Réception en l'honneur du professeur Néel
Notice
Ce matin, le professeur Louis Néel a été honoré par la ville de Grenoble. Une réception s'est tenue avec le préfet, le maire et bien d'autres personnalités ainsi que ses collaborateurs directs. Il a reçu du maire, Hubert Dubedout, la médaille d'or de la ville.
- Rhône-Alpes > Isère > Grenoble
Éclairage
Louis Néel a reçu le prix Nobel de physique (partagé avec Hannes Alfvén) en 1970 pour ses travaux sur « l'antiferromagnétisme et le ferromagnétisme ». La réception donnée en son honneur à Grenoble est l'occasion de rappeler le rôle déterminant joué par ce scientifique dans le développement du pôle scientifique grenoblois et de célébrer l'alliance entre science et industrie comme base de l'essor de la ville. Comme nombre de Grenoblois, Louis Néel n'en est pas originaire (il est né à Lyon en 1904). Ce sont les péripéties du repliement, en 1940, de l'Université de Strasbourg où il était professeur qui l'amènent à s'installer à Grenoble, où les liens recherche/industrie existaient déjà mais à un niveau encore modeste. Son choix d'y rester après la guerre repose sur le pari qu'il est possible, dans un monde universitaire alors extrêmement centralisé, de créer en province un nouveau pôle de recherche s'appuyant sur des recherches fondamentales et appliquées en lien avec les industries locales et d'autres secteurs notamment militaires. Louis Néel favorise la recherche sur contrat et la création de sociétés d'exploitation des brevets. En 1948, la création de la SAMES, société d'électrostatique industrielle, est directement issue des travaux de Noël Felici, puis Louis Néel lui même participe avec Ugine à la mise sur pied d'Ugimag, en application de ses travaux sur le magnétisme, alors que Louis Weil travaille avec l'Air Liquide sur des liquéfacteurs de gaz. Louis Néel impulse donc une dynamique à la fois scientifique et institutionnelle. C'est le temps de la naissance des grands laboratoires publics comme du transfert de laboratoires parisiens, et aussi de l'obtention des premiers grands équipements de recherche fondamentale. Louis Néel joue un rôle déterminant dans l'obtention, en 1956, de la création du Centre d'étude nucléaire de Grenoble (CENG), le premier centre nucléaire de province qui permet de lancer des formations et des recherches en Génie Atomique qui irrigueront dans de nombreux secteurs. En 1967 est créé le Laboratoire d'électronique et de technologie de l'information (LETI) qui aura des retombées industrialisantes majeures via la création de la société EFCIS dont procédera l'installation à Grenoble de ST Microelectronics. Louis Néel met également ses relations au service de l'installation de laboratoires internationaux, comme l'Institut Laue Langevin (ILL), né d'une coopération franco allemande, en 1967.
Le pari des années d'après guerre a donc été largement gagné. A partir des années 1970, Grenoble fait partie des premiers centres de recherche français, dans les domaines de la physique du solide, puis du nucléaire, de l'informatique et aujourd'hui des bio et nanotechnologies et des nouvelles technologies énergétiques.