Les différents présidents du conseil régional de Picardie

21 mars 1986
06m 58s
Réf. 00211

Notice

Résumé :

Rétrospective des différents présidents du conseil régional de Picardie élus entre 1973 et 1986, depuis Jean Legendre jusqu'à Charles Baur en 1985. Ce dernier succède à Jean Legendre en 1976, suivi de Max Lejeune en 1979, puis Jacques Mossion. En février 1980, Raymond Maillet sera le premier et le seul président communiste de Région. En mai 1981, René Dosière est le premier président de la décentralisation, le préfet lui transfert l'exécutif régional le 15 avril 1982. En 1983, Walter Amsallem lui succède jusqu'en 1985.

Type de média :
Date de diffusion :
21 mars 1986
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Éclairage

Après le temps de la régionalisation économique et l'échec référendaire du projet gaulliste de création de régions et de rénovation du Sénat en 1969, l'instauration des établissements publics régionaux en 1972 marque la première étape de la régionalisation institutionnelle. La loi du 5 juillet 1972 érige la région en établissement public à vocation spécialisée : « Le conseil régional par ses délibérations, le conseil économique et social par ses avis, et le préfet de région par l'instruction des affaires et l'exécution des délibérations, concourent à l'administration de la région. » De 1972 à 1986, le conseil régional est composé de tous les parlementaires de la région et, en nombre égal, de représentants nommés par les conseils généraux et les principales municipalités. La présidence du conseil régional, qui ne dispose alors d'aucun pouvoir de gestion, est tournante entre les trois départements et change tous les deux ans.

Le premier Président de la Région Picardie est Jean Legendre, maire de Compiègne (1947-1954 et 1959-1987), ancien député (1945-1962) dont la carrière politique, qui a débuté dans les années trente, s'inscrit dans les recompositions de la droite, du PSF au RPF et du CNI à l'UDF. Charles Baur, membre du MDSF de Max Lejeune, lui succède entre 1976 et 1978. A cette date, la présidence doit revenir à la Somme et c'est Max Lejeune, sénateur-maire d'Abbeville et président du conseil général depuis 1945 qui est élu, sa candidature ayant été sollicité pour éviter une guerre intestine à droite entre les deux postulants, le gaulliste Charles Bignon et le sénateur centriste Jacques Mossion. Ce dernier est finalement élu en 1979. Suite aux élections cantonales de mars 1979, la majorité bascule à gauche. En 1980, suite à un accord entre les élus communistes et le groupe du PS, qui dispose d'un siège de moins que le PCF, Raymond Maillet devient le premier – et à ce jour le seul – président communiste de la région et d'un conseil régional. A partir de 1981, il ne siège plus de droit au conseil régional, ayant perdu son siège de député aux législatives, et doit céder son fauteuil de président de l'assemblée régionale au maire-adjoint de Laon, René Dosière, vice-président depuis 1979. René Dosière, président de la décentralisation, reste à la tête de la région jusqu'en 1983, année où il cède son siège à Walter Amsallem, maire socialiste de Beauvais. Il accompagne les premiers transferts de compétences et négocie le premier contrat de plan État-Région. En 1985, la présidence de région revient à la droite et à Charles Baur, confirmé lors des premières élections régionales au suffrage universel direct, en mars 1986 . Charles Baur s'appuie successivement sur les élus du Front National puis de CPNT, en 1993, et bénéficie à nouveau de l'appui des conseillers frontistes suite au scrutin régional de 1998. Après 20 ans de règne de la droite, Claude Gewerc, tête de liste de la gauche unie, devient président du conseil régional de Picardie en 2004 puis est réélu pour un deuxième mandat en 2010 .

Julien Cahon

Transcription

Claude Mas
Donc je vous rappelle que nous sommes en direct du conseil régional de Picardie pour assister à l’élection du président. Je vous propose de faire un petit retour en arrière pour voir quels ont été les présidents qui se sont succédés à la tête du conseil régional. J’appelle donc nos studios pour le sujet sur les présidents. Alors, attention, c’était le 15 décembre 1973.
Journaliste
Jean Legendre, maire de Compiègne, est élu au troisième tour président du conseil régional de Picardie. L’assemblée, installée par le préfet Michell Aurillac, est composée de 48 membres : les 24 parlementaires de la région et 24 représentants des 3 départements et des grandes villes. Le bureau est constitué à la proportionnelle des groupes politiques.
Legendre§Jean
Le conseil régional considère que la formation des hommes est l’un des éléments primordiaux de l’expansion économique. En effet, si nous voulons avoir, en Picardie, des industries de pointe, il faut que nous ayons aussi les hommes capables d’y travailler.
Journaliste
En janvier 76, pour la seconde fois, Marcel Dassault, le doyen d’âge est présent. Charles Baur, maire deVillers-Cotterêts, est élu président. Il souhaite que la Région réalise des projets originaux et que l’Etat s’engage sur des programmes concertés. Alors élu 7ème plan, l’ambition est de transformer la Picardie.
Baur§Charles
Depuis deux ans, depuis que la région picarde existe, l’assemblée, unanime, je dois dire, a demandé à plusieurs reprises que, au lieu d’avoir à donner un avis, c'est-à-dire d’être simplement consultée sur les crédits d’Etat qui nous sont donnés par Paris, nous puissions vraiment délibérer c'est-à-dire décider, faire des choix nous-mêmes.
Journaliste
En 78, le conseil régional est depuis un an dans ses nouveaux locaux. C’est au tour de la Somme d’assurer la présidence. Max Lejeune, sénateur maire d’Abbeville, président du conseil général accepte par œcuménisme majoritaire et surtout comme picard désireux d’aider la Picardie. Il administre la région, engage la concertation entre les départements, élus et administration. Le budget donne alors la première, place à la formation des hommes. En 79, il passe le relais à Jacques Mossion, sénateur maire de Doulens. Après les cantonales de mars, la majorité du conseil bascule à gauche. En novembre, une cession des deux assemblées est consacrée à l’emploi.
Mossion§Jacques
Les politiques ont pris leurs responsabilités. Vous avez assisté à un refus d’adopter la résolution communiste par le parti socialiste. Et au dernier moment, parce que c’était politique, il y a eu un accord en précisant bien, toutefois, que la résolution socialiste était beaucoup plus légère. Mais sur le fond, sur le rapport, vous l’avez bien vu, le rapport le plus technique, le plus complet, celui qui aurait apporté le plus à la région picarde était le rapport du CES.
Journaliste
Février 80. Raymond Maillet, député de l’Oise est élu président. Un accord est intervenu à gauche, entre communistes et socialistes. Ce sera le premier et le seul président communiste de région. L’assemblée, à l’unanimité, souligne le retard des crédits publics et demande à l’Etat une enveloppe de rattrapage.
Maillet§Raymond
Je pense néanmoins que la démocratie a gagné des points dans la région aussi bien au Conseil régional qu’au sein des autres assemblées qui connaissent mieux la région, qui s’adressent plus souvent à elle. La région est allée à eux et maintenant, ce sont eux qui sollicitent la région. Et il en est de même également pour les travailleurs dans les entreprises qui sollicitent très souvent le président du conseil régional pour étudier leurs problèmes avec eux et tenter de les résoudre.
Journaliste
Après mai 81, René Maillet perd son siège aux législatives. En juillet, le socialiste René Dosière est, à 40 ans, le plus jeune président et le premier de la décentralisation.
Dosière§René
Nous avons un conseil régional à majorité socialiste qui va s’efforcer de prendre en charge les besoins de la Picardie tout en s’efforçant de les résoudre dans le cadre de la politique suivie par le gouvernement actuel.
Journaliste
Vous entendez être le porte-voix du gouvernement ?
Dosière§René
Nous serons tantôt le porte-voix du gouvernement mais nous seront aussi le porte-voix de la Picardie.
Journaliste
Le 11 janvier 82, le premier ministre Pierre Moroy vient en Picardie. Le 15 avril René Dosière est réélu président. Le préfet lui transfert l’exécutif régional.
Clauzel§Jean
C’est en tant que représentant de l’Etat en Picardie que je prends acte, mais le président du Conseil régional, messieurs des conseillers régionaux, qu’en application des articles 73 et 108 de la loi Droits et libertés du 2 mars 1982, le président du Conseil régional est désormais l’organe exécutif de la région.
Journaliste
Surprise un an plus tard, en avril 83, Walter Amsallem, parti socialiste maire de Beauvais succède à René Dosière. Il va poursuivre la décentralisation. Walter Amsallem mène à grandes enjambées un budget 84 qui veut donner à la région les moyens de sa politique.
Amsallem§Walter
Nous sommes en train de nous battre, surtout depuis la décentralisation avec le plan, de rattrapage, avec toutes les initiatives que nous avons eues aussi bien au niveau de l’industrie, de l’agriculture, des infrastructures. Nous montrons que cette région existe. Je crois que c’est ça qui est important. C’est de démontrer l’importance de la région picarde, car c’est une nouvelle assemblée qui a de nouvelles possibilités, qui doit donc voir ses problèmes et les brasser, les démontrer, les démontrer à la population pour que cette population se rendre compte que la Picardie existe.
Journaliste
Après les cantonales de mars 85, la droite redevient majoritaire à la région avec 30 sièges contre 18 à la gauche, 14 socialistes et 4 communistes. Le 12 avril, Charles Baur succède à Walter Amsallem. On sait alors que les élections au suffrage universel direct interviendront en 86.
Baur§Charles
Comme vous venez de le dire, il y aura des élections régionales l’année prochaine, mais nous pensons, justement, grâce au travail qui va être fait par notre nouvelle équipe de l’opposition nationale et républicaine, qui est donc majoritaire maintenant en Picardie, que nous allons être majoritaire l’année prochaine. Et en fait, nous allons travailler pour 7 ans.