Meeting du parti communiste à Lyon
Notice
Un meeting a été organisé par la fédération départementale du Parti communiste français à la bourse du travail de Lyon. De nombreux dirigeants nationaux étaient présents, en particulier Jacques Duclos, sénateur et président du Groupe communiste.
- Rhône-Alpes > Rhône > Lyon
Éclairage
Le 1er juin, le Journal Télévisé de 20h, réalisé par des journalistes non-grévistes, présente un reportage sur un meeting de la fédération PCF du Rhône tenu à la Bourse du Travail de Lyon place Guichard. Le phénomène, exceptionnel, surprend, surtout en cette période de grève de l'ORTF : la télévision ne rend jamais compte des meetings du parti communiste français. C'est en fait le contenu du discours de Jacques Duclos, dirigeant du PCF, qui intéresse le gouvernement dans sa gestion, à cette date, de la crise politique. En effet, dans son allocution, Jacques Duclos présenté dans le commentaire du journaliste « comme un orateur de choc du PCF » dénonce violemment le drapeau noir - drapeau de l'anarchie et drapeau du deuil, de la nuit, du désespoir dit–il - et exalte le drapeau rouge « drapeau de l'espoir », alors que les nombreuses images de manifestations de soutien au général de Gaulle mettent toutes en avant le drapeau tricolore. Ainsi les images du meeting sont censées déconsidérer à la fois le mouvement étudiant présenté comme suppôt du drapeau noir et les communistes partisans du drapeau rouge.
Pourtant syndicats et partis de gauche ont adhéré aux élections après la dissolution de l'Assemblée nationale le 30 mai. En effet, après le discours du général de Gaulle, le PCF décide qu'il ira aux élections, présentées comme une victoire par rapport au référendum auquel le pouvoir a été contraint de renoncer : le parti communiste se situe ainsi clairement dans la légalité républicaine ; une déclaration du bureau politique du PCF publiée le 31 mai a appelé à l'union « du drapeau rouge et du drapeau tricolore de la nation ».
Au journal télévisé du 31 mai, Georges Séguy, secrétaire général a déclaré que « la CGT ne gênera pas le bon déroulement des élections. C'est l'intérêt des travailleurs d'exprimer une volonté de changement ». La centrale syndicale refuse de participer à la manifestation organisée par l'UNEF le premier juin, car estime t-elle, cette manifestation est « non seulement inopportune, mais comporte des risques évidents de provocation ». Le communiqué de la direction de la CGT met en valeur la réunion avec les partis de gauche et les organisations syndicales. La CGT est soucieuse de conclure positivement les négociations et de faire reprendre le travail dès que possible. Les contestataires étudiants et salariés opposés à cette position sont eux paralysés par l'annonce de la campagne électorale. L'affrontement tend ainsi à se déplacer de la rue aux urnes comme le souhaite le nouveau ministre de l'Intérieur Raymond Marcellin.
Bibliographie :
- Geneviève Dreyfus-Armand, Robert Frank, Marie-Françoise Lévy et Michelle Zancarini-Fournel (dir.), Les années 68 : le temps de la contestation, Bruxelles/Paris, Complexe, 2000 (2eme édition poche 2008).