Trosly-Breuil : les fouilles archéologiques à la recherche du néolithique

06 juillet 1984
02m 23s
Réf. 00605

Notice

Résumé :

Le centre d'archéologie du Val d'Oise, fouille avec des bénévoles le site de Trosly-Breuil entre Compiègne et Soissons. Des populations du Néolithique venant du Danube se sont installées sur les rives de l'Oise. Marianne Diebeveen, archéologue montre les différents objets découverts sur le site : céramiques, lames, éclats de pierres, ossements et bracelets en schiste des Ardennes qui témoignent des échanges à cette époque. Frédéric, 15 ans, bénévole, dit son intérêt pour cette activité.

Date de diffusion :
06 juillet 1984
Source :
Personnalité(s) :

Éclairage

Il y 10 000 ans environ, de nouvelles conditions climatiques permettent l'avènement des premières sociétés agricoles qui caractérisent la période Néolithique. Les conditions de vie vont radicalement se transformer : l'homme intervient désormais durablement sur son milieu naturel. De cueilleur-chasseur, il devient producteur de l'essentiel de sa nourriture en développant l'agriculture et l'élevage. Venus d'Europe centrale, par la vallée du Danube, des agriculteurs à la recherche de nouvelles terres, arrivent en Picardie au cours du Ve millénaire av. n.è.

A la limite des communes de Trosly-Breuil et de Cuise-Lamotte, le creusement d'un bassin de décantation (1983) fut à l'origine de la découverte d'un village danubien. Les interventions archéologiques successives, conduites durant 7 ans, par Jean-Claude Blanchet, puis par Bruno Bréart, débutent par de vastes décapages qui, peu à peu, ont révélé les traces fugitives du village : alignements de trous de poteaux, palissade, fosses comblées,...

En 1988, a été mise au jour la sépulture d'un paysan néolithique. Inhumé dans une simple fosse, il reposait en position foetale, sur le côté, les jambes fléchies. Au moins trois céramiques avaient été déposées à sa tête.

Le site de Trosly-Breuil a livré un mobilier archéologique varié d'une qualité exceptionnelle : outils et produits de débitage en silex, anneaux et autres éléments de parure en schiste, meules, broyons et polissoirs en grès, poinçons, lissoirs en os, dents travaillées, poteries et bracelets en céramique. Les particularités stylistiques de cette céramique ont permis de rattacher le village à la culture "Villeneuve-saint-Germain", laquelle représenterait une évolution locale des populations danubiennes. Leur céramique reste de tradition danubienne, mais se caractérise par de nouveaux décors. La confection de bracelets en schiste témoigne de la maitrise technique des artisans du village. L'ensemble exceptionnel de pièces recueillies a permis de reconstituer toutes les étapes de la chaîne opératoire, du débistrage de la matière première (probablement importée des Ardennes) au produit fini (plus d'une cinquantaine d'anneaux parfaitement polis).

Bibliographie :

Bruno Bréart. Trosly-Breuil : Sur les traces des premiers agriculteurs, Ed. Ass. Promotion du Patrimoine Archeologique, Amiens, 1990, 24 p.

Tahar Ben Redjeb

Transcription

Jean-Marc Huguenin
Les volontaires du centre régional d’archéologie du Val-d’Oise fouillent depuis plusieurs mois sur le site de Trosly-Breuil, entre Compiègne et Soissons. L’intérêt de ces recherches : approfondir les connaissances sur une période du Néolithique dont on possède fort peu d’éléments dans la région. Une occasion aussi pour de nombreux bénévoles de s’adonner à leur passion. Thierry Bonté, Jean-Paul Delance.
Thierry Bonté
En Europe, le Néolithique débute à 5500 ans avant Jésus Christ. Cela correspond à l’apparition des techniques d’élevage et d’agriculture. La vallée de l’Oise est riche en vestiges de cette époque sauf pour ce qui concerne certaines populations originaires du Danube. Parties de l’est, ces communautés sont passées par l’Allemagne et la Hollande pour, on le sait maintenant, édifier leur village sur les rives de l’Oise. Les archéologues ont découvert ici de nombreux indices de l’activité de ces hommes du Danube.
Marianne Diebeveen
On a débuté les fouilles avec une équipe pendant les vacances de Pâques. Et là, on a attaqué cette fosse-là. On a trouvé beaucoup beaucoup de matériel, de la céramique avec beaucoup de décors. On a trouvé beaucoup de matériel lithique, beaucoup de claves, de très belles lames, beaucoup d’outils lithiques aussi. Pour le reste, beaucoup d’ossements. Entre autres, une grande corne d’auroch, de cette grandeur-là, un poinçon en os, d’autres outils en ossement. Et surtout qu’il y a les spécialistes de cette culture-là : ce sont les bracelets en schiste, en roche dure. Et là, on a trouvé une très très grande quantité.
Thierry Bonté
Ces bracelets en schiste des Ardennes témoignent de l’intensité des échanges commerciaux entre des populations assez éloignées. Les objets collectés sont nettoyés avec la plus grande minutie, étiquetés, rangés puis identifiés par des spécialistes. Ces opérations préliminaires sont prises en charge par des bénévoles qui occupent ainsi une partie de leur été. Frédéric s’est initié à l’archéologie voici 4 ans, poussé par des motivations assez diverses.
Frédéric
La recherche, l’ambiance qu’il y a dans l’équipe après les fouilles et puis le plaisir de trouver des objets qui ont appartenu à des personnes il y a plusieurs milliers d’années.
Thierry Bonté
Une école de patience parfois ingrate à laquelle s’adonnent ces volontaires qui participent souvent à plusieurs chantiers. Un travail indispensable aux archéologues les plus éminents qui ne pourraient, sans cela, mener à bien leurs recherches.