Le tombeau du maquisard inconnu
Notice
Au monument de la Résistance, qui commémore les combats des maquis de l'Ain, monsieur Gaston Monnerville, président du Conseil de la République, et monsieur Louis Christiaens, secrétaire d'État aux forces armées et à l'Air, ont assisté à l'inhumation du corps du maquisard inconnu.
Éclairage
Dix ans après la Libération, en compagnie du président de la République nouvellement élu René Coty, le président du Conseil de la République, Gaston Monnerville, était l'homme de la situation pour commémorer l'action des résistants. Résistant lui-même, il avait déjà été choisi le 12 mai 1945 pour célébrer la victoire des Alliés au nom des populations de l'Union Française. Gaston Monnerville (1897 à Cayenne-1991), boursier, fait ses études en métropole. Docteur en droit en 1921, il s'inscrit au barreau de Toulouse. Il est élu député de la Guyane une première fois en 1932, puis à l'Assemblée Constituante, le 21 octobre 1945, et de nouveau en 1946 : c'est lui qui prépare le statut de l'Outre-mer. Il devient Conseiller de la République de la Guyane, en mars 1947 et président de cette assemblée la même année ; il le demeurera jusqu'en 1958.
Dans cette commémoration du 3 juin 1954 à Chartres, Gaston Monnerville met en avant l'action de Jean Moulin, le plus jeune préfet de France, arrivé en 1939 dans cette ville. Ce dernier doit alors faire face à l'exode des populations et l'Occupation par les armées allemandes le 17 juin 1940. Il est révoqué par le maréchal Pétain à l'automne, et prend contact avec les mouvements de résistance de la zone sud. Il rejoint ensuite à Londres en septembre 1941 le général de Gaulle qui le charge d'unifier les mouvements de résistance. Au début de l'année 1942, il s'installe à Lyon, plaque tournante de la Résistance en zone sud : il y regroupe certains groupes armés dans l'Armée Secrète dirigée par le général Delestraint et crée les Mouvements unis de résistance (MUR) qui réunissent les mouvements Combat, Libération et Franc-Tireur. Seul représentant du général de Gaulle dans l'hexagone, il constitue le Conseil national de la Résistance (CNR) qui réunit le 27 mai 1943 à Paris des résistants, dirigeants politiques et syndicaux. Jean Moulin, sans doute dénoncé, est arrêté à Caluire près de Lyon par Klaus Barbie et ses hommes. Il est emprisonné au fort Montluc à Lyon. Torturé, Jean Moulin ne parle pas et meurt pendant son transfert en Allemagne le 8 juillet 1943.
Ensuite Gaston Monnerville célèbre les 10 000 maquisards de l'Ain au cours d'une cérémonie d'inhumation du corps d'un maquisard inconnu : le maire de Cerdon, René Lyot, et le conseil municipal avaient en juin 1947 accepté la construction d'un monument au Val d'Enfer dans l'Ain. Le sculpteur Charles Machet, professeur à l'École des Beaux-Arts de Lyon et les architectes Noël Albert et Albert Jaine réalisèrent le monument situé au cœur du département où les résistants de l'Ain avaient organisé, le 11 novembre 1943, malgré l'Occupation des troupes allemandes, un défilé de volontaires armés. La première pierre du monument est posée le 26 juin 1949 et l'inauguration est présidée le 29 juillet 1951 par le président du Conseil Général de l'Ain et Mme Chambonnet, veuve du chef des résistants de l'Ain, Albert Chambonnet dit Didier, Compagnon de la Libération. Dans son discours, le colonel Henri Romans-Petit évoque l'appui des populations locales aux résistants. En 1956, un cimetière au pied du monument recevra ultérieurement les corps de maquisards morts pour la France : 88 maquisards, dont 30 inconnus y seront inhumés.