Le tir à l'arc : la chasse
Notice
Reportage sur une épreuve du tir à l'arc : le tir en campagne. Dans cette discipline, on distingue le field et "la chasse"; cette dernière, au moment du reportage, vient d'être introduite en France. On tire sur des cibles représentant des animaux sur des distances plus courtes qu'au field. Un archer en explique les principes et les règles. C'est avant tout un sport de tir pratiqué en pleine nature.
Éclairage
Le monde du tir à l'arc picard connaît de profondes transformations au cours des années 1970. Les Compagnies d'arc locales imposaient jusque là leurs propres visions de la discipline, conférant notamment une place centrale aux pratiques traditionnelles comme le tir "Beursault" ou le"tir à l'oiseau". Or, ces formes de tir, ancrées dans la culture locale, sont désormais concurrencées par de nouvelles modalités de pratique .
D'un côté, le tir à l'arc sportif, également dénommé "tir FITA" (en référence à la Fédération Internationale de Tir à l'Arc, qui supervise son organisation), gagne du terrain.
D'un autre côté, les Compagnies d'arc observent la montée d'une nouvelle activité, le "tir en campagne", qui prend la nature comme cadre d'activité. Le "tir field" en constitue la première modalité: les archers se déplacent par pelotons sur un parcours jalonné de cibles dont la distance peut aller jusqu'à 60m. La seconde modalité, "le tir chasse", se singularise non seulement par ses règles mais aussi par le regard que ses pratiquants posent sur leur activité. Apparue en Picardie au début des années 1970, cette discipline consiste à viser des cibles animalières (comprenant deux zones: "tué" ou "blessé") tout au long d'un parcours naturel au relief souvent accidenté. Sa naissance s'inscrit dans un contexte de valorisation, dans les activités sportives, des "espaces écologiques et ouverts" et d'un certain "esprit plein air". La nature est envisagée en effet comme un moyen de se régénérer physiquement à l'écart de la ville mais aussi de se réconcilier avec soi-même (se retrouver ) et avec autrui (communier avec l'autre). Aussi, les adeptes du "tir chasse" cherchent à reproduire au plus près les conditions réelles de pratique. Par-delà l'effort physique (gage d'une véritable "confrontation" avec la nature), ils s'imposent un faible nombre de flèches par cibles, des séquences de tirs très rapides et très rapprochées, ainsi que, pour certains, l'absence de viseur. Ces tirs "dépouillés", quasi instinctifs, ne sont pas sans liens avec le désir de se rapprocher de la nature en s'adaptant à l'environnement et en composant avec l'incertitude du milieu. Ils transigent en tout état de cause avec les conditions de pratique "artificielles" et statiques qui prédominent dans les disciplines traditionnelles du tir à l'arc. Par ailleurs, en insistant bien sur ce qui les sépare de la chasse traditionnelle (notamment le fait de ne pas utiliser de cibles vivantes), les pratiquants du "tir chasse" entendent bien positionner leur discipline du côté de l'écologie, de l'esthétique, du ressenti. Aussi, pour éviter toutes confusions, cette activité sera renommée quelques années plus tard "tir nature" (ou "tir animal" selon les cas) et contribue à l'essor de modalités connexes comme le "tir 3D" (l'archer tire non pas sur une représentation mais sur la réplique d'un animal). Elle est reconnue à ce jour par deux fédérations internationales (la World Archery Federation ( anciennement FITA) et l'International Field Archery Association) qui, par le biais de leurs ramifications nationales (Fédération Française de Tir à l'Arc d'un côté, Fédération Française de Tir Libre de l'autre), proposent des règlements de compétitions distincts.