La recherche scientifique sur les odeurs à l'université technologique de Compiègne

29 janvier 1994
02m 07s
Réf. 00328

Notice

Résumé :

Pour comprendre le caractère complexe d'une odeur, des recherches sont effectuées au laboratoire de physiologie des arômes de l'université technologique de Compiègne. C'est avec un spectromètre de masse qu'on identifie les composants d'un arôme, on détermine une sorte d'empreinte digitale de chaque composant analysé. Un panel d 'étudiants effectuent des dégustations d'odeurs. Bernard Plumas, enseignant chercheur explique qu'en effet on a pour les aliments une impression gustative et une impression olfactive qui donne la faveur. D'autres tests sont effectués au niveau nasal.

Type de média :
Date de diffusion :
29 janvier 1994
Source :
France 3 (Collection: Témoins )
Personnalité(s) :

Éclairage

Dans la bataille mondiale qui se joue actuellement autour de la compétitivité industrielle, la question de l'implication des universités occupe une place centrale.

En effet, si le renouveau industriel passe nécessairement par la montée en gamme des produits, grâce à l'innovation sous toutes ses formes ainsi que par l'amélioration du niveau de formation et de qualification des salariés, alors l'interaction entre les systèmes productif et universitaire (1) s'avère cruciale.

Les universités sont assurément les lieux par excellence de développement des activités de recherche et d'approfondissement des savoirs. Elles sont donc des partenaires privilégiées des entreprises dans leur quête incessante du perfectionnement, à la condition d'œuvrer au rapprochement de ces deux mondes qui se méconnaissent et se méfient souvent l'un de l'autre.

Cette alliance s'opère déjà, depuis plus de 20 ans, en Picardie, comme en témoigne cet extrait vidéo original de 1994 qui en dévoile une des facettes : les tests olfactifs réalisés au sein de l'Université technologie de Compiègne pour le compte des grands noms de la parfumerie française. Depuis, ce partenariat s'est même renforcé et est appelé à monter davantage en puissance grâce à l'action de l'État et des collectivités territoriales, en particulier celles du conseil régional de Picardie (dans le cadre de ses différentes orientations stratégiques comme, entre autres, le schéma régional de l'enseignement supérieur et de la recherche ou plus récemment, avec la stratégie de spécialisation intelligente, dite "S3").

Car au-delà de leur vocation première en matière d'enseignement et de recherche, les universités ont aussi un rôle majeur à jouer en matière d'accompagnement du développement économique et social de leur territoire d'ancrage: c'est leur " troisième mission" telle que la conçoivent des chercheurs en sciences sociales comme Loet Leydesdorff et Henry Etzkowitz. Après les première et seconde révolutions industrielles, le nouveau régime de croissance - que l'essayiste américain Jeremy Rifkin qualifie de "troisième révolution industrielle", celle de l'association des énergies renouvelables et des technologies de l'information et de la communication - ne se déploiera pleinement que grâce à "l'économie de la connaissance", le savoir et la créativité. Autant d'atouts que les universités peuvent et doivent aider à promouvoir localement.

Le renforcement du système universitaire est donc un impératif de toute stratégie de développement territorial, et ce d'autant plus que les retombées locales, à court terme comme à long terme, peuvent être nombreux.

On sait, en effet, que parmi les critères de localisation des entreprises, la présence d'universités dynamiques sur le plan de la recherche et de l'enseignement contribue à accroître l'attractivité d'un territoire vis-à-vis des entreprises innovantes et/ou à la recherche d'une main d'œuvre qualifiée. Les salariés de ces entreprises y voient aussi un débouché scolaire futur intéressant pour leurs enfants. Ce qui, dans certaines régions concernées, aide à lutter contre l'exode des jeunes ayant dépassé un certain niveau scolaire. La jeunesse, fixée ou attirée, constitue en retour un puissant levier économique, associatif et culturel. Reims Métropole a ainsi récemment calculé qu'un étudiant "rapporte" 15 000 par an à la ville. D'autres travaux (comme ceux du sociologue Eric Maurin) montrent qu'à chaque fois qu'au sein d'une génération, il y a 10 nouveaux diplômés du supérieur, cela permet la création de 6 à 7 nouveaux emplois très qualifiés à l'horizon de quatre ou cinq ans.

Investissement à la fois économique et social, public et privé, le renforcement des universités est donc décisif pour les territoires, leurs habitants et leurs entreprises.

(1) L'accent est principalement mis ici sur l'université comme composante essentielle du système plus vaste d'enseignement supérieur qui comporte aussi les écoles d'ingénieurs.

Slim Thabet

Transcription

(Bruit)
Martine Bailly
L’exposition du Centre culturel de Compiègne invite tous les visiteurs à un véritable voyage initiatique dans l’univers du parfum. On peut sentir, toucher les matières naturelles qui rentrent dans la fabrication des parfums. Pour comprendre le caractère complexe d’une odeur, de nombreuses recherches sont menées au laboratoire de physiologie des arômes de l’Université Technologique de Compiègne. Car il ne suffit pas de respirer pour tout comprendre du monde des odeurs. Ce spectromètre de masse permet d’identifier les composants d’un arôme. Ces composants sont séparés par chromatographie. A partir des pics du chromatogramme, il est possible de tracer un spectre qui est, en quelque sorte, une empreinte digitale de chaque composé analysé.
(Bruit)
Martine Bailly
Ici, un panel d’étudiants effectue de temps en temps des dégustations d’odeur. Car il faut goûter pour sentir. En effet, la langue ne perçoit que les saveurs sucrées ou salées, acides ou amères. Le reste, la vraie flaveur d’un met, est perçu par le nez.
(Bruit)
Bernard Plumas
Quand on a un produit alimentaire, et c’est notre cas, on va évidemment le déguster. Et les impressions premières que l’on aura en bouche, ça sera des impressions gustatives. Mais dès qu’on aura un tant soit peu avalé le produit, on aura des impressions rétro-nasales. Et là, ça sera l’arôme. Et la sommation, si vous voulez, des impressions gustatives et des impressions olfactives donnera ce qu’on appelle la flaveur.
(Bruit)
Martine Bailly
Autre test uniquement nasal, cette fois, avec l’olfactomètre différentiel. Il permet de mesurer l’intensité olfactive en mettant deux arômes en compétition comme le butanol et la menthe par exemple. Au bout de 5 à 6 minutes, ces deux odeurs vont atteindre un point d’équivalence. On arrivera alors à les confondre. C’est le bulbe olfactif dans le cerveau qui perçoit les arômes car c’est sous le sommet du crâne que la muqueuse olfactive piège les molécules odorantes. Notre nez est capable de reconnaître près de 4000 odeurs.