Émeutes à Vaulx en Velin
Notice
Le 6 octobre Thomas Claudio, passager d'une moto, a été percuté par une voiture de police. Émeutes, incendies, pillages et affrontements avec les forces de police ont eu lieu à la suite de la mort controversée du jeune homme.
Éclairage
La mémoire commune retient les événements d'octobre 1990 à Vaulx-en-Velin comme emblématiques de la crise des banlieues françaises, même si les épisodes de rébellions urbaines avaient commencé, dans la région lyonnaise, deux décennies auparavant.
Le 6 octobre 1990, une moto, le conducteur et son passager, sont percutés par une voiture de police. Le passager, Thomas Claudio, un jeune handicapé, meurt. Cet événement dramatique déclenche la colère des jeunes de Vaulx-en-Velin. Ce n'est pas le premier mort dans des conditions semblables : une dizaine de jeunes ont été tués par la police ou la gendarmerie dans la région lyonnaise depuis 1981.
À Vaulx-en-Velin, le 6 octobre 1990, des affrontements avec la police ont lieu le soir même après la mort de Claudio ; le lendemain, ils s'étendent de la ZUP du Mas du Taureau jusqu'au nouveau centre-ville avec l'incendie et le pillage du centre commercial. Le 8 octobre 1990, Le Progrès de Lyon écrira « Neuf ans après Vénissieux, la maladie des banlieues n'est toujours pas guérie ». La situation dans les banlieues est assimilée à une maladie et l'allusion est faite aux rodéos des Minguettes à Vénissieux dans l'été 1981 qui avaient conduit à définir une politique publique appelée « Développement social des quartiers (DSQ) » confiée à Hubert Dubedout (ancien maire de Grenoble). En 1987, la première convention de développement social des quartiers, entre la ville, la communauté urbaine de Lyon et l'État avait permis de réhabiliter les bâtiments de la ZUP symboles de la modernité, construits au milieu des années 1970 : les façades avaient été ravalées, les logements rénovés, des espaces verts créés entre les immeubles. Reportage télé à la clé, le maire avait inauguré en grande pompe, une dizaine de jours avant la mort de Thomas Claudio, un mur d'escalade pour les jeunes de Vaulx-en-Velin.
Dans le reportage de Soir 3 du 7 octobre 1990, dont les images sont impressionnantes, le maire communiste de Vaulx-en-Velin, Maurice Charrier, met clairement en cause l'inertie des forces de police qui ont mis plusieurs heures avant d'intervenir pour juguler l'émeute. Trois jours plus tard, le Premier ministre Michel Rocard, comme le délégué interministériel à la ville, Yves Dauge, qualifieront les événements « d'incident de parcours » occultant la mort d'un jeune à l'origine des épisodes de rébellions urbaines.
Deux mois plus tard, en décembre 1990, le président de la République François Mitterrand se rendra à Bron, pour des assises sur la politique de la ville organisées par l'association Banlieues 89, créée par l'architecte Roland Castro. Le président dénonce la « ségrégation, celle qui regroupe des populations en difficulté dans les mêmes quartiers, qui rassemble les enfants d'origine étrangère dans les mêmes écoles » et « le mécanisme de l'exclusion ». Quelques jours plus tard est créé un ministère de la Ville dont le premier titulaire sera Michel Delebarre qui prépare une loi d'orientation sur la ville (la LOV) adoptée le 13 juillet 1991. Ainsi est instituée une « question sociale » qui souligne les « handicaps » des quartiers dit « sensibles ».