L'oscar de l'exportation 1970 attribué à une usine de fixations de skis d'Annecy
Notice
L'oscar de l'exportation 1970 a été remis à l'entreprise Salomon d'Annecy en présence de Maurice Herzog, député maire de Chamonix. Cette distinction est due à une gestion très moderne et une croissance constante de son chiffre d'affaires.
Éclairage
Le 10 octobre 1970, alors que l'ouverture de la saison de sports d'hiver n'est plus très loin, le journal de Rhône-Alpes actualités diffuse un reportage sur la remise de l'Oscar de l'Exportation à la société Salomon. Les images en noir et blanc s'arrêtent longuement sur les ouvriers et ouvrières penchés sur leurs machines, travaillant dans une ambiance de sérieux et de discipline manifeste. Les séquences montrant les mécanismes automatiques s'enchainant, tandis qu'un commentaire sobre égrène, chiffres à l'appui, les performances de l'entreprise et prononce à plusieurs reprises le mot « moderne ». La conquête des marchés étrangers, surtout, fait l'objet d'une attention particulière : avec plus de 68% du marché à l'exportation et 23 pays touchés, la firme implantée historiquement à Annecy depuis 1947 a su s'imposer comme l'un des leaders mondiaux du secteur des articles de sports d'hiver. Les principaux concurrents, Etats-Unis, Allemagne, Suisse et Autriche, sont aussi les meilleurs clients, même si le reportage omet le Japon : l'évocation explicite de ces pays rappelle que les Alpes françaises sont alors d'abord pensées comme un moyen d'attirer les touristes étrangers et non de pousser les Français vers la montagne. D'où, par exemple, les campagnes de promotion à l'étranger menées par l'Union Ski-France, cette association regroupant les principaux organismes intéressés par le marché de la neige : Fédération Française de Ski, Comité des stations françaises de sports d'hiver, Syndicat national des téléphériques, Syndicat national des moniteurs de ski, Syndicat des fabricants d'articles de sports d'hiver, Syndicat des commerçants détaillants en articles de sports d'hiver, groupement des maires des communes concernées, organismes représentant l'hôtellerie des sports d'hiver, et principales chambres syndicales des industries. D'où, aussi, l'utilisation des grandes compétitions internationales et des champions nationaux pour promouvoir le matériel : dès 1959, le « Pool des fournisseurs de l'équipe de France de ski » offre des moyens en équipements, en personnel et en subvention à la FFS. En retour lui est réservée l'exclusivité de l'exploitation des victoires françaises à des fins promotionnelles ainsi que l'utilisation du label France symbolisé par le coq tricolore. Les liens entre ce groupe de producteurs et la FFS se resserrent à l'occasion des Jeux olympiques d'hiver de 1968 organisés à Grenoble : que le reportage se termine par l'image des membres de l'équipe de France sortant de l'usine confirme bien cette association entre les structures sportives et industrielles. L'Etat, de son côté, est doublement intéressé par le poids symbolique des victoires sportives et par les succès de l'économie des articles de sports d'hiver, comme la présence de Maurice Herzog, en sa qualité de Député-maire de Chamonix, vient ici le confirmer.
Le nom de Salomon n'est paradoxalement jamais prononcé dans le reportage, probablement par souci d'équité avec les autres grandes sociétés rhône-alpines du secteur comme Rossignol. Il n'apparaît à l'écran que quelques instants, à l'occasion d'un gros plan sur un emballage où l'on perçoit furtivement le sigle de la célèbre marque. Car, au-delà de la distinction remise à Salomon pour son usine de fixations, le reportage est surtout l'occasion de magnifier la réussite économique d'un secteur où la France est leader mondial et dont les deux-tiers des firmes concernées sont implantées dans l'Isère et les deux Savoie.