L'usine Calor de Lyon

31 août 1967
03m 47s
Réf. 00118

Notice

Résumé :

L'usine Calor d'électroménager fête ses 50 ans. Devenue une grande entreprise, elle est cependant en proie à la concurrence. Le président directeur général de l'entreprise Monsieur Maurice Trouilhet est néanmoins serein sur son avenir.

Date de diffusion :
31 août 1967
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Éclairage

Longtemps la domesticité a été un des grands secteurs de l'emploi féminin, en particulier dans les grandes villes. Avec le début du XXe siècle, et en particulier après le premier conflit mondial, le nombre des domestiques diminua fortement et dans les familles des classes moyennes, il fut de plus en plus difficile de se « faire servir ». Ces mutations sociales eurent pour conséquence la recherche d'une augmentation de la productivité dans le travail ménager : la machine devait pallier le manque de bras. Le PDG de Calor précise bien l'orientation stratégique de l'entreprise lors de sa création « diminuer les corvées ménagères ».

Léo Trouilhet est un ingénieur doublement diplômé (Ecole nationale supérieure des Arts et Métiers et Ecole supérieure d'électricité). Il a 36 ans lorsqu'il invente le premier fer à repasser électrique qui va assurer le succès de l'entreprise Calor qu'il a fondée à Lyon, dans le quartier de Monplaisir, rue Antoine Lumière. Au début, l'entreprise fait parfois monter les différentes pièces de ses articles électroménagers par des travailleurs à domicile. Les publicités, qui n'hésitent pas à mobiliser des personnages de bandes dessinées pour petites filles comme Suzette, soulignent l'irruption de ce nouveau marché électroménager qui devient au fil du temps un marché de masse inséparable du succès du salon des arts ménagers dont la première édition ouvre ses portes en 1923. Le succès de l'entreprise familiale Calor est indissociable du tout électrique (sèche-cheveux, radiateurs parabolique et ventilateurs, rasoirs et bouilloires, cafetières et grille-pain, fer à repasser à thermostat...).

En 1959, deux ans après la signature du traité du marché commun lors du traité de Rome, Maurice Trouilhet succède à son oncle comme directeur de l'entreprise. C'est lui qui a la charge de préparer l'entreprise à l'entrée dans le marché commun en 1968.

A l'occasion du cinquantième anniversaire de l'entreprise, le journal télévisé consacre un sujet du journal télévisé régional à un reportage sur Calor. Le reportage présente une salle de montage où la main d'œuvre est surtout féminine : on voit les ouvrières qui assemblent les différentes pièces de grille-pain et de ventilateurs. Calor compte alors plus de 2000 salariés. Le PDG explique les principes du fonctionnement de l'entreprise qui est l'une de celles qui a développé les innovations qui ont marqué tous les secteurs de l'économie domestique au cours du XXe siècle, en s'associant souvent à des designers qui ont « habillé » ses ustensiles.

En 1972, l'entreprise Calor est entrée dans le groupe SEB. Aujourd'hui le siège social et le centre de recherche se trouvent toujours à Lyon et les usines sont à Mions dans le Rhône, à Pont-Evêque et Saint-Jean de Bournay dans l'Isère. Dans le quartier de Monplaisir, une rue Léo et Maurice Trouilhet entretient le souvenir.

Jean-Luc Pinol

Transcription

Journaliste
Il y a 50 ans, naissait à Lyon une petite entreprise employant quelques ouvriers occupés à faire du montage en chambre. Puis vers 1920, apparurent les premiers appareils électriques. La petite Suzette qu’on trouvait alors dans tous les catalogues d’accessoires ménagers faisait rêver les consommateurs. Sans concurrent direct en France, cette entreprise est devenue depuis une des plus florissantes de la région. Ses différentes usines, à Lyon et ailleurs, distribuent annuellement à 2 350 employés, la somme pour leur salaire de 3 milliards d’anciens francs.
(Silence)
Journaliste
Mais à l’heure du marché commun, de nombreux problèmes se posent aux entreprises qui veulent être concurrentielles. Le Président Directeur Général de celle-ci, Monsieur Maurice Trouilhet envisage quand à lui l’avenir avec sérénité.
Maurice Trouilhet
Notre politique générale a commencé lorsque le président fondateur en 1917, a eu l’idée d’aider les ménagères françaises à diminuer au maximum les corvées ménagères qui étaient un souci constant pour elles. Le deuxième principe de notre succès a été: qualité, service, prix. Qualité, il fallait faire des appareils qui durent. Il fallait qu’on vende quelque chose qu’on ne soit pas obligé de remplacer trop rapidement à tel point que nous réparons encore des appareils fabriqués en 1920, qui ont donné plus de 40 ans de bons et loyaux services. Service. Service, nous vendons non pas seulement des appareils, nous vendons le service que rendent ces appareils. Et chaque fois que nous prenons un marché d’appareils à l’exportation, en même temps que les appareils neufs, nous livrons automatiquement les pièces détachées indispensables pour les entretenir. Prix, le prix a toujours été notre impératif numéro un mais après la qualité. Nous avons réussi à prendre le marché français grâce à nos prix extrêmement étudiés. Le prix ne se calcule pas à la fabrication. Il se calcule à l’étude. Un appareil étudié cher ne peut pas être fabriqué bon marché. Il doit être étudié bon marché. Ce prix bas pour notre qualité nous a permis d’être concurrentiels dans tous les pays du marché commun. Actuellement, nos exportations représentent 2 milliards d’anciens francs et 20% de notre chiffre d’affaire total. Mais pour l’exportation, nous consentons des sacrifices et notre volume d’appareils à l’exportation représente 30% du nombre de nos appareils fabriqués. C’est ainsi que nous arrivons à vendre annuellement plus d’un milliard d’anciens francs d’appareils en Allemagne. Nous vendons aux Etats-Unis 350 000 rasoirs électriques, ce qui n’est pas une tâche facile dans le pays du rasoir électrique.
Journaliste
En conclusion Monsieur le président, peut-on dire que vous êtes armé pour le marché commun ?
Maurice Trouilhet
Je pense que dans l’état actuel des choses, nous sommes armés pour le marché commun. Un dernier tableau donné récemment par un journal industriel nous a classé avant 300e parmi les exportateurs français. Nous sommes très fiers de ce classement et nous continuerons par tous les moyens à toucher les marchés d'exportation.