L'affaire du juge Renaud de Lyon
Notice
Jean-Pierre Marin a été tué par la police mardi 9 mars à Champagne-au-Mont-d'Or. On le soupçonne de faire partie du gang des Lyonnais accusé d'avoir provoqué le meurtre du juge Renaud et le rapt de Christophe Mérieux.
Éclairage
François Renaud devient en 1972, premier juge au Palais de Justice de Lyon. Il instruit de nombreuses affaires. Celui qui est surnommé le sheriff par les truands et les journalistes est en charge de toute une série d'affaires explosives où se mêlent officines politiques (le service d'action civique, le SAC), grand banditisme, trafic de drogue, hold-up, prostitution, gang des lyonnais, enlèvements. Ses méthodes ne sont pas classiques, il fréquente les même bars que les truands, emploie volontiers leur vocabulaire, utilise de nombreux indicateurs, mène une vie nocturne agitée. C'est d'ailleurs en revenant chez lui vers trois heures du matin, le 3 juillet 1975, qu'il est abattu de deux balles dans la tête.
Des services de police laissent filtrer les noms, Marin et de Lamouret, de ses possibles assassins avant que l'information ne soit démentie. Un an après l'assassinat du juge Renaud, ils sont impliqués dans l'enlèvement du petit Christophe Mérieux. Ce dernier, âgé de neuf ans a été enlevé sur le chemin de l'école. Son père Alain Mérieux est le patron de Biomérieux. Une rançon de 20 millions de francs est versée. L'affaire a été l'occasion de tensions entre le ministre de l'Intérieur, Michel Poniatowski, hostile à son versement et le Premier ministre, Jacques Chirac, qui n'en interdit pas le versement à son ami Alain Mérieux. La presse ne révèle l'affaire qu'une fois la libération de l'enfant confirmée le 12 décembre 1975. L'un des ravisseurs serait Jean Pierre Marin qui l'aurait séquestré dans un appartement d'Oullins. Moins de trois mois après cet épisode, il est abattu par la police à Champagne-au-Mont-d'Or, au nord de Lyon. C'est cet événement qui justifie le reportage.
La longue introduction du reportage par le présentateur du journal, souligne bien la complexité d'un dossier qui vaut à Lyon le surnom de Chicago sur Saône ou de Chicago sur Rhône. Le ministre de l'Intérieur, Michel Poniatowski, qui après l'assassinat du juge aurait entendu, selon certains articles, utiliser cette affaire pour liquider les séquelles de l'Etat UDR où depuis la fin de la guerre d'Algérie auraient interféré officines politiques, banditisme et services secrets. En 1977, le cinéaste Yves Boisset en tire le film « Le juge Fayard dit le Shériff » avec l'acteur Patrick Dewaere.
L'assassinat du juge Renaud n'a jamais été totalement éclairci malgré de nombreuses enquêtes publiées, entre autre dans l'Express sous la plume de Jacques Derogy. La volonté d'étouffer, voire d'enterrer ces affaires a-t-elle effectivement existé ? L'affaire du juge Renaud a été instruite pas six magistrats successifs et 23 ans après les faits, le 17 septembre 1992, elle a été classée sans suite. Depuis les faits ont été prescrits.