L'industrie du ski
Notice
La région Rhône-Alpes possède 35% du marché mondial du ski. Deux entreprises majeures agissent dans ce secteur : l'entreprise Rossignol, premier fabricant mondial, et l'entreprise Salomon. La concurrence est dure et les secrets jalousement gardés.
Éclairage
En janvier 1994, un coup de tonnerre retentit dans la petite ville iséroise de Saint-Etienne de Saint-Geoirs : Dynamic, la plus ancienne société française de matériel de ski, délocalise son usine en Autriche, supprimant au passage 123 emplois. Le magazine d'information de France 3, Rhône-Alpes Première, commun à Grenoble et à Lyon, consacre un reportage à ces déboires économiques, rappelant au passage que les années fastes sont loin puisqu'elles remontent aux Jeux olympiques de Grenoble, en 1968. La marque, qui avait équipé le triple vainqueur Jean-Claude Killy de ses VR 17, les premiers skis conçus selon le modèle de la boite de torsion qui resta longtemps d'actualité, avait alors connu un tel succès qu'elle n'avait pu répondre à la demande et finit par être rachetée par le groupe SOFISPORT en 1973.
Mais dans Rhône-Alpes Première, les commentaires de Laurent Esposito et Berry Sautel suggèrent d'autres difficultés : les trois dernières saisons ont été marquées aussi bien par une météo peu propice dans les Alpes que par la crise économique qui touche les vacanciers. Plus sûrement, c'est le marché même des sports d'hiver qui est arrivé à maturité, et remet en question les perspectives radieuses qui faisaient pourtant consensus quelques années plus tôt. Le nombre de skis vendus stagne, voire décline légèrement depuis une décennie. C'est alors l'occasion de rappeler que les firmes rhône-alpines contrôlent plus d'un tiers du marché mondial du ski et que les effets de la mauvaise conjoncture ont des conséquences économiques significatives au plan local. Sur fond de scène de sports d'hiver, le reportage place d'ailleurs en incrustation le nombre de skis vendus par les principales marques que sont Rossignol, Salomon, Dynamic, Dynastar et Lacroix, et, en parallèle, le nombre d'emplois directs concernés. Il s'achève cependant sur une note plus positive, en s'arrêtant sur les cas de Salomon et de Rossignol, leaders mondiaux pour les fixations et les skis. Les séquences montrant leurs départements Recherche et Développement et les ingénieurs devant leurs écrans d'ordinateur se veulent autant de promesses pour l'avenir. Elles évoquent aussi deux stratégies différentes de ces groupes : pour Salomon, le choix de l'équipement de luxe, à grand coup de Design ; pour Rossignol, le pari de la performance, en équipant les meilleurs skieurs du moment afin de faire de la compétition un banc d'essai et des champions des représentants de sa marque. Le reportage ne dit cependant rien des Jeux olympiques d'Albertville qui se sont déroulés deux ans plus tôt et dont l'impact fut très limité sur les industries locales. Il ne rappelle pas davantage que Rossignol et Salomon développent des stratégies de diversification dans les raquettes de tennis et le golf, par exemple, ou qu'ils équipent autant les skieurs étrangers que ceux de l'équipe de France. Autant de signes que la crise des sports d'hiver n'est pas un épisode passager et que la conviction d'un marché en extension ne tient guère à l'analyse.