Voyage du général de Gaulle à Auch dans le Sud-Ouest

En février 1959, tout juste élu premier président de la Ve République, le général de Gaulle se lance dans une tournée à travers la France pour créer un contact direct avec les Français et récolter des moissons d’impressions et de précisions pratiques. Jusqu’en juin 1965, aucune région ne sera laissée pour compte. L’une des premières étapes le conduit dans le Sud-Ouest, et notamment en Gascogne où il se trouve le 16 février 1959, après être passé à Toulouse, Foix et Perpignan et avant de rallier Tarbes et Pau.

Accueilli par le sénateur-maire d’Auch, Paul-Émile Descomps, le général de Gaulle s’offre un bain de foule place de la Libération. Sur le parvis de l’hôtel-de-ville où il est acclamé, il prononce un discours général sur l’unité du pays avant d’entonner la Marseillaise et d’achever par Merci les Gascons !. Après un passage à la préfecture, guidé par André Dupuy, le cortège quitte Auch en direction de Tarbes. Il fait quelques arrêts sur la route, notamment à la sous-préfecture de Mirande.

Diffusé au journal télévisé de la nuit de ce 17 février 1959, le reportage était alors commenté en direct, mais les propos du journaliste n'ont pas été enregistrés : c’est pourquoi une partie du document est muette. Pour le général de Gaulle, la retransmission de ces voyages – qui confine au rituel – est essentielle : elle donne à voir et à ressentir la communion et l'unité entre les Français et leur président. Dans ses Mémoires d’espoir, il écrit : Au total, il se produit autour de moi, d’un bout à l’autre du territoire, une éclatante démonstration du sentiment national qui […] apparaît ensuite partout grâce à la télévision.[1]

Incontestablement, dans cette terre peu favorable au gaullisme, l’aura de l’homme du 18 Juin et du libérateur de la France est alors à son zénith. Le général de Gaulle limite son déplacement dans le Gers à son chef-lieu et aux axes principaux. Cela lui permet cependant de se rendre compte des aménagements à réaliser pour désenclaver cette terre isolée, tâche à laquelle sera destinée la Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale (DATAR) créée quatre ans plus tard (février 1963) et confiée à Olivier Guichard.

[1] Charles de Gaulle, Mémoires d'espoir - Le renouveau (1958-1962), Paris, Plon, 1970, 317 p.

• Nicolas Mariot, Bains de foule. Les voyages présidentiels en province, 1888-2002, Belin, coll. « socio-histoires », 2006, 351 p.