La création de la Ligue de Picardie de football
Notice
Présentation par son président le docteur O'Bin, de La Ligue de football de Picardie qui a été créée après par une directive du Ministère de la Jeunesse et des Sports ; elle regroupe l'ensemble des clubs des trois départements de Picardie, qui étaient auparavant dans la Ligue du Nord (Somme) et la Ligue du Nord-Est (Aisne et Oise). Avec ses 450 clubs et la mise en place des championnats se posent à la toute jeune Ligue des problèmes d'organisation.
Éclairage
En 1967, les clubs de football de la Somme, de l'Aisne et de l'Oise, qui étaient jusque-là répartis entre les ligues du Nord et du Nord-Est, sont regroupés au sein de la Ligue de Picardie de football. Forte de 25 000 licenciés et de 450 clubs, cette nouvelle entité devient une ramification de la Fédération Française de Football (FFF). Elle s'attache donc à répondre aux prérogatives administratives et sportives de cette dernière : mise en conformité des statuts, édition de licences fédérales, mise en place de championnats calqués sur le modèle des autres ligues affiliées à la FFF.
La décision de créer une Ligue de Picardie n'émane pourtant ni des instances fédérales du football ni des clubs picards. Elle intervient à la demande expresse du ministère de la Jeunesse et des Sports. Le gouvernement possède en effet, depuis l'ordonnance du 28 août 1945, un droit de regard sur le fonctionnement des fédérations sportives, regroupements qui sont pourtant d'initiative privée. L'enjeu est double pour l'État. Celui-ci cherche d'une part à faire correspondre l'organisation de la FFF avec celle des régions récemment créées. D'autre part, en calquant les contours géographiques de la Ligue de Picardie de football sur celle de l'Académie d'Amiens (créée en 1964), il s'agit d'établir des liens de proximité entre les établissements scolaires et les clubs de football de la région. En effet, dans la vision de Maurice Herzog (haut-commissaire puis secrétaire d'état à la Jeunesse et aux Sports entre 1958 et 1966) mais aussi de son successeur François Missoffe (ministre de la Jeunesse et des Sports de 1966 à 1968), le sport fédéral constitue un moyen d'éducation fort et doit être, en ce sens, intégré au milieu scolaire (dans le cadre des cours d'Éducation Physique et Sportive). L'école doit en outre devenir un lieu de détection des jeunes talents susceptibles d'intégrer ensuite la filière du football fédéral : il convient donc de démocratiser le sport à l'école pour ensuite sélectionner les meilleurs.
Par-delà les enjeux politiques, le regroupement des clubs picards renvoie aussi à des exigences démographiques. La FFF voit ses effectifs croître de façon spectaculaire entre 1958 et 1968, passant de 380 000 licenciés à 60 2000 en l'espace de dix années. Cette situation amène les dirigeants à repenser l'organisation fédérale et notamment à envisager la création de nouvelles entités pour palier à cette contrainte démographique.
En cela, la fondation de la Ligue de Picardie de football est révélatrice à la fois du climat de "sportivisation" de la société française mais aussi de l'interventionnisme étatique initié, au cours des années 1960, par le pouvoir gaulliste dans le domaine du sport.