Réception en l'honneur du professeur Néel

19 décembre 1970
03m 03s
Réf. 00365

Notice

Résumé :

Ce matin, le professeur Louis Néel a été honoré par la ville de Grenoble. Une réception s'est tenue avec le préfet, le maire et bien d'autres personnalités ainsi que ses collaborateurs directs. Il a reçu du maire, Hubert Dubedout, la médaille d'or de la ville.

Date de diffusion :
19 décembre 1970
Source :

Éclairage

Louis Néel a reçu le prix Nobel de physique (partagé avec Hannes Alfvén) en 1970 pour ses travaux sur « l'antiferromagnétisme et le ferromagnétisme ». La réception donnée en son honneur à Grenoble est l'occasion de rappeler le rôle déterminant joué par ce scientifique dans le développement du pôle scientifique grenoblois et de célébrer l'alliance entre science et industrie comme base de l'essor de la ville. Comme nombre de Grenoblois, Louis Néel n'en est pas originaire (il est né à Lyon en 1904). Ce sont les péripéties du repliement, en 1940, de l'Université de Strasbourg où il était professeur qui l'amènent à s'installer à Grenoble, où les liens recherche/industrie existaient déjà mais à un niveau encore modeste. Son choix d'y rester après la guerre repose sur le pari qu'il est possible, dans un monde universitaire alors extrêmement centralisé, de créer en province un nouveau pôle de recherche s'appuyant sur des recherches fondamentales et appliquées en lien avec les industries locales et d'autres secteurs notamment militaires. Louis Néel favorise la recherche sur contrat et la création de sociétés d'exploitation des brevets. En 1948, la création de la SAMES, société d'électrostatique industrielle, est directement issue des travaux de Noël Felici, puis Louis Néel lui même participe avec Ugine à la mise sur pied d'Ugimag, en application de ses travaux sur le magnétisme, alors que Louis Weil travaille avec l'Air Liquide sur des liquéfacteurs de gaz. Louis Néel impulse donc une dynamique à la fois scientifique et institutionnelle. C'est le temps de la naissance des grands laboratoires publics comme du transfert de laboratoires parisiens, et aussi de l'obtention des premiers grands équipements de recherche fondamentale. Louis Néel joue un rôle déterminant dans l'obtention, en 1956, de la création du Centre d'étude nucléaire de Grenoble (CENG), le premier centre nucléaire de province qui permet de lancer des formations et des recherches en Génie Atomique qui irrigueront dans de nombreux secteurs. En 1967 est créé le Laboratoire d'électronique et de technologie de l'information (LETI) qui aura des retombées industrialisantes majeures via la création de la société EFCIS dont procédera l'installation à Grenoble de ST Microelectronics. Louis Néel met également ses relations au service de l'installation de laboratoires internationaux, comme l'Institut Laue Langevin (ILL), né d'une coopération franco allemande, en 1967.

Le pari des années d'après guerre a donc été largement gagné. A partir des années 1970, Grenoble fait partie des premiers centres de recherche français, dans les domaines de la physique du solide, puis du nucléaire, de l'informatique et aujourd'hui des bio et nanotechnologies et des nouvelles technologies énergétiques.

Anne Dalmasso

Transcription

Journaliste
Le Préfet Monsieur Vaudeville, Le maire Monsieur Dubedout, Le Recteur Monsieur Niveau, les collaborateurs directs du Professeur Néel, étaient au côté de ce dernier, qui était accompagné de sa femme. Grenoble a honoré ce matin son homme de sciences en présence de très nombreuses personnalités et élus parlementaires, officiers et aussi simples grenoblois. Le premier discours fut prononcé par l’adjoint de Monsieur Néel au CENG, Monsieur [Balingant] qui déclarat notamment :
Intervenant 1
Je voudrais simplement vous dire ici que vos larges vues sur tous les problèmes scientifiques, les hautes fonctions que vous exercez dans de nombreux conseils scientifiques de France, de l’Otan et d’autres organisations scientifiques internationales font de vous un guide très sûr pour nous tous.
Journaliste
Monsieur [Félicie], collaborateur direct du prix Nobel parle au nom du CNRS et de la Faculté des Sciences, puis ce fut au tour du recteur, Monsieur Niveau.
Intervenant 2
Homme de sciences et homme d’action. Le Professeur Néel a pris une part déterminante dans cette collaboration efficace qui, quoi qu’on dise est essentielle pour le progrès scientifique et technique. Et donc, pour le développement de l’économie du pays. Si Grenoble attire plus facilement que d’autres métropoles des industries nouvelles aujourd’hui et demain, c’est en partie grâce aux succès de ses chercheurs et aux effets d’entraînement réciproque entre recherche scientifique et développement de l’appareil productif.
Journaliste
Après un intermède musical, le Maire de Grenoble, Monsieur Dubedout prit la parole à son tour.
Hubert Dubedout
Il s’est trouvé que Grenoble vous a choisi, ou plus exactement que vous avez choisi Grenoble. Il s’est trouvé que votre destin a été lié à celui de la ville. Il s’est trouvé que la population de Grenoble vous a permis de rassembler autour de vous des collaborateurs de choix, de développer des recherches et de trouver dans votre environnement un climat favorable pour développer dans l’industrie les recherches et inventions que vous aviez mises au point dans vos laboratoires.
Journaliste
Consécration de la cérémonie, le Maire devait remettre au Professeur Néel la médaille d’or de la ville, ainsi qu’une gerbe de roses à Madame Néel. Le savant a été visiblement ému par tout ceci, on devait le sentir dans les remerciements qu’il prononçat ensuite, rappelant les origines historiques de l’installation de la science à Grenoble. Il devait déclarer notamment,
Louis Néel
Ces réalisations n’ont été possibles que grâce aux conditions favorables que j’ai rencontré dès mon arrivée ici depuis 1940. Je suis heureux justement d’avoir l’occasion de remercier tous ceux qui ont permis cette œuvre.
Journaliste
Cérémonie simple et émouvante après les grandes manifestations de Stockholm. Une ville entière a rendu hommage à l’un de ses plus illustres hommes.