Journée d'étude sur la langue Picarde à Maroeuil
Notice
Des universitaires se penchent sur la langue Picarde à travers une journée d'étude "Chti qu'i pinse" à Marœuil. Gilles Cocquempot qui est un des organisateurs, explique qu'il y a des dialectes comme partout, mais le plus important est de mener une réflexion sur l'espace régional à travers la langue. Les participants ont pu entre autres assister à un cours d'André Lévèque ou à un concert de chansons picardes.
Éclairage
Ce reportage est consacré à une journée d'étude extraordinaire qui s'est tenue en 1978 dans le Pas-de-Calais, plus précisément dans la ville de Marœuil. Organisée par la Fédération Chti qu'i Pinse - représentée par André Lévèque, Gilles Cocquempot et Alain Dawson, laquelle constitue la première tentative de regroupement des associations picardisantes, cette réunion à laquelle de nombreux professeurs, journalistes, sociologues ou encore architectes de plusieurs régions et de plusieurs nationalités ont pris part, avait pour finalité de questionner la situation des langues régionales de France, variétés de moins en moins pratiquées par les jeunes générations.
Concevant les langues comme des vecteurs essentiels qui permettent de découvrir toute les facettes de la richesse du patrimoine culturel d'une région, les participants - au rang desquels se trouvent des acteurs aussi influents que le linguiste et chroniqueur Alain Dawson, l'universitaire Jean-Michel Eloy, ou encore les responsables de Ch'Lanchron que sont Jean-Luc Vigneux et Jacques Dulphy - ont échangé sur l'histoire de ces langues régionales et sur la déclinaison considérable que ces dernières ont connue depuis un siècle au profit de la langue française. Ainsi, alors qu'au XIXe siècle la grande majorité des habitants de Picardie s'exprimaient dans leur variété linguistique régionale, un siècle plus tard, cette langue est stigmatisée comme appartenant aux couches les plus défavorisées de la population ou au mieux mise en scène dans des activités d'ordre culturel (littérature, théâtre, etc.).
Ce vaste rassemblement de spécialistes de la langue picarde visait donc à mener une réflexion nouvelle sur l'espace régional picard en repositionnant la maîtrise de la langue comme un moyen de promotion et de défense du patrimoine culturel.
Ainsi qu'en témoigne l'importance actuelle du tissu associatif militant sur l'ensemble de l'aire linguistique picarde – aire qui, rappelons-le, s'étend depuis le Hainaut belge jusqu'au fond de l'Aisne – les graines semées par les protagonistes de cette réunion ont réussi à germer par la suite. Plusieurs acteurs institutionnels (Conseil régional de Picardie, Agence pour le picard, Centre d'Études Picardes) et associatifs ( Ch'Lanchron ,Ozyvo , Achteure, Tertous, etc.) s'attachent encore et toujours à défendre et promouvoir la langue et la culture picardes.
Aujourd'hui comme hier, l'attachement de la région Picardie à ses valeurs, à son identité et à son patrimoine, a toujours été manifeste.