Alain Gilles, meilleur basketteur français
Notice
Le basketteur Alain Gilles fait parti des joueurs emblématiques du club de basket-ball de Villeurbanne (ASVEL). Il vient de remporter son cinquième titre de champion de France avec l'ASVEL après leur victoire sur Antibes.
Éclairage
Au printemps 1972, « Les Coulisses de l'exploit», la très populaire émission télévisée d'informations sportives créée onze ans plus tôt par Jacques Goddet, le directeur du journal L'Equipe et Raymond Marcillac, ancien directeur de l'information sur la première chaine et célèbre journaliste sportif qui vit ici ses dernières semaines à ce poste, diffuse un reportage sur celui que l'on considère alors comme le meilleur joueur de basket du pays, le Villeurbannais Alain Gilles. Le reportage, signé Régis Forissier, fait alterner en noir et blanc des séquences de matches, des prises de vue du quotidien du champion et des interviews d'Alain Gilles et de son entourage sportif, professionnel et familial. Il s'attache à célébrer simultanément la réussite sportive du joueur et les grandes valeurs qu'il incarne : simplicité et modestie, travail et rigueur, fidélité au club des origines, plaisir, convivialité et camaraderie, ce dernier terme revenant de façon récurrente dans les commentaires de Jean Raynal. En s'affranchissant de toute nuance ou critique, le reportage réunit ainsi nombre des poncifs sur le sport du début des années 1970. Il fait aussi reposer l'excellence sportive sur l'idéologie du don et la précocité du talent que la qualité d'une éducation familiale sportive contribuerait à faire s'épanouir. Le stéréotype du bon fils est redoublé par celui du bon travailleur quand un hommage appuyé est rendu à son employeur, Raphaël de Barros, un industriel local par ailleurs président du club de l'ASVEL où joue Alain Gilles. Celui-ci, en effet, n'est pas un basketteur professionnel malgré son palmarès. En le filmant au travail dans la chaudronnerie de Raphaël de Barros puis dans le bar qu'il possède, le reportage témoigne du statut semi-professionnel sur lequel le basket-ball français repose encore dans les années 1970.
Tout en reflétant pleinement le statut du basket de l'époque, la trajectoire d'Alain Gilles n'en est pas moins remarquable. Né en 1945 à Roanne où il joue d'ailleurs trois ans, il est en 1972 à son apogée de joueur et est alors élu « meilleur basketteur français du XXe siècle » par un panel de joueurs, entraîneurs et journalistes. Avec un poids de 75 kilos et une taille relativement modeste d'1,88 m à un moment où les double-mètres sont déjà fréquents dans les équipes, sa valeur tient surtout dans son intuition, sa rapidité et sa technique. Champion du monde militaire à 19 ans, il entre à l'ASVEL en 1965 où il fait toute sa carrière sportive en contribuant à imposer durablement le club comme le meilleur du pays. Il remporte en effet deux coupes de France en 1965 et 1967 et devient champion de France en 1966, 1968, 1969, 1971, 1972, 1975, 1977 et 1981, tout en étant consacré meilleur joueur de championnat en 1964, 1965, 1967, 1968, 1969, 1971, 1972 et une dernière fois en 1975. Il cumule 177 sélections en équipe nationale et joue à huit reprises en équipe d'Europe. Dès le début des années 1970, le joueur-capitaine de l'ASVEL participe à la préparation de ses coéquipiers ; il devient entraineur à part entière en 1980 et conduit le club au titre national dès l'année suivante. En 1990, il part finalement entraîner Montpellier pour trois saisons. A l'ASVEL, sa légende demeure cependant intacte. Son numéro 4 est d'ailleurs retiré du lot des maillots, afin que nul ne puisse plus le porter après lui.