Le remembrement du Bassin de Thau (muet)
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Résumé
Sur l’étang de Thau, afin de faire face au développement anarchique des tables conchylicoles qui empiètent sur l’espace de pêche, l’État met en place un remembrement et une nouvelle organisation des parcs à huîtres. En 1968, un certain nombre de pêcheurs qui ont obtenu des tables d’élevage en compensation de la perte de territoires de pêche et sont devenus ostréiculteurs, se regroupent en coopérative.
[Sujet muet]
Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
18 déc. 1971
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Contexte historique
ParBiologiste Marin, Ostréiculteur
En 1941, l’installation des structures d’élevage (tables conchylicoles) sur la lagune de Thau, est freinée par une décision gouvernementale de ne plus délivrer de concessions sur le Domaine Public Maritime. A ce moment-là, les tables de tailles différentes, mal alignées, occupent cinquante-huit concessions proches du rivage de Bouzigues. Après la guerre, le développement s’accélère, éloignant les parcs du rivage et des sources de pollution, mais restant tout à fait anarchique : c’est ce que montrent les zones grisées des cartes présentées dans la vidéo. Les pêcheurs commencent alors à se plaindre du préjudice que leur porte l’implantation des tables qui empiètent sur leur espace de pêche.
En 1950, plus de dix pour cent de la population active du pourtour du bassin de Thau s’intéresse à cet élevage et 150 hectares sont concédés à la conchyliculture entre Bouzigues et Mèze puis vers Marseillan. La même année, la première épizootie parasitaire touche l’huître plate européenne (Ostrea edulis), qui, produite à plus de mille tonnes dans l’étang, cède la place à la production de moules (Mytilus galloprovincialis), en attendant l’arrivée de l’huître portugaise (Crassostrea angulata). On prend alors conscience que l’attribution aléatoire et fantaisiste des concessions, qui formaient alors un ensemble trop compact, empêche les eaux de bien circuler autour des tables d’élevage, ce qui nuit au bon développement des huîtres.
A partir de 1961 et pendant dix ans, une négociation s’engage entre l’administration, les pêcheurs - de plus en plus nombreux à s’intéresser à cette activité lucrative- et les conchyliculteurs, pour accroître les secteurs concédés, sans aboutir à un accord de compensation pour la perte de surface de pêche des 1300 pêcheurs alors en activité sur l’étang. En mai 1968, au cours d’une manifestation, ils séquestrent l’Administrateur des Affaires Maritimes, représentant de l’État. Le Préfet fait alors intervenir les gendarmes mobiles pour les expulser, mais les pêcheurs en colère décident de boucher le canal du Rhône à Sète en y jetant des pavés pendant la nuit, créant ainsi une barricade immergée qui empêchera la navigation des péniches. La situation se débloque le 29 juin 1968 : en compensation de la perte des territoires de pêche, concédés aux conchyliculteurs, ils obtiennent 340 concessions de 2 tables d’élevage chacune.
Mais comment gérer ces 340 concessions ? Il est alors décidé de former une association coopérative pour éviter un morcellement privé de cet acquis. Créée le 18 août 1969, la Coopérative des 5 Ports assure depuis cette date l’allocation des concessions entre les coopérateurs et prend en charge, vis-à-vis du Crédit Maritime, la totale responsabilité des prêts consentis pour l’installation des tables. Le coopérateur apporte 20% du prix de la table et rembourse chaque mois la somme restante. À son départ à la retraite ou lors de sa cessation d’activité, le capital lui est reversé et la concession remise dans le pot commun.
Le remembrement des tables conchylicoles est mis en place au début des années 70 et l’exploitation des nouvelles tables commence en 1971. Comme le montrent les cartes de la vidéo, les concessions sont désormais espacées et alignées. Cette nouvelle organisation, qui demanda une dizaine d’années, permet une meilleure circulation des eaux entre les parcs.
Si en 1987, 750 pêcheurs étaient encore déclarés, il en reste seulement 150 en 2020. La Coopérative des 5 ports a donc dû s’ouvrir à d’autres exploitants, non pêcheurs, mais, après 50 ans de bon fonctionnement, elle continue à faciliter l’installation de jeunes professionnels.
Actuellement, 501 exploitants élèvent des huîtres et des moules sur 1/5 de la surface de l’Etang de Thau : 2496 tables d’élevage sont implantées, dont 660 gérées par la Coopérative des 5 Ports. A partir des années 80, l’élevage d’une nouvelle huître creuse du Pacifique (Crassostrea gigas), importée au début des années 70 supplanta celui des moules qui dominaient jusqu’alors. Près de 15 000 tonnes d’huîtres étaient produites dans le bassin de Thau au milieu des années 90 mais les diverses crises environnementales et particulièrement celle liée à la mutation d’un virus fit chuter cette production à 6 000 tonnes en 2008. Depuis 2019, 20 % des tables ne sont plus exploitées.
Bibliographie
- Hélène Morsly, Bassin de Thau, une histoire coopérative. Les Cinq ports, une expérience unique en France, Poussan, Ed. Mémoires & Territoires, 2021.
Transcription
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