L'industrie de la chaussure à Romans
Notice
Romans fabrique des chaussures depuis fort longtemps, elle en est la capitale. Le reportage présente la fabrication de ces chaussures prisées pour leur qualité, du dessin en passant par la peausserie jusqu'au produit fini.
Éclairage
La fabrication des chaussures à Romans remonte au XVe siècle. Installés à l'ouest de la ville près de la rivière et du canal, les tanneurs et mégissiers préparaient les peaux des ovins et des bovins de la région et les tannaient avec des écorces de chênes et de châtaigniers des forêts voisines. Il s'agissait alors d'une production artisanale. Le travail de la chaussure s'appuie donc, depuis plusieurs siècles, sur des savoir-faire et un travail qui s'est industrialisé dans la seconde moitié du XIXe siècle après l'arrivée du chemin de fer, la mécanisation pour une production de masse et l'exportation des produits fabriqués. De grandes maisons comme les entreprises Fenestrier et Jourdan prennent leur essor à la Belle Époque en exportant à l'étranger, du Japon aux États-Unis. Les périodes de crise alternent cependant avec des périodes de prospérité. En 1921, on compte 6000 actifs dans le cuir sur l'agglomération et en 1964 encore 5000.
1964, date à laquelle est effectué le reportage télévisé dans une entreprise moyenne de fabrication de chaussures de Romans, est un moment clé de la transformation de la structure des entreprises romanaises de la chaussure, avec d'une part, une progression de la productivité et une diminution du temps nécessaire à la fabrication d'une chaussure et, d'autre part, l'introduction des premiers capitaux étrangers, américains d'abord et ensuite allemands (Salamander). En effet, le nombre d'entreprises est passé de 200 au début des années 1950 à 80 en 1964, les moyennes et grandes entreprises se maintenant, mais pas les petites structures familiales. L'orientation est toujours définie vers une chaussure de luxe et de qualité (l'entreprise Kelian est fondée en 1960) qui demande plus de main d‘œuvre.
Le reportage montre avec précision tous les stades de la fabrication : de la création dans les bureaux d'étude (avec des salariés en blouse blanche), à la mise sur pièce de carton puis au découpage de la peausserie (à la main ou à l'emporte-pièce) qui est ensuite piquée - par des ouvrières surtout – à la machine. Le directeur ou le patron d'une entreprise de chaussures, interviewé à son bureau de façon très statique, est encadré par des modèles de chaussures de femmes et par des formes en bois sur lesquelles sont montées, pièce par pièce, les chaussures. Celles destinées aux hommes sont plus simples à réaliser et moins sensibles aux aléas de la mode. À Romans est implanté depuis de longues années un centre d'apprentissage devenu lycée des métiers du cuir de la région Rhône-Alpes qui propose des formations en maroquinerie et chaussure.
De 1964 à 1970, dix entreprises moyennes fermeront leurs portes avec une diminution de 1000 ouvriers dans cette période et le déclin s'accentuera à partir de 1970. La création du musée international de la chaussure enclenche un processus de patrimonialisation qui s'efforce de conserver la mémoire de la tradition manufacturière.