Création de l'agence de langue Picarde

19 mai 2008
03m 10s
Réf. 00014

Notice

Résumé :

Les picardisants prennent en main la promotion de la langue Picarde. L'OCPR, (Office culturel régional de Picardie) dépendant du conseil régional, est remplacé par une structure indépendante, l'Agence pour le picard. Ce reportage fait un bilan de la vivacité du picard. Les éditions en picard comme les Tintin et les Astérix ont rencontré de vrais succès de librairie. A Abbeville, ils sont plusieurs à se réunir toutes les semaines pour échanger des textes. Bertrand Cuvelier, président de l'Agence, rappelle que le picard était une langue de culture, pratiquée par les universitaires au Moyen Age à Paris. L'Agence a en charge à développer les initiatives comme le festival Chés Wèpes ou encore l'enseignement. Olivier Engelaere espère que la valorisation de la langue permettra de déculpabiliser ceux qui la pratiquent.

Date de diffusion :
19 mai 2008
Source :

Éclairage

Créé en 1987 par le Conseil Régional de Picardie, l'Office Culturel Régional de Picardie (OCRP) s'est occupé pendant toute son existence de la vie culturelle de la région, en assurant notamment sa promotion à l'extérieur. À travers cet office, la région Picardie a développé depuis 1993 une politique culturelle en faveur de la culture et de la langue picardes. Cette politique favorable s'est manifestée tout d'abord par la création d'un département "Culture Picarde" avant de prendre les traits en 2000 d'une "Agence régionale du patrimoine, de la langue et de la culture de Picardie" et enfin de devenir en 2005 un département "Langue et Culture de Picardie".

La disparition de l'Office Culturel Régional de Picardie en 2008 a entraîné la création d'une structure associative héritant des missions, des projets et des moyens humains et financiers du département langue et culture picarde : l'Agince pour ech picard (Agence pour le picard). L'assemblée générale constitutive de l'agence s'est tenue le 26 avril 2008 dans les locaux mêmes de l'Office Culturel Régional de Picardie, illustrant ainsi la filiation très forte entre cette nouvelle agence et les entités précédentes. D'abord dirigé par Bertrand Cuvelier, l'agence est depuis placé sous la direction d'Olivier Engelaere, fervent défenseur de la promotion de la langue picarde non pas seulement comme langue patrimoine d'un passé prestigieux, mais aussi comme langue d'avenir, puisque variété linguistique support de créations littéraires et artistiques.

Assurant la promotion de l'usage de la langue picarde dans tous les secteurs de la société, l'Agence pour le picard conduit de nombreuses missions autour du soutien, de la sauvegarde et de la promotion de la langue et de la culture picardes. Elle apporte ainsi son soutien à différentes initiatives pédagogiques, artistiques, littéraires et culturelles.

Parmi les nombreuses activités de l'association, mentionnons l'organisation régulière du festival picard Chés Wèpes et de cycles de conférences sur la langue, la littérature ou la culture picardes. L'Agence pour le picard s'investit aussi tout particulièrement pour la pratique de la langue en organisant un "Concours du picard au collège", un "Prix de la littérature en picard". L'association propose de nombreuses autres activités et joue ainsi un rôle essentiel au sein de la région – mais également dans l'ensemble du territoire linguistique picard - pour répondre aux attentes fortes d'une population très attachée à sa "picarditude".

Christophe Rey

Transcription

Sylvain Rouil
Une agence pour le picard va bientôt voir le jour. Elle aura en charge la promotion de la langue et la culture qui en découlent. Jusqu'alors, c’est le conseil régional qui jouait de rôle à travers l’OCRP, l’Office Culturel Régional de Picardie. La Région se retire mais subventionnera toujours la nouvelle structure. Alors bonne ou mauvaise nouvelle ? L’avenir le dira. Une chose est sûre : le picard suscite de plus en plus d’intérêt. La preuve en image avec Sabine et Bernard Godard.
Jacques Dulphy
Déchinds d'lo si t'es t-un honme! -D'quoé ?! - Tchèche qui braille ? Ch'est ch'lin bléyeuse lo qu'al o prins m'plache !
Godard§Sabine
Souvenons-nous. C’était il y a moins de quatre ans. Les étonnants succès de librairie de la traduction d’Astérix en picard. 100 000 exemplaires vendus en moins de cinq mois, bien loin devant les éditions en corse ou en breton. Les librairies en étaient même dévalisées. Ensuite, il y a eu les traductions demandées par les éditions Hergé de deux Tintin en picard. Même succès. La langue picarde, d’ordinaire si discrète, se montrait alors terriblement populaire.
Inconnu 2
On était de plus en plus de monde alors…
Godard§Sabine
Une fois par mois, le mercredi après-midi, à Abbeville, il se retrouvent à 20 ou 30 pour se lire les uns aux autres les textes en picard qu’ils ont écrits. Des chansons, des récits, drôles ou piquants. Là, l’histoire d’un Parisien à l’accent pointu venu pour un dimanche en Picardie.
Inconnu 3
On ne comprend pas. Vous êtes si près de la mer et vous n’y allez jamais. L’air de la mer, ça donne bonne mine ! Il n’y a rien de meilleur pour se refaire la cerise !
Inconnu 4
Acoutez les nos fouère la ch'riss ! il y a longtemps qu'el est bien rouges nos ch'riss
Godard§Sabine
C’est cette langue-là, tout à la fois moderne et ancienne, vivante et vitale, que la toute nouvelle agence pour les picards souhaite défendre avec, à sa tête Bertrand Cuvelier, de métier principal adjoint d’un collège amiénois et de coeur picardisant.
Cuvelier§Bertrand
Il faut se souvenir qu’au Moyen Âge, la langue picarde était une langue culturelle, une langue littéraire et une langue parlée dans les universités, à la Sorbonne, à Paris, à Orléans, à Bologne en Italie, on parlait picard. Il y avait une nation picarde.
Godard§Sabine
Ce qui a changé, c’est que jusqu'à présent, la promotion et la mise en valeur de la langue picarde étaient menées par l’OCRP, un service interne du conseil régional. Et puis la Région a souhaité se désengager et a demandé aux picardisants de créer leur propre agence tout en promettant de maintenir des financements équivalents. Nécessaire comme le grand rendez-vous comme le festival Chés Wèpes ou pour mettre en route d’autres grands projets.
Engelaere§Olivier
C’est l’enseignement. Ça, c’est évident qu’entendre du picard à l’école, ce n’est plus tout à fait pareil. C'est-à-dire ça déculpabilise les gens. Si le maître d’école, l’instituteur, le professeur, parle picard, eh bien, c’est que c’est quelque chose de valorisant, c’est quelque chose qui peut même participer à la réussite sociale. Alors qu’aujourd'hui, le picard a toujours été vécu comme un obstacle à la réussite sociale. Donc ça, c’est quelque chose qu’il faudrait réussir à changer et que je pense est changeable. D’autres régions de France l’ont bien compris.
Godard§Sabine
Associations, groupes d’écriture, chanteurs, musiciens ou conteurs, tous les picardisants réunis aujourd'hui au sein de l’agence espèrent que ce changement de statut ne se transformera pas en désengagement de la Région.