Le lac d'Annecy, le plus propre de France
Notice
Le lac d'Annecy est devenu un modèle pour l'Europe entière. Plus de 400 km de collecteurs ont été mis en place pour récupérer les eaux usées. Des scientifiques étudient quotidiennement l'eau du lac qui s'avère ainsi le plus propre de France.
Éclairage
Dans les années 1940-1950, les riverains du lac d'Annecy réalisent que le lac est gravement menacé d'euthrophisation, c'est-à-dire d'un enrichissement des eaux en sels et minéraux nutritifs (phosphates, nitrates, etc.) qui entraine un développement excessif d'algues et un appauvrissement en oxygène. Ceci s'explique par le rejet de détergents, de fertilisants agricoles, d'industries chimiques et d'eaux usées. En 1943, le professeur Hubault est le premier à lancer un cri d'alerte. Dans les années suivantes, il est fortement relayé par le docteur Servettaz, conseiller municipal et infatigable militant de la protection du lac, mais aussi par des groupes de pêcheurs et par le Conseil supérieur d'Hygiène de France. Certains élus prennent également conscience des problèmes grandissants liés à l'assainissement des eaux usées de leur commune en croissance démographique. C'est le cas de Charles Bosson, maire d'Annecy à partir de 1954.
Du fait de ces constats, huit communes adoptent une position novatrice pour l'époque : le 15 juillet 1957, Annecy, Annecy-le-Vieux, Cran, Seynod, Veyrier, Menthon, Talloires et Sevrier créent le Syndicat Intercommunal des Communes Riveraines du Lac d'Annecy (SICRLA). L'organisme s'est ensuite appelé SILA (et a regroupé jusqu'à 22 communes). Depuis 2001, il s'est transformé en Syndicat Mixte du Lac d'Annecy regroupant 113 communes.
À l'origine, l'objectif du syndicat est de sauver le lac en collectant l'ensemble des eaux usées et en les conduisant à l'aval du lac pour y être traitées. Dès lors débutent des travaux de création d'un collecteur de ceinture autour du lac (d'une longueur de 42 km) et d'une station d'épuration. Celle-ci est achevée en 1963, réaménagée à deux reprises dans les années 1970 avant d'être remplacée par une nouvelle station de traitement des eaux baptisée « Siloe » (inaugurée en 1997). Le lac est alors ceinturé de plus de 400 km de collecteurs d'eaux usées et d'une quarantaine de stations de pompage permettant le rejet des eaux épurées dans le Fier. En 2009 ces chiffres sont portés à 1200 km de collecteurs et 66 stations.
Dans les années 1960, d'autres projets viennent compléter la collecte d'eaux usées. Ainsi, en 1962, le SILA décide d'étendre sa vocation initiale au traitement des ordures ménagères. Puis, à partir de 1966, un suivi scientifique du lac est mis en place avec l'INRA et permet depuis une mesure annuelle de la qualité des eaux. Par la suite, d'autres études ont été menées : observations d'espèces de poissons, étude de l'abondance et de la survie du plancton (en lien avec une bonne oxygénation de l'eau), études sur la végétation littorale (dans les « roselière ») ou la végétation aquatique. Le SILA s'est également doté de compétences en termes d'aménagements et de classements d'espaces protégés en bordure du lac (deux réserves naturelles par exemple).
À la fin des années 1970, les relevés scientifiques montrent que le lac d'Annecy est redevenu « oligo-mésotrophe » : les éléments nutritifs y sont en quantité convenable ; on y note une présence satisfaisante de plancton. Ses eaux sont claires, bleues et bien oxygénées. Dans les années 1980, le retour d'espèces de poissons nobles (comme l'omble chevalier) est attestée. La ville, récompensée par divers prix internationaux (en 1972, le prix européen de protection de la nature est remis à Charles Bosson), s'enorgueillit alors des résultats des efforts entrepris. L'office de tourisme communique autour des slogans « Annecy, lac pur » puis « Lac d'Annecy, l'Oxygène à la source ». Pollué par la négligence humaine, le lac d'Annecy est ainsi redevenu un lac « pur » grâce à l'action de l'homme. Cependant, il reste à sa merci comme l'illustre, en 2008 la découverte d'une teneur anormalement haute de PCB (polychlorobiphényle) dans les chairs de poissons du lac. Cette pollution n'est pas propre au lac d'Annecy : elle touche la plupart des cours d'eau français. Elle rappelle cependant qu'en termes de pollution des eaux, une surveillance permanente et efficace doit être associée à une politique de prévention et à une bonne information des citoyens.