Le transfèrement des prisons de Lyon à celle de Corbas
Notice
Les détenus des prisons Saint-Paul et Saint-Joseph de Lyon ont été transférés aujourd'hui vers la prison de Corbas, dont les conditions de détention sont moins vétustes. C'est le plus gros transfèrement jamais réalisé en France et sans précédent en Europe.
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Éclairage
Depuis les années 1970, la France connaît une forte augmentation de sa population carcérale. Les établissements pénitentiaires sont surpeuplés et, bien souvent, insalubres. Enquêtes parlementaires, rapports, mouvements des gardiens de prisons, manifestations des prisonniers ou de leurs familles, ont souligné l'urgence des transformations. Plusieurs ministres de la Justice, de droite comme de gauche, ont alors proposé des plans pour mettre un terme à cette situation.
Les prisons lyonnaises n'échappent pas à la règle. Construites au XIXe siècle dans le quartier de Perrache, la prison Saint-Joseph (d'abord appelée Perrache) date de 1830 et elle est suivie de la construction de celle de Saint-Paul, ouverte en 1865 (architecte Antonin Louvier). Elle adopte les nouveaux canons de l'architecture carcérale (plan radial et disposition panoptique) alors que la prison Saint-Joseph comprend plusieurs corps de bâtiment distribués dans un vaste espace (architecte Louis-Pierre Baltard). Pour autant, les deux établissements enregistrent les mêmes difficultés : au mois d'août 1974, le président de la République, Valéry Giscard d'Estaing, avait rendu visite aux détenus.
Dès 1998, le Grand Lyon, suite à une visite d'Elisabeth Guigou, ministre de la Justice du gouvernement Jospin, entend s'attaquer à la question de ces prisons vétustes, insalubres et surpeuplées. L'un des gardiens interviewés dans le document souligne « à Lyon Perrache, on travaillait souvent avec les rats. C'est une image mais ce n'est pas qu'une image, c'était une réalité. » La construction de deux établissements est envisagée, l'un dans le 8e arrondissement de Lyon et l'autres dans une commune de l'agglomération (à Rillieux-La-Pape, Sathonay-Camp ou Saint-Priest...).
Après l'élection présidentielle de 2002, le nouveau ministre de la Justice, Dominique Perben présente un plan prison dont l'objectif est de construire 30 nouvelles prisons et de disposer de plus de 13 000 places supplémentaires. Pour la région lyonnaise, la solution n'est officiellement annoncée qu'en novembre 2005 lors d'un journal télévisé régional : il n'y aura qu'une seule maison d'arrêt et non deux et elle sera construite à Corbas, sur le site d'une ancienne carrière. Le ministre de la Justice tranche ainsi un dossier ouvert plusieurs années auparavant.
Pour trouver les 66 millions d'euros nécessaires à la construction, le choix est fait d'un partenariat public-privé (PPP) qui a pour objectif de réduire les investissements publics et de confier à des sociétés privées l'entretien de bâtiments. L'Etat est alors locataire des bâtiments, pour le cas de la maison d'arrêt de Corbas, le propriétaire est la société Eiffage. Le nouvel établissement est construit pour 690 détenus et se fonde sur une rationalisation des déplacements contrôlés par un système informatique centralisé, la nouvelle maison d'arrêt comporte des cellules avec douches et des ateliers sont prévus pour faciliter la réinsertion des détenus. Très vite, des utilisateurs (détenus, familles, gardiens, avocats) se plaignent du caractère déshumanisé du nouvel établissement car la communication par interphone ne remplace pas le contact avec les gardiens. Ses partisans soulignent le confort et la modernité de l'établissement.
Le document se focalise non sur les conditions de détention mais plutôt sur le fait que le transfèrement des détenus, commencé au petit matin, le dimanche 3 mai, est le plus vaste jamais réalisé. Il concerne 436 détenus qui doivent quitter les prisons de Perrache pour la nouvelle maison d'arrêt, située à 15 km dans la banlieue est. Pour des raisons de sécurité, chaque convoi, survolé par un hélicoptère de la gendarmerie, ne compte que 10 à 15 détenus.
Dès la fin de 2009, la nouvelle maison d'arrêt de Corbas dépasse les 690 détenus et des difficultés liées au fonctionnement sont signalées. En août 2009, un détenu se suicide. L'aumônier catholique, qui avait été celui des prisons de Perrache, indique que les dysfonctionnements des portes gérées électroniquement peuvent entrainer des retards particulièrement longs.
Dans le centre de Lyon, les anciennes prisons doivent être réaménagées pour accueillir, en 2014, des étudiants de la Faculté catholique, des logements et des commerces.
Il faut enfin noter que le déplacement du marché-gare de Perrache à Corbas s'était déroulé au tout début de 2009. Les deux transferts participant du réaménagement du quartier Perrache.
Voir le site du ministère de la Culture et de la Communication, il y a deux dossiers sur la construction des prisons de Lyon au XIXe siècle, l'un sur la prison Saint-Joseph et l'autre sur la prison Saint-Paul.
Voir aussi le dossier sur la nouvelle prison de Corbas.