Les gorges de l'Ardèche, une réserve naturelle
Notice
Les gorges de l'Ardèche viennent d'être classées réserve naturelle. Les opinions sur cette décision divergent. Certains pensent que c'est une protection du site, pour d'autres cela entraîne un afflux de touristes et de nombreux problèmes au niveau des droits de propriété.
- Rhône-Alpes > Ardèche > Bidon
Éclairage
La réserve naturelle des gorges de l'Ardèche, rivière qui a donné son nom au département qu'elle arrose, est située au sud-est de la région Rhône-Alpes. Sur son cours inférieur, l'Ardèche a creusé un plateau calcaire et formé un canyon de trente kilomètres de méandres plus ou moins resserrés entre les communes de Vallon-Pont-d'Arc et Saint-Martin-d'Ardèche : ce sont les gorges de l'Ardèche, célèbres pour le site exceptionnel du Pont d'Arc, où le cours d'eau a pénétré la roche et formé une arche de calcaire de 60 mètres de haut sous laquelle la rivière s'écoule. Les gorges, les versants et les plateaux qui les bordent constituent une destination de loisirs et de tourisme aux intérêts multiples, particulièrement sportifs. D'anciennes voies de communication et des sentiers nouveaux sont peu à peu ouverts à la randonnée ; relativement calme, la rivière présente des rapides qui attirent les amateurs de canoë, de kayak et de rafting. De nombreuses galeries et rivières souterraines ont formé des gouffres (avens) et des grottes qui comblent les spéléologues, certaines d'entre elles sont équipées et ouvertes à la visite (aven Marzal, aven d'Orgnac, grotte de la Madeleine...). L'existence de grottes ornées datant du Paléolithique témoigne de l'implantation précoce de l'homme sur ce territoire ; en 1994, la découverte de la grotte Chauvet, située sur la commune de Vallon-Pont-d'Arc, rare témoignage d'art pariétal du Paléolithique supérieur, et l'ouverture de sa reconstitution ont contribué à renforcer l'attractivité des gorges.
Unique en France, le site du Pont d'Arc est popularisé par des gravures dès le XVIIIe siècle, cependant l'isolement des gorges, à l'écart des voies de communication, la difficile accessibilité des villages, longtemps reliés entre eux par des chemins muletiers ou par la rivière expliquent l' « invention » tardive du site. Le développement des loisirs et de la pratique sportive de masse, pendant les Trente Glorieuses, ont provoqué l'exploitation du site, marqué par l'ouverture d'une route sur la rive droite, en 1960, et l'aménagement de belvédères. Tout au long des années 1960 et 1970 la fréquentation a décuplé, l'équipement des gorges s'est orienté vers le tourisme de masse (« tourisme industriel » dit l'un des interviewés de l'émission) essentiellement saisonnier : ouverture de campings, locations d'embarcations, organisation des « descentes », multiplication de commerces, plus récemment équipement des parois pour l'escalade, saut à l'élastique... devenu ressource essentielle des populations locales mais aboutissant à une sur-exploitation. La surfréquentation et ses impacts sur l'environnement ont motivé la mise en place d'une protection : le 14 janvier 1980 a été créée par décret la réserve nationale des gorges de l'Ardèche sur 1 575 hectares et huit communes (six en Ardèche et deux dans le Gard).
Le classement en réserve naturelle interdit théoriquement toute destruction et toute modification du milieu. Cependant, le règlement intérieur de la réserve nationale des gorges de l'Ardèche, élaboré et validé en 2001, après le tournage de l'émission de FR3, concerne seulement les activités de pleine nature, plus précisément les modalités de circulation des embarcations, d'accès aux grottes et cavités et de la pratique de l'escalade. La protection de l'écosystème, de la faune et de la flore est gérée par des contrats Natura 2000 dans le cadre du réseau de protection initié par l'Union européenne. L'émission « Objectif », tournée cinq mois après la création de la réserve, donne la parole aux habitants et aux acteurs : elle souligne la perplexité, voire l'hostilité suscitées par la réserve qui, au-delà d'une confrontation entre le local et l'État centralisé, peuvent être attribuées au manque d'information, à une coordination insuffisante, à une interprétation opportuniste des mesures de protection. Si les rapports sociaux décrits par l'émission peuvent aujourd'hui paraître caricaturaux (chasseurs vs écologistes, sentiment de dépossession, illégitimité de l'intervention de l'État...), elle restitue pourtant fidèlement le contexte ardéchois de la fin du XXe siècle.
Voir le site des gorges.