La maison de la Culture de Grenoble
Notice
A l'occasion de l'inauguration de la maison de la Culture de Grenoble, André Wogenscky, l'architecte, présente le bâtiment. Il appuie sur l'importance de la fonction du lieu dans la création des espaces.
- Rhône-Alpes > Isère > Grenoble
Éclairage
La maison de la Culture de Grenoble a été construite dans le contexte de la modernisation de Grenoble qui a précédé l'organisation des Jeux Olympiques d'hiver de 1968. Implantée au sud du centre ville sur un territoire alors peu bâti, sa construction fait partie d'un vaste plan d'extension urbaine incluant le quartier de la Villeneuve. Cet édifice a été réalisé dans le cadre des maisons de la culture dont le principe a été lancé par André Malraux, ministre chargé des Affaires culturelles entre 1958 et 1969. Jusqu'alors les maisons de la Culture avaient été implantées dans des bâtiments existants. Elles se distinguaient des maisons des jeunes et de la culture, apparues aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale avec des objectifs sociaux autant que culturels. Les maisons de la Culture, elles, ambitionnaient de mettre le public de toutes les villes françaises en contact direct avec les œuvres originales et le spectacle vivant. Fleurons de la politique culturelle de la Ve République, elles avaient pour mission de diffuser largement l'art afin de résister face aux pratiques visuelles et culturelles issues du cinéma et de la musique populaires. Ainsi que l'indiquait André Malraux à Grenoble dans son discours d'inauguration du 3 février 1968 : « Supposons que la culture n'existe pas. Il y aurait les yé-yé, mais pas Beethoven ; la publicité, mais ni Piero della Francesca ni Michel-Ange ; les journaux, mais pas Shakespeare ; James Bond, mais pas le Cuirassé Potemkine ni la Ruée vers l'or ».
Commandée en juillet 1965, la maison de la Culture de Grenoble est remise à la ville le 22 décembre 1967. André Wogenscky a été choisi par André Malraux pour en être l'architecte. Très proche collaborateur de le Corbusier pendant près de vingt ans, il a pris son indépendance en 1956 et réalisé des programmes très divers jusqu'en 1995. Héritier du mouvement moderne, son architecture épurée fuit le spectaculaire et l'anecdotique. Pourtant, à Grenoble, il conçoit un vaste édifice dont la façade principale courbe évoque la proue d'un grand navire. Il sera d'ailleurs rapidement rebaptisé Le Cargo. Surmontée de deux volumes noirs, cette grande coque presque aveugle, toute caparaçonnée de blanc est surélevée sur un haut podium à degré. Cette composition impressionnante ne devait cependant pas intimider le public. La rigueur de sa conception et la modernité de son image séduisit la population d'une ville en plein essor. A l'intérieur, les espaces d'accueil renoncent à toute monumentalité et au faste. Très vastes, ils offrent des lieux de convivialité sociale. Le béton brut de coffrage alterne avec le bois. Restreinte au blanc, au noir et au rouge, la polychromie est radicale. Outre une discothèque et une bibliothèque, de nombreux espaces d'expositions et de réunion, trois salles de 1250, 500 et 350 places accueillent les différents types de spectacles proposés. Celle qui est dédiée au théâtre présente l'originalité de disposer d'un plateau tournant qui permettait, quand il était encore en fonction, de modifier l'orientation de tous les fauteuils en dirigeant l'attention de l'ensemble des spectateurs dans la même direction.
La réalisation de la maison de la Culture de Grenoble fut couronnée de succès. Dès son ouverture, elle comptait 20 000 adhérents qui participèrent avec enthousiasme aux spectacles parfois très avant-gardistes qui leur étaient proposés. Sa programmation audacieuse mettait l'art à portée de tous, une idée que mai 1968 avait largement étendue. Une opération de restructuration et d'extension a été conduite par l'architecte Antoine Stinco associé à Jean Lovera après un concours organisé en 1997. Pourvue d'une nouvelle aile, la nouvelle Maison de la culture de Grenoble a été inaugurée en 2004 et a été rebaptisée MC2.
Voir le site du Ministère de la Culture et de la Communication pour accéder au discours d'André Malraux.