Découverte d'un site archéologique au lycée G de Nerval à Soissons
Notice
En 1982 commencent les premiers sondages sur le site du château d'Albâtre à Soissons, à côté du lycée Gérard de Nerval. On découvre un site archéologique exceptionnel : des habitations du 1er siècle de notre ère, un gymnase, et surtout, ont été mises à jour des peintures murales. Denis Defente, archéologue, conservateur du musée de Soissons, explique la grande richesse de ce site : il est possible de reconstituer le décor pariétal sur 200 ans.
Éclairage
La ville d'Augusta Suessionum, fondée sous Auguste dans les années 20 av. n.è sur la rive gauche d'un des méandres de l'Aisne, constituait un important carrefour routier sur l'axe fluvial. C'était, avec Amiens et Reims, l'une des plus grandes villes du nord-ouest de la Gaule. Durant le Haut-Empire, elle couvrait une centaine d'hectares et était entourée de nécropoles localisées le long des principaux axes de circulation. Son organisation est encore perceptible dans la régularité de la voirie en centre-ville.
Au lycée Gérard de Nerval, B. Ancien avait remarqué la présence de substructions importantes en 1963. Denis Defente, en 1982, 1985-1986 et 1988, puis Dominique Roussel, en 1990 et 1991, y ont réalisé plusieurs campagnes de fouilles avant la construction de l'extension du lycée. Ces interventions ont révélé un des plus riches sites archéologiques de Soissons non seulement pour l'étude de la cité antique mais aussi pour la connaissance de la peinture murale gallo-romaine dans le nord de la Gaule.
Les vestiges les plus précoces sont matérialisés par un habitat léger en bois qui est démoli dans les années 15-20 de n.è. Une ou plusieurs domus urbaines lui succèdent. Elles comportaient une quinzaine de pièces, un atrium et une salle avec bassin central.
Les salles progressivement dégagées ont livré de nombreuses peintures murales effondrées sur les sols. L'étude stylistique des peintures a montré deux phases de décor au cours de la première moitié du Ier siècle et de la seconde moitié du Ier siècle. Il semblerait, d'après l'étude de ces enduits peints, que certaines salles mesuraient jusqu'à 4,60 m de hauteur.
Le site a été réorganisé vers le milieu du IIe siècle. De grands bâtiments aux murs larges, avec un hypocauste (système de "chauffage central") sont construits sur les sols de l'état précédent. Il pourrait s'agir de thermes, détruits au cours du IIIe siècle. A la fin du IIIe siècle, plusieurs sépultures sont creusées.
Bibliographie :
Denis Defente. Représentations figurées de quelques sites en Picardie, dans Revue archéologique de Picardie, 1-2, 1990, p. 58-71.
Dominique Roussel. "Soissons". Documents d'évaluation du patrimoine archéologique des villes de France, XXII, Paris, Editions du Patrimoine, 2002, p. 25-42.