Un troisième album d'Astérix traduit en picard
Notice
Rencontre dans le Ponthieu avec deux des traducteurs du troisième album d'Astérix en langue picarde, Jean Luc Vigneux et Jacques Dulphy. Ils expliquent qu'au fur et à mesure des albums, la traduction s'est enrichie, en particulier pour les onomatopées.
Éclairage
La sortie du troisième album d'Astérix en Picard, constitue la meilleure illustration de l'important succès éditorial que connaissent les traductions en langues régionales – et plus particulièrement en picard - de plusieurs bandes dessinées bien connues du grand public.
Parmi les éditeurs de bandes dessinées ayant décidé de relever le pari de traductions dans plusieurs variétés linguistiques de France, les éditions Casterman sont pionnières. Les aventures de Tintin ont en effet été nombreuses à être traduites dans différentes langues régionales : alsacien, bourguignon, breton, catalan, gallo, provençal, vosgien, etc. En ce qui concerne le picard, cinq traductions ont été proposées à ce jour, à savoir Les Pinderleots de l'Castafiore (1980), El' Trésor du Rouche Rackham (2005), El' Sécrét d'la Licorne (2005), Ch'Cailleu d'étoéle (2007) et El Crape as Pinches d'Or (2013). Illustrant la grande variation que connaît la langue picarde sur l'ensemble de son aire linguistique, ces éditions ont été publiées dans différentes variétés (ex : picard du Vimeu-Ponthieu, picard tournaisien, etc.).
Le deuxième grand éditeur de bandes dessinées à se lancer lui aussi dans la traduction en langues régionales est Albert René. Depuis plusieurs années déjà, les lecteurs peuvent ainsi jouir de certaines des aventures d'Astérix en alsacien, en breton, en corse, en créole ou en gallo.
Les traductions en langue picarde sont quant à elles, à ce jour, au nombre de trois, puisqu'aprèsAstérix i rinte à l'école (2004), Ch'village copè in II (2007), l'album Astérix pi Obélix is ont leus ages – Ch'live in dor (2010) – auquel est consacré ce reportage – est le dernier sorti de la série.
Pour cet album, les auteurs des deux premières traductions, Alain Dawson, Jacques Dulphy et Jean-Luc Vigneux, se sont à nouveaux associés pour mettre à profit leur expertise de la langue picarde. L'histoire de ce trente-quatrième album de la bande dessinée réunissant une grande partie des personnages apparus dans l'ensemble de la collection, le travail linguistique des traducteurs a été à la fois difficile et stimulant. Pour ce numéro réalisé en quelques semaines seulement, les trois auteurs se sont ainsi attachés à fournir une traduction représentative de la plupart des pratiques linguistiques en picard, en répartissant notamment soigneusement les variétés en fonction des groupes de personnages. C'est ainsi qu'Astérix et Obélix s'expriment dans un picard du nord (artésien urbain de la région minière, ou "chti "), que les visiteurs belges parlent dans un picard tournaisien et que les romains et autres tribus gauloises communiquent dans une variété de picard du Sud (Amiénois, Ponthieu, Vimeu).
En plus d'assurer une réelle promotion pour la langue picarde, le travail de traduction d'Alain Dawson, de Jacques Dulphy et de Jean-Luc Vigneux constitue peut-être une initiative intéressante pour faire émerger une sorte de "langue commune" picarde.
Références bibliographiques des trois tomes d'Astérix traduits en picard :
- Goscinny René et Uderzo Albert. Astérix i tinte à l'école. Quatore tchots racontages à Astérix. Traduit en picard par Alain Dawson, Jacques Dulphy et Jean-Luc Vigneux. Paris, Les Éditions Albert René, 2004.
- Goscinny René et Uderzo Albert. Ch'village copè in II. Traduit en picard par Alain Dawson, Jacques Dulphyet Jean-Luc Vigneux. Paris, Les Éditions Albert René, 2007.
- Goscinny René et Uderzo Albert. Astérix pi Obélix is ont leus ages. Ch'live in dor. Traduit en picard par Alain Dawson, Jacques Dulphy et Jean-Luc Vigneux. Paris, Les Éditions Albert René, 2009.