Sauvetage de la plage à Valras
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Résumé
A Valras, la mer gagne du terrain. Pour préserver la plage, la municipalité fait aménager des brise-lames pour lutter contre l’érosion qui ronge le littoral. Le maire déplore le manque d’investissement de l’État et de l’Europe.
Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
15 mars 1992
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Contexte historique
ParDirectrice du Tourisme, du Maritime et de l’Eau, Département de l’Hérault
En 1992, la commune de Valras réalise d’importants travaux de protection du littoral. Quatre ouvrages linéaires en enrochement, nommés brise-lames, sont ainsi aménagés en mer parallèlement au rivage, pour lutter contre l’érosion qui sévit sur cette station balnéaire depuis plusieurs années. Il s’agit, selon les termes du reportage, de sauver la plage, ce patrimoine naturel absolument indispensable à l’économie touristique régionale.
Le littoral héraultais, majoritairement constitué de côtes sableuses basses, est en perpétuel mouvement. Le trait de côte, qui matérialise l’interface entre le rivage et la mer, avance ou recule sous l’effet de divers phénomènes naturels : les courants marins, les tempêtes, le vent et les variations du niveau de la mer. Les stocks de sable disponibles en mer et circulant le long des côtes provoquent, selon les conditions locales, soit un engraissement de la plage, soit son érosion. Ce transit sédimentaire est cependant fortement influencé par les aménagements réalisés le long des cours d’eau ou du littoral.
Ainsi, la construction de grands barrages pour la production d’hydro-électricité dans la période d’après-guerre a considérablement restreint la quantité de sédiments apportés par les fleuves, au premier rang desquels le Rhône. Les extractions massives de granulats dans le lit mineur des rivières, nécessaires à l’urbanisation, ont également contribué au déficit de matériaux en mer. À cela, s’ajoutent les nombreux ouvrages en dur implantés le long du littoral, qui modifient les conditions naturelles du transport de sable.
Si le rivage a connu des variations considérables au cours des millénaires et des siècles passés, l’accélération de l’érosion le long de nos côtes urbanisées et attractives grâce à leurs plages, constitue un défi majeur pour les autorités depuis plusieurs décennies. Pour pallier ces difficultés, de nombreux aménagements ont été construits pour protéger localement les ports et les stations balnéaires. Des épis (digues perpendiculaires à la plage) sont érigés à Frontignan dès 1948, quand les premiers brise-lames voient le jour à Carnon en 1969. Témoin de leur importance pour la protection du rivage depuis la Mission Racine, leur nombre a été décuplé en Hérault entre 1960 et 1990. On ne compte pas moins de 160 aménagements maritimes sur notre territoire, soit en moyenne deux ouvrages par kilomètre de côte.
L’effet de ces enrochements est cependant de plus en plus controversé. En premier lieu, ils ne peuvent être considérés comme une solution définitive, car le recul du trait de côte se poursuit même sur les secteurs très ouvragés. D’autre part, le sable stocké au droit de ces constructions n’est plus disponible pour les rivages situés à proximité, dont l’érosion est alors amplifiée.
Le cas de Valras en est une parfaite illustration. Cette commune, née en 1931 d’une séparation de la commune de Sérignan et prisée pour son tourisme balnéaire bien avant la Mission Racine, implante en 1935 une jetée en rive droite de l’Orb pour faciliter la sortie des bateaux de pêche. En 1965, un aménagement similaire est réalisé en rive gauche, et la première jetée est prolongée en 1970 pour sécuriser le nouveau port de plaisance. Les effets de ces deux ouvrages de plusieurs centaines mètres de long ne tarderont pas à se manifester.
Lors de la très forte tempête maritime de 1982, des dégâts importants sont observés à Valras : intrusions marines au sein des maisons et perte de la plage sur 400 mètres à l’ouest de l’Orb. Le sable, qui circule d’est en ouest sur ce secteur, se bloque contre la jetée de rive gauche, engraissant la plage des Orpellières au détriment du secteur urbanisé. La ville décide alors de construire un premier brise-lames d’une longueur de 200 mètres. Bien qu’efficace localement, l’ouvrage produit les mêmes impacts et déplace les effets de l’érosion immédiatement à l’ouest. Entre 1981 et 1989, la plage recule de nouveau de 40 mètres. Une nouvelle tempête, en 1991, motive la création de nouveaux brise-lames, ainsi qu’un rechargement ponctuel en sable, objet de la présente vidéo. Au fil des années, l’érosion se poursuit à l’ouest, à tel point que la commune est maintenant dotée de 13 brise-lames et d’un épi, les dernières constructions datant de la fin des années 2000.
Ainsi, d’année en année, la gestion du trait de côte aura conduit les acteurs locaux à ouvrager l’ensemble du rivage de Valras pour protéger la station balnéaire. Pour autant, le recul du trait de côte continue de progresser. Les effets de ces aménagements sont par ailleurs bien visibles au droit de Vendres, municipalité riveraine de Valras. Malgré la construction, il y a quinze ans, d’une structure immergée pour atténuer les effets de la houle à la jonction des deux communes, l’érosion est sensible dans ce secteur et va s’amplifier. L’absence d’enjeux urbanisés denses sur Vendres ne permet pas d’envisager la protection de son rivage par des ouvrages en dur du fait des réglementations en place. Aménagements qui ne feraient que déplacer l’effet de l’érosion plus à l’ouest.
Si par le passé, la mise en place d’enrochements a été l’un des outils de la lutte contre l’érosion du littoral, les limites de ces constructions et leurs incidences néfastes latérales conduisent à réduire drastiquement le recours à ce type de solution et à envisager la gestion du littoral à une échelle permettant d’appréhender les mouvements de sédiments dans leur ensemble.
Transcription
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Date de la vidéo: 07 sept. 2004
Durée de la vidéo: 03M 17S