion :
11 juin 2015
Éclairage
Informations et crédits
- Type de média :
- Type du document :
- Collection :
- Source :
- Référence :
- 00054
Catégories
Niveaux - disciplines
Thèmes
Personnalités
Éclairage
Éclairage
Contexte historique
ParProfesseur agrégée d’histoire-géographie au Gymnase Jean Sturm à Strasbourg
Le passé antique de Koenigshoffen, faubourg ouest de la ville de Strasbourg, a d’abord resurgi lors des travaux de fortifications au XVIe s. A partir de la deuxième moitié du XIXe s. le quartier se développe et s’urbanise avec l’industrie brassicole. C’est d’ores et déjà l’occasion de recherches archéologiques et de découvertes importantes. Dans les années 1970 au moment de l’extension de Strasbourg vers l’ouest, des fouilles de sauvetage, parfois trop rapides, sont menées préalablement à la construction de grands ensembles immobiliers. Les opérations d’archéologie préventive, qui consiste à détecter et à sauvegarder les éléments du patrimoine archéologique susceptibles d'être affectés et détruits par les travaux d'aménagement, se multiplient dans les années 1990-2000. Depuis, la loi de 2001 sur l’archéologie préventive a entraîné l’établissement de zonages de présomption. Ainsi Koenigshoffen a été jugé quartier sensible : désormais tous les permis de construire et d’aménagement doivent être transmis pour avis à la DRAC, plus précisément au SRA (Service de Recherche Archéologique). L’ensemble de ces travaux a permis de comprendre l’organisation du quartier et son évolution durant les quatre siècles de présence romaine en Alsace.
La dernière campagne de recherches archéologiques, qu’évoque le reportage, a eu lieu en 2014-2015, avant la construction d’immeubles d’habitation et de commerce dans le secteurs clé de la « Porte des Romains ». Les fouilles du 8 au 20 route des Romains se sont déroulées sur une vaste superficie de 7500 m2. Les archéologues y ont mis au jour une des parties de la nécropole romaine, une succession de monuments funéraires en bordure de l’axe antique ainsi que les vestiges d’un habitat à partir du IIe s. ap. J.-C. Durant le Haut-Empire, au Ier s. ap. J.-C., Koenigshoffen constituait un vicus en relation avec le camp de la IIe puis de la VIIIe légion situé dans le centre historique de Strasbourg. D’ailleurs les monuments funéraires de Koenigshoffen ont été érigés principalement pour des soldats et des vétérans.
Cette fouille, outre son intérêt scientifique, a remporté un vaste succès populaire. L’opérateur archéologique, le PAIR (Pôle Archéologique Interdépartemental Rhénan) devenu Archéologie Alsace en 2016 a organisé à la demande de l’aménageur, la Ville de Strasbourg, des conférences, des projets pédagogiques avec les établissements scolaires de proximité ainsi que des portes ouvertes qui ont accueilli 2500 personnes comme le samedi 20 juin à l’occasion des JNA (Journées Nationales de l’Archéologie) dont parle le reportage.
Éclairage média
ParProfesseur agrégée d’histoire-géographie au Gymnase Jean Sturm à Strasbourg
Le journaliste lance le sujet par le plus spectaculaire, une découverte alors particulièrement médiatisée, quatre sculptures présentées en gros plan. Ces statues en ronde-bosse, assez complètes et très bien conservées, ont été réalisées en grès gris, un matériau local. Les deux sphinges, êtres hybrides d’environ 60 cm de haut ici, associent l’arrière train d’une lionne et l’avant d’une femme. Pascal Flotté, archéologue responsable de l’opération pour le PAIR, propose une contextualisation pour ces œuvres. Ces créatures fabuleuses, dont il manque les ailes, devaient protéger les tombeaux en compagnie des deux lions triomphant la gueule ouverte debout autour d’un bélier mort, selon une iconographie funéraire classique, bien attestée dans le monde grec et romain
Leur homogénéité stylistique et technique montrent qu’elles appartenaient à un même mausolée du début du Ier siècle ap. J.-C. Découvertes dans le remplissage d’une fosse datée du IIe s. ap. JC, elles témoignent du démantèlement des monuments funéraires les plus importants situés le long de l’axe antique. Quelques plans larges viennent situer la bien nommée route des Romains qui aboutissait au camp légionnaire, le cœur historique de Strasbourg, appelée alors Argentorate. Ils montrent ensuite les experts au travail, parmi eux l’anthropologue Amélie Pélissier qui nous explique que les tombes à l’époque gallo-romaine étaient installées à proximité des vivants le long des voies mais pas directement à l’intérieur de la cité. Pour illustrer ce propos, la caméra s’attarde sur une restitution des élévations des édifices, plus ou moins imposants et décorés, qui venaient border la route.
Puis elle accompagne le déplacement précautionneux des sculptures et présente la salle qui doit les accueillir, une fois étudiées et restaurées, au Musée archéologique de Strasbourg. Ainsi que le montrent les derniers plans, cet espace abrite déjà, une des architectures les plus impressionnantes découvertes à Koenigshoffen, le mausolée familial des Valerius Rufus, qui ont vécu à Argentorate dans la première moitié du Ier siècle après J.-C. comme le précise l’inscription gravée sur le socle du monument. En calcaire blanc, proche du marbre par son aspect, cet édicule sur podium appartient à un type bien attesté en Italie du Nord à l’époque tardo-républicaine et diffusé dans l’aire rhénane (Cologne, Trèves, Brumath…). Les Valerius Rufus n’attendent plus que le fabuleux bestiaire de Koenigshoffen…
Transcription
Sur les mêmes niveaux - disciplines
Date de la vidéo: 07 déc. 1971
Durée de la vidéo: 04M 49S
Les défis du développement industriel en Alsace au début des années 1970
Date de la vidéo: 03 avr. 2004
Durée de la vidéo: 07M 27S
Natura 2000 : protéger la nature, valoriser les territoires
Date de la vidéo: 22 août 2014
Durée de la vidéo: 02M 51S
Metz et ses espérances pour un classement sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco
Date de la vidéo: 13 août 2018
Durée de la vidéo: 02M 11S
Géophysique et archéologie à Augusta Raurica (Suisse)
Date de la vidéo: 03 mai 2014
Durée de la vidéo: 01M 32S
Les députés européens : profils sociologiques.
Date de la vidéo: 14 juin 2018
Durée de la vidéo: 03M 24S
Beatus Rhenanus : la bibliothèque d’un humaniste alsacien
Sur les mêmes thèmes
Date de la vidéo: 13 août 2018
Durée de la vidéo: 02M 11S
Géophysique et archéologie à Augusta Raurica (Suisse)
Date de la vidéo: 13 août 2018
Durée de la vidéo: 02M 11S
Géophysique et archéologie à Augusta Raurica (Suisse)
Date de la vidéo: 08 août 2002
Durée de la vidéo: 02M 17S