La création de la Ligue de Picardie de football

11 septembre 1967
05m 49s
Réf. 00122

Notice

Résumé :

Présentation par son président le docteur O'Bin, de La Ligue de football de Picardie qui a été créée après par une directive du Ministère de la Jeunesse et des Sports ; elle regroupe l'ensemble des clubs des trois départements de Picardie, qui étaient auparavant dans la Ligue du Nord (Somme) et la Ligue du Nord-Est (Aisne et Oise). Avec ses 450 clubs et la mise en place des championnats se posent à la toute jeune Ligue des problèmes d'organisation.

Date de diffusion :
11 septembre 1967
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Éclairage

En 1967, les clubs de football de la Somme, de l'Aisne et de l'Oise, qui étaient jusque-là répartis entre les ligues du Nord et du Nord-Est, sont regroupés au sein de la Ligue de Picardie de football. Forte de 25 000 licenciés et de 450 clubs, cette nouvelle entité devient une ramification de la Fédération Française de Football (FFF). Elle s'attache donc à répondre aux prérogatives administratives et sportives de cette dernière : mise en conformité des statuts, édition de licences fédérales, mise en place de championnats calqués sur le modèle des autres ligues affiliées à la FFF.

La décision de créer une Ligue de Picardie n'émane pourtant ni des instances fédérales du football ni des clubs picards. Elle intervient à la demande expresse du ministère de la Jeunesse et des Sports. Le gouvernement possède en effet, depuis l'ordonnance du 28 août 1945, un droit de regard sur le fonctionnement des fédérations sportives, regroupements qui sont pourtant d'initiative privée. L'enjeu est double pour l'État. Celui-ci cherche d'une part à faire correspondre l'organisation de la FFF avec celle des régions récemment créées. D'autre part, en calquant les contours géographiques de la Ligue de Picardie de football sur celle de l'Académie d'Amiens (créée en 1964), il s'agit d'établir des liens de proximité entre les établissements scolaires et les clubs de football de la région. En effet, dans la vision de Maurice Herzog (haut-commissaire puis secrétaire d'état à la Jeunesse et aux Sports entre 1958 et 1966) mais aussi de son successeur François Missoffe (ministre de la Jeunesse et des Sports de 1966 à 1968), le sport fédéral constitue un moyen d'éducation fort et doit être, en ce sens, intégré au milieu scolaire (dans le cadre des cours d'Éducation Physique et Sportive). L'école doit en outre devenir un lieu de détection des jeunes talents susceptibles d'intégrer ensuite la filière du football fédéral : il convient donc de démocratiser le sport à l'école pour ensuite sélectionner les meilleurs.

Par-delà les enjeux politiques, le regroupement des clubs picards renvoie aussi à des exigences démographiques. La FFF voit ses effectifs croître de façon spectaculaire entre 1958 et 1968, passant de 380 000 licenciés à 60 2000 en l'espace de dix années. Cette situation amène les dirigeants à repenser l'organisation fédérale et notamment à envisager la création de nouvelles entités pour palier à cette contrainte démographique.

En cela, la fondation de la Ligue de Picardie de football est révélatrice à la fois du climat de "sportivisation" de la société française mais aussi de l'interventionnisme étatique initié, au cours des années 1960, par le pouvoir gaulliste dans le domaine du sport.

Sébastien Stumpp

Transcription

(Silence)
Mark O'Bin
Nous avons été poussés par le ministère de la Jeunesse et des Sports pour que cette ligue de football soit à peu près calquée, soit calquée même sur l’académie d’Amiens. Jusqu'ici, le département de la Somme faisait partie de la ligue du nord. Les deux départements de l’Aisne et de l’Oise faisaient partie de la ligue du nord est, à peu près la Champagne. Et nous nous trouvons réunis, là, somme toute comme des orphelins devant nous créer nous-mêmes notre parenté.
Jean-Paul Duquenne
Est-ce que ces clubs qui sont, en fait, vos enfants, maintenant qui ont été appelés à faire partie de cette ligue de Picardie, sont extrêmement nombreux et vous posent des problèmes ?
Mark O'Bin
Eh bien, en gros, nous avons 450 clubs à majorité rurale et nous aurons vraisemblablement 25 000 licenciés, si on fait le compte, des licenciés qui, dans les 3 départements, existaient déjà l’année dernière. Vous pensez bien que la mise en place des championnats aussi bien les plus humbles que ceux qui touchent la division d’honneur, c'est-à-dire l’élite régionale, tout cela nous pose des problèmes qui sont à la fois des problèmes d’organisation sportive et des problèmes d’organisation administrative. Nous sommes, pour l’instant, avec un personnel réduit submergé par la correspondance nécessaire à la mise en place de ces championnats.
Jean-Paul Duquenne
Monsieur [Henrich], vous êtes secrétaire général et ce n’est pas là non plus un poste de tout repos. En-dehors de cela, est-ce qu’il y a eu des problèmes particuliers ? Tout d’abord, depuis quand existe cette ligue de Picardie officiellement, disons ?
Henrich
Officiellement, elle existe depuis le 1er juin, date du dépôt de nos statuts à la préfecture de la Somme. Le journal officiel… la ligue de Picardie est parue au journal officiel du 4 juin également. La fédération, le conseil national de la fédération qui s’est tenu à Rouen a officialisé cette ligue de Picardie le 8 juillet. Or, depuis le 8 juillet, c'est-à-dire depuis environ deux mois, la ligue de Picardie existe sur tous les plans, plan je dirais administratif au point de vue Etat, de l’Etat et ensuite, maintenant, sur le plan fédéral.
Jean-Paul Duquenne
Et sportif puisque dimanche commence le championnat.
Henrich
Et sportif puisque dimanche commence le championnat.
Jean-Paul Duquenne
Justement, à propos du plan sportif de cette création, est-ce que la création d’une ligue telle que celle qui vient de naître apportera quelque chose de nouveau au club des trois départements ?
Mark O'Bin
Eh bien, nous avons voulu, au départ, d’ailleurs, que les trois départements soient mis sur un pied d’égalité.
Jean-Paul Duquenne
C'est-à-dire ?
Mark O'Bin
La Division d’honneur qui était nouvelle, puisque la ligue de Picardie était nouvelle, voit comme compétiteurs 4 clubs de la Somme, 4 clubs de l’Aisne et 4 clubs de l’Oise pour former la poule de Division d’honneur qui comporte 12 clubs. Donc départ à égalité. Nous aurons, parce que dans les années précédentes, il y avait des situations acquises, une division immédiatement au-dessous de la division d’honneur que nous avons appelée division de classement où certains pourront faire preuve d’une valeur qui reste à démontrer. Et enfin, nous avons deux poules de Promotion d’honneur qui rassemblent les clubs qui ont une vocation régionale et pas seulement départementale. L’année prochaine, nous rentrerons dans l’orthodoxie fédérale et nous n’aurons plus qu’une Division d’honneur et deux poules de Promotion ainsi que les règlements généraux le prévoient.
(Silence)