Le porc noir gascon
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Résumé
La race du porc noir gascon a bien failli disparaître. L’Association pour le développement de cette filière détaille le cahier des charges rigoureux mis en place en matière d'élevage et d'affinage, afin d'assurer une production de qualité. Elle cherche ainsi à obtenir une AOC.
Date de publication du document :
01 nov. 2022
Date de diffusion :
27 nov. 2000
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Contexte historique
ParEthnologue
Tout comme la poule noire de Gascogne, il a failli disparaître. Rustique, le porc de Gascogne ferait partie des races porcines les plus anciennes connues en France. Il mesure 75 centimètres au garrot et peut dépasser les 400 kilogrammes. Tout comme sa robe, son groin est noir. Il est fin et mobile. On le reconnaît aussi à ses oreilles qui retombent légèrement au-dessus de ses yeux. Ses membres sont fins et solides, sa croupe rebondie.
Mais si le porc noir de Gascogne est aujourd’hui apprécié, c’est avant tout pour son gras. Un gras qui le positionne parmi le fleuron des meilleures races et en haut de la gamme charcutière. Un gras qui hier pourtant aurait pu le condamner. Car c’est pour réduire son adiposité justement que la race gasconne a été croisée avec d’autres, au point de presque en abandonner l’élevage. Le porc de Miélan fait partie de ses hybrides. Miélan, village du sud du Gers, au début du XXe siècle, était alors un carrefour commercial de l’élevage porcin. Un type d’élevage qui pourtant se trouvait à la marge des autres. En effet, toutes les fermes possédaient un ou deux porcs pour satisfaire la consommation familiale mais n’en pratiquaient pas l’élevage à proprement parler.
Selon une éleveuse, au début des années 1950, on comptait dix mille reproducteurs de race gasconne. Trois décennies plus tard, en 1981, l’Institut technique du porc ne recense plus que 34 truies en Gascogne. En 1982, ce même institut met en œuvre un plan de sauvegarde que le Conservatoire du patrimoine biologique régional a ensuite appuyé. Les objectifs sont alors de mettre à jour régulièrement le nombre d’effectifs mais surtout de préserver la variabilité génétique indispensable à la survie de la race. En 1996, l’association nationale de sauvegarde du porc gascon est créée.
En 2015, l’élevage de porc gascon est reconnu par l’Institut national des appellations d’origine (INAO) via l’obtention de l’appellation d’origine contrôlée (AOC) « Noir de Bigorre » sur une aire géographique précise, limitée au sud du Gers, au nord des Hautes-Pyrénées, à l’est des Pyrénées-Atlantiques et au sud-ouest de la Haute Garonne : le piémont des Pyrénées centrales. En 2017, c’est une reconnaissance européenne que l’appellation obtient en devenant appellation d’origine protégée (AOP). Selon l’INAO, en 2015, l’appellation regroupe 57 éleveurs, 3 entreprises d’abattage ou de découpe et 10 transformateurs et salaisonniers. D’autres élevages se sont également développés en dehors de l’aire d’appellation, comme la ferme de Bidache, près d’Auch qui connaît un grand succès auprès de ses consommateurs. Dit de « Bigorre » ou de « Gascogne », le porc noir, sauvé de l’extinction et bien qu’encore fragile, a regagné du terrain et se voit propulsé au rang de produit d’exception.
Ce qui fait la qualité de sa viande tient également des méthodes d’élevage en liberté. Il grandit sur plusieurs hectares de pâture et se nourrit d’herbe et de tout ce que haies et sous-bois peuvent lui apporter : glands, fruits, racines, etc. Les animaux sont élevés en conditions extensives selon un rapport de vingt porcs par hectare durant un an minimum. Ces parcours agro-forestiers permettent au porc de pratiquer une activité physique favorisant son évolution musculaire et de produire donc une viande plus rouge et plus persillée.
La filière s’est également structurée autour de la transformation de la viande. Ainsi, salaisonniers et charcutiers artisanaux ont su valoriser la viande du porc noir de Gascogne aussi bien en salaison qu’en viande fraîche. Le jambon « Noir de Bigorre », fabriqué et affiné sur une période de minimum vingt mois, dont douze dans un séchoir perméable à l’atmosphère extérieure, se déguste alors taillé en tranches très fines et à température ambiante pour que la subtilité des arômes de son gras fondant s’exprime. Certains affinages peuvent atteindre cinquante à soixante mois. Cuit, sa viande est tendre, savoureuse, et parfumée. Selon les adeptes, elle se suffirait à elle-même et ne nécessiterait aucun assaisonnement.
Bibliographie
- Benjamin Cointre et O. Rozès, Le livre de l’agriculteur gascon, Imprimeurs-Éditeurs d’Auch, Auch, 1922.
- Bénédicte Lebret, Herveline Lenoir, Sophie Daré, Alexandre Fonseca, Marie-José Mercat, Qualité des produits de porcs gascons élevés en système d’élevage extensif de la filière Noir de Bigorre : effets de la saison et des ressources alimentaires, Institut français du porc, 2019.
- « AOP Porc noir de Bigorre, Aire Géographique », Institut national de l'origine et de la qualité [en ligne] (Mise à jour 01/2016). Site internet : https://www.inao.gouv.fr/var/inao_site/storage/repository/editeur/files/pdf/Cartes/AOC_PorcnoirdeBigorre_A_201601.pdf
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
Corinne Lebrave
Le porc noir gascon est un animal heureux.En voie d’extinction il y a vingt ans pour cause de production coûteuse, il se pourrait qu’il devienne la star des charcutiers en obtenant le premier AOC décerné à un cochon pour la qualité de son jambon.Un véritable défi pour l’Association pour le développement de la filière porc noir gascon, créée en 1995.Son travail a déjà permis de franchir un premier pas vers la reconnaissance d’un savoir-faire unique, l’obtention d’un certificat de conformité de production en juin 2000 pour le jambon noir de Bigorre.
Xavier Massuo
Pour l’officialisation, la première étape, c’était avec une certification de conformité produit, qui atteste auprès du consommateur qu’un certain nombre de règles sont respectées par l’ensemble des professionnels.L’appellation d’origine insisterait plus sur la dimension, sur le lien qui existe avec le terroir de production, donc les Hautes-Pyrénées et les cantons limitrophes des départements voisins.
Corinne Lebrave
Une certification de conformité repose sur un cahier des charges rigoureux et contraignant, une base de travail pour encourager les efforts de tous les partenaires et les amener vers l’AOC.
Armand Touzane
Il fallait protéger le nom et le process de fabrication.Deuxièmement, on voulait aussi amener tous les partenaires de la filière à travailler avec les contraintes d’un cahier des charges.C’était une manière pédagogique d’amener les gens à travailler sous un signe de qualité.Et quand on passera, si on y passe, on l’espère, à une AOC, donc les gens déjà seront prêts.
Corinne Lebrave
Un éleveur de porcs noirs gascons doit faire preuve de patience et de transparence.Pierre Mataymon a rejoint l’association en 1996, à Plaisance dans le Gers, il possède 30 reproducteurs et 250 porcs destinés à l’abattoir. Première exigence, l’alimentation.
Pierre Mataymon
Cet aliment est fait à base de céréales de ma ferme à 75%, de triticale, et il y a un complément azoté qui est du soja, du soja non-OGM.Nous garantissons une nourriture non-OGM à tous nos porcs de la naissance à l’abattage.C’est la base de l’alimentation.Par la suite, ce sont des porcs qui pacagent et qui mangent des glands et des châtaignes à la saison.
Corinne Lebrave
Les cochons sont abattus dès qu’ils atteignent le poids de 100 kilos, soit 12 mois d’élevage minimum.Aujourd’hui, 45 agriculteurs élèvent 2000 porcs noirs gascons. La production est encore confidentielle et pour viser l’AOC, elle doit se développer sans perdre sa typicité.
Pierre Mataymon
Les critères qui ont été mis en place dans le cahier des charges de la filière porc gascon permettent de limiter une intensification à outrance, donc on n’est pas dans une logique économique, mais une logique de qualité.Je crois que ça va être, avec ce qu’on souhaite l’obtention de l’appellation d’origine, un moyen pour développer de manière durable cette filière du porc gascon.Puisque ça la lierait à un terroir, ça éviterait qu’il y ait une délocalisation et une tendance au non-respect de certaines règles qui font la qualité du produit.
Corinne Lebrave
Pour obtenir un jambon de qualité, la filière a encore choisi la difficulté.Après un passage au saloir et 20 semaines en maturation, le Noir de Bigorre nécessite 18 mois d’affinage. Un tel délai est unique en France et coûte cher.Un salaisonnier a quand même relevé le défi. Son travail, en concertation avec les éleveurs, a permis d’obtenir un produit homogène et équilibré.
Valérie Bonomelli
On a homogénéisé en fait la production, parce que c’est vrai qu’au départ, on a eu des problèmes, on a eu les petites carcasses, des grosses carcasses.Donc, en travaillant sur l’alimentation au niveau des éleveurs, ça a permis d’homogénéiser les carcasses, pour avoir des jambons tous à peu près du même poids.
Corinne Lebrave
Dans les séchoirs, les Noirs de Bigorre sont encore peu nombreux. 3000 jambons seront produits cette année, il devrait y en avoir 6000 l’an prochain.Actuellement, les deux seules viandes à posséder une AOC sont le Poulet de Bresse et le Taureau de Camargue.Même si le Noir de Bigorre est un produit unique et authentique, l’obtention du label est une démarche de longue haleine, mais elle reste une récompense très attendue après 20 ans d’effort de sauvegarde et de valorisation de la race.
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