Ceux du maquis
Notice
Reportage sur des groupes de jeunes résistants, membres des Forces françaises de l'intérieur (FFI), à l'entraînement dans les camps de Cize et de Granges, dans le maquis de l'Ain. Ce reportage insiste sur la modestie des combattants, très jeunes, et sur leur grand dénuement et isolement dans les conditions difficiles de la vie en montagne.
- Rhône-Alpes > Ain > Aranc
Éclairage
Avant même la Seconde Guerre mondiale, la maîtrise de l'image apparaît comme un enjeu crucial. Au sein de l'armée, se constitue la Section cinématographique de l'armée (SCA). La SCA est l'héritière de la Section photographique et cinématographique de l'armée (SPCA) créée pendant la Première Guerre mondiale. La SCA produit des films d'instruction mais elle doit aussi veiller à disposer d'armes de propagande et de contre-propagande
Après l'armistice, l'armée de Vichy, maintient, non sans tensions, cette activité. Du côté de la France Libre, dès juillet 1940, un service cinématographique est constitué pour couvrir les voyages du général de Gaulle et, progressivement, pour filmer les combats dans lesquels sont engagées les Forces Françaises Libres. Parallèlement, un fait majeur intervient en matière de propagande filmée avec la création à Alger, en avril 1943, de l'Office français d'information cinématographique (OFIC) dépendant du commissariat à l'Information, chargé de « la production, la distribution et la présentation à titre onéreux ou gratuit de films d'intérêt national concernant les actualités, la propagande ou l'éducation, que l'initiative privée n'est pas en situation de produire, distribuer ou représenter dans les mêmes conditions pendant la guerre » selon les termes de l'ordonnance qui précède le décret de constitution. L'OFIC est créé pour faire pièce aux menées de Vichy et de l'Allemagne mais aussi pour échapper à la mainmise anglaise en matière d'information et de propagande filmée.
C'est dans ce contexte qu'est produit à la fin de 1943, ce film intitulé « Ceux du maquis » diffusé, en dehors de la France occupée, comme une émission spéciale de l'émission Ici la France. Aux accents martiaux de la musique militaire de l'ouverture, les premières mesures de la Ve symphonie de Ludwig van Beethoven confèrent la note dramatique et héroïque que les réalisateurs ont voulu donner à ces images tournées dans les maquis de l'Ain, plus particulièrement dans la ferme des Gorges, située dans le hameau de Résinand, aux camps de Cize et des Granges. Ces camps des maquis de l'Ain ont été installés sous la responsabilité du capitaine Romans-Petit. Avec d'autres camps situés à proximité d'Oyonnax, ils correspondent aux camps d'où sont partis des résistants qui ont défilé à Oyonnax le 11 novembre 1943 pour le 25e anniversaire de l'armistice de 1918. Ce coup d'éclat a incontestablement attiré l'attention sur les maquis et en ce début 1944, alors que la victoire contre l'Allemagne semble plus que probable. Il est urgent de renforcer les Forces Françaises de l'Intérieur qui devront appuyer l'effort des troupes alliées. Les images ont été tournées par les résistants eux-mêmes. Ont-ils reçu l'appui de l'OFIC, en techniciens ou en matériel ? Rien ne permet de répondre à cette question pour un film dont tout montre que sa réalisation même est une victoire du système D.
Le commentaire lyrique de Maurice Schumann est tout à fait dans le ton de la mission que le général de Gaulle lui a confiée : galvaniser les énergies résistantes par ses interventions à la radio de Londres.
Le commentaire insiste sur les moyens limités de cette armée, le terme est plusieurs fois répété, où n'existe ni parti ni province même si les différentes forces politiques et les différents mouvements de résistance qu'amalgament les Forces Françaises de l'Intérieur sont soigneusement cités.
Le film de l'OFIC est bien une réalisation de propagande qui doit enflammer la jeunesse française et l'inciter à prendre les armes contre l'occupant nazi et les « vingt polices » qui collaborent avec lui.
Bibliographie :
- Stéphane Launey , « Les services cinématographiques militaires français pendant la Seconde Guerre mondiale », Revue historique des armées, 2008, n°252.
- Sylvie Lindeperg, Les écrans de l'ombre. La Seconde Guerre mondiale dans le cinéma français (1944-1969), Paris, CNRS éditions, 2000.