La poule-au-pot
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Résumé
Dans le Gers et les Hautes-Pyrénées des éleveurs relancent une volaille locale, la Noire de Gascogne. Le Gersois Jean-Paul Bleuste présente l'animal, puis une recette de poule-au-pot qu'il commercialise en conserve. Sophie Deffies, des Hautes-Pyrénées, rappelle les impératifs économiques à prendre en compte.
Date de publication du document :
01 nov. 2022
Date de diffusion :
15 nov. 2017
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Contexte historique
ParEthnologue
En 1921, le premier prix de la section des races françaises légères au concours de ponte de Vaulx-de-Cernay revient à la poule gasconne. Bonne pondeuse donc mais aussi d’une chair fine et abondante, rapide à engraisser, la poule gasconne, avec son plumage noir aux reflets métallisés verts et sa crête rouge, détient toutes les qualités requises à la volaille. C’est un bel éloge à l’adresse de notre race méridionale si répandue, mais encore bien négligée… Eleveurs gascons, vous avez une poule excellente. Gardez-vous de la perdre par des importations coûteuses suivies de croisements considérés. Sélectionnez et soignez mieux. Vous pourrez bientôt tirer un large parti de vos richesses
, peut-on lire dans le deuxième numéro de la Revue de zootechnie de 1922. Dans l’entre-deux-guerres, la poule noire fait partie du fleuron des volailles.
Cela ne dure malheureusement pas. Avec l’industrialisation de l’aviculture à partir des années 1950, comme bien d’autres races rustiques et locales, la poule gasconne est concurrencée par les races hybrides plus productives. La race est abandonnée par les éleveurs et menacée d’extinction. Les conservatoires ne retrouvent que dans les années 1980 les derniers élevages traditionnels dans quelques fermes des Landes, du Lot-et-Garonne et du Gers.
Bien plus tard seulement, en 2003, elle fait un retour plus affirmé après avoir failli disparaître. Cette année-là, des particuliers et des éleveurs se rassemblent pour créer l’association La Poule gasconne. Heureusement, certains passionnés avaient conservé quelques spécimens dans leurs cours, suffisamment pour penser au sauvetage et à la relance de la race.
Aujourd’hui, une vingtaine d’éleveurs pérennise un patrimoine génétique très ancien et assure une diversité de races que le productivisme a mise à mal. Pour inscrire la démarche sur une aire géographique et ainsi viser peut-être l’obtention d’une appellation d’origine contrôlée : on l’appelle désormais « la Noire d’Astarac-Bigorre ».
Avec sa relance, et pour ses qualités et sa valeur gustative, a également lieu le retour de recettes culinaires qui lui sont associées. Ainsi la poule-au-pot revient-elle aujourd’hui sur les tables après une phase de désuétude. On attribue à Henri IV la promesse, au XVIIe siècle, alors que les guerres de religions entre protestants et catholiques ont affamé le pays, d’une poule-au-pot à tous les sujets de son royaume. Ainsi aurait-il dit au duc de Savoie lors d’une dispute au Jeu de Paume : Si Dieu me donne encore de la vie, je ferai qu’il n’y aura point de laboureur en mon Royaume qui n’ait moyen d’avoir une poule dans son pot
. Pour les historiens, cette déclaration tient de la légende.
Autrefois réservée aux jours de fête, la volaille devient plus accessible au XXe siècle avec l’expansion de son élevage. Ainsi, la poule-au-pot est fréquemment servie en plat du dimanche. Accompagnée de légumes à la façon d’un pot-au-feu, elle associe bouilli et farci. En voici un extrait de recette : Prendre une poignée de pain de mie trempée et exprimée, ail, foie de la volaille hâché revenu à la graisse de canard, une belle tranche de jambon de pays hachée, sel, poivre, deux œufs pour lier, bouquet de persil, échalote dont une revenue avec le foie, un brin d’estragon et un fragment d’écorce de cannelle dans certaines régions béarnaises et basques. Puis bourrer la poule de cette farce et la coudre et brider parfaitement. La mettre à cuire dans la potée avec les légumes classiques environ trois heures. Servir le bouillon sur du pain comme pour toutes les garbures et les légumes ensuite
(Rémy Constans, Gastronomie gasconne à la Belle Époque, 1998).
Bibliographie
- Benjamin Cointre et O. Rozès, Le livre de l’agriculteur gascon, Imprimeurs-Editeurs d’Auch, Auch, 1922.
- Rémy Constans, Gastronomie gasconne à la Belle Époque, Bon-Encontre, Association De livres en livres, 1998.
- Revue de zootechnie, n°2, année 1922.
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
Émilie Tran Nguyen
Quand on regarde les classements des plats préférés des Français, alors, il y a certes le steak-frites, il y a aussi le boeuf bourguignon, la blanquette de veau, le cassoulet.Bref, des bons plats du terroir.En voilà un autre qui revient à la mode, la poule-au-pot.Et pour respecter l’authentique recette, une quinzaine d’éleveurs du Gers et des Hautes-Pyrénées ont décidé de relancer une volaille de race pure locale, la Noire de Gascogne.Jean-Marc Cholet, Nathalie Berthier.
Jean-Marc Cholet
Jean-Paul Beuste est éleveur.Dans la famille, on produit toutes sortes de volailles depuis plusieurs générations, mais depuis quelque temps, il y a une poule qu’il soigne particulièrement, qu’il fait sortir tous les matins : c’est la Noire de Gascogne.Une race locale qui a failli disparaître, et qui revient aujourd’hui, repérable avec ses plumes noires, au reflet vert ardoise.
Jean-Paul Beuste
En fait, la race gasconne, on va dire, c’est la Rolls-Royce de l’exploitation, bon, c’est celle qui est la plus jolie au niveau plumage et au niveau, après au niveau goût, bah c’est incontestablement la meilleure.C’est quand même la race qu’Henri IV voulait mettre au pot tous les dimanches que l’on a sauvée.Et donc, elle revient oui de loin.
Jean-Marc Cholet
Et Jean-Paul Beuste s’est même instauré cuisinier pour faire redécouvrir cette poule au pot.Farcie avec les abats de la volaille et la mie de pain, comme le veut la recette évoquée dans les livres d’histoire.
Jean-Paul Beuste
Je voulais absolument recréer cette, enfin recréer non c’est présomptueux, mais retrouver cette recette de façon traditionnelle, avec vraiment la farce qui cuise dans la volaille.C’est en fait la farce quand elle cuit dans la carcasse, les sucs se mélangent avec les os, la viande.
Jean-Marc Cholet
Et pour une cuisson longue.Dans son bouillon de légumes, rien de mieux que cette poule de Gascogne, car les chairs ne se détachent pas, une recette classique que chacun adapte à sa façon.
Jean-Paul Beuste
Ah, c’est comme les frites en Belgique je me plais à dire, c’est que chaque famille a sa petite adaptation de la recette.
Jean-Marc Cholet
Cuisinier, mais aussi inventeur.
Jean-Paul Beuste
J’ai réussi de refaire ce produit, parce que j’adore ça et je n’en trouvais pas dans le commerce.
Jean-Marc Cholet
Depuis des mois, Jean-Paul Beuste peaufine sa poule au pot en conserve, la recette d’Henri IV pour moins de 50 euros.Mais avant de déguster cette véritable poule au pot, les éleveurs eux aussi ont dû se plonger dans l’histoire, car la race avait été abandonnée dans les années 50.
Sophie Deffies
On est revenu sur un standard qu’on a choisi, des années 20, qui correspondait vraiment à notre… à un peu tout ce qui se trouvait dans la littérature. C’était un standard qui nous intéressait.
Jean-Marc Cholet
Pour produire cette poule de Gascogne, il faut prendre son temps : 150 jours d’élevage minimum, pour garantir une qualité et séduire le consommateur.
Sophie Deffies
Il n’y a pas de conservation sans consommation.On était obligé, en voulant conserver et sauvegarder cette race, de pouvoir produire, et de pouvoir après emmener cette volaille sur les tables des restaurateurs, sur les tables des consommateurs.
Inconnu 1
Allez, la poule-au-pot.
Jean-Marc Cholet
Une quinzaine d’éleveurs se sont lancés dans cette production, et ils espèrent obtenir une appellation d’origine pour cette poule noire d’Astarac-Bigorre.
Jean-Paul Beuste
Bon, bon appétit alors hein !