Hausse du niveau de la mer à Palavas
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Résumé
Conséquence du réchauffement climatique, le niveau de la mer monte de façon inéluctable. Prenant comme exemple la station balnéaire de Palavas-les-Flots, les chercheurs du BRGM évoquent les conséquences d’une élévation de 1 mètre d’ici 2100. Ils insistent sur la nécessité d’anticiper et de gérer dès aujourd’hui cette perspective.
Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
08 déc. 2009
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Contexte historique
ParDirectrice du Tourisme, du Maritime et de l’Eau, Département de l’Hérault
Ancien village de pêcheurs, la station balnéaire de Palavas-les-Flots a connu son essor grâce à l’engouement pour les bains de mer dès la fin du XIXe siècle. Comptant aujourd’hui 6000 habitants en permanence et 40 000 en haute saison, cette ville touristique se niche entre mer et étangs. Profitant de la 15e conférence mondiale sur le climat (COP 15) qui s’est tenue à Copenhague en décembre 2009, France Télévisions a réalisé un reportage sur la vulnérabilité de cette commune littorale face au changement climatique, eu égard en particulier à la hausse du niveau de la mer attendue dans les prochaines décennies. Nicole Lenôtre et Yann Balouin, spécialistes des risques côtiers au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), évoquent à cette occasion les conséquences d’une élévation estimée à un mètre en 2100, qui submergerait de façon permanente de nombreux quartiers de la cité.
Le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) publié en août 2021, vient confirmer cette tendance. Ce phénomène est la conséquence à la fois de la dilatation des océans en raison de son réchauffement, et de la fonte des glaces. Le niveau marin moyen mondial s’est élevé d’une vingtaine de centimètres entre 1900 et 2018. Au marégraphe de Marseille, où des enregistrements sont réalisés depuis 1885, l’élévation constatée est de 16 cm en un siècle. À Brest, qui dispose d’observations depuis le XVIIe siècle, soit l’une des plus longues chroniques du monde, le niveau de la mer a augmenté de 30 cm en 300 ans. Autre constat partagé, et non moins préoccupant, la montée des eaux s’accélère, évoluant de 1,3 mm par an à près de 4 mm. Les expertises du GIEC précisent d’autre part que, quel que soit le scénario adopté en vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre mondiales, l’élévation du niveau de la mer est inéluctable. Sans efforts pour diminuer les rejets de CO2, elle pourrait atteindre 1 mètre à l’horizon 2100, voire bien au-delà en raison d’incertitudes pesant sur les simulations réalisées.
Interrogés par les journalistes dans le reportage, les habitants et visiteurs de Palavas-les-Flots se sentent peu concernés par ces prévisions de fin de siècle. À l’appui d’une reconstitution par modélisation numérique de la tempête de 1982, les experts du BRGM tentent de sensibiliser élus et population à la vulnérabilité déjà existante de la commune, aux risques naturels, mais aussi aux changements à venir pour les inciter à agir dès à présent. En effet, la submersion marine et la hausse du niveau marin ne sont pas les seuls phénomènes qui menacent cette station balnéaire. Malgré la présence de brise-lames et d’épis en enrochement, le trait de côte est en recul sur une grande partie de son littoral, avec des vitesses d’érosion pouvant atteindre localement 1 à 2 mètres par an. La ville est également traversée par le Lez et entourée de nombreux étangs. En cas de crues du fleuve et de son affluent principal, la Mosson, le niveau des étangs s’élève et engendre de nombreuses inondations, isolant la cité en raison de la submersion des voies de communication.
Aucune solution de protection collective n’a pu être esquissée pour la mise hors d’eau de ce territoire en cas d’événement climatique d’importance, qui peut mêler débordement par la mer, les étangs ou l’impluvium local. Les autorités, dont l’État, le Syndicat du Bassin du Lez et le Département de l’Hérault, promeuvent et financent des équipements de réduction de l’inondabilité du bâti à titre individuel. Ces mesures, de type batardeau ou étage refuge, sont une solution de court à moyen terme pour répondre en partie aux problématiques locales. La sensibilisation des élus et de la population est une autre réponse, car elle permet de mieux comprendre la nature des risques, leur temporalité et leur évolution, et donc d’anticiper leur survenue pour réduire les dommages aux biens et aux personnes. Des actions en ce sens sont entreprises notamment par l’État, les collectivités et le milieu associatif. Le projet de Maison du Littoral porté par le Département de l’Hérault dans le cadre de sa stratégie d’intervention Hérault Littoral s’inscrit également dans cet effort de vulgarisation auprès de tous les publics.
Personne ne sait à ce jour quelle sera la configuration de Palavas-les-Flots à l’horizon 2100. Des réflexions s’engagent, ici comme sur le reste du littoral héraultais, pour imaginer des solutions de réduction de la vulnérabilité sur le court, moyen et long terme des zones côtières. Elles seront nécessairement progressives et itératives, en raison de l’importance des enjeux sociaux, économiques, environnementaux et financiers, et devront mobiliser l’ensemble des acteurs, publics et privés, ainsi que la population.
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
Christophe Carin
Ils sont sûrement bien peu nombreux les vacanciers des bords de plage pour s’imaginer que dans moins de cent ans, allongés sur le sable au même endroit, ils auraient un mètre d’eau au-dessus d’eux.Et pourtant c’est peut-être ce qui nous attend d’ici 2100, une élévation du niveau des mers et des océans en raison en grande partie du réchauffement climatique.Voyez ce reportage à Palavas-les-Flots diffusé dans l’émission Thalassa, réalisé par Catherine Monfajon et Patrick Boileau et l’on en reparle juste après.
Catherine Monfajon
Une poignée de chercheurs disséminés en France se préoccupent dès aujourd’hui de la montée des eaux.Nicole Lenôtre du BRGM, le bureau de recherches géologiques et minières, travaille sur l’impact du changement climatique sur tout le littoral français.Son but est d’évaluer les risques et les solutions possibles pour faire face à une hausse du niveau de la mer d’un mètre d’ici 2100.
Nicole Lenôtre
Donc dès qu’il y a une tempête ça tape ici.Et donc avec un mètre de plus, la dune, elle ne fait plus son effet.
Intervenant
Avec un mètre de plus on a un franchissement de la dune assez facilement.
Nicole Lenôtre
Voilà, elle n’a plus son rôle de barrière naturelle.
Catherine Monfajon
Quel est le souci sur ce genre de lieu ?
Nicole Lenôtre
Dans le cadre d’une élévation du niveau de la mer on parle maintenant classiquement de un mètre.Ces dunes-là ne pourront plus jouer leur rôle lors des tempêtes.Ça veut dire qu’il y aura franchissement très fréquemment.Donc il faut en prendre conscience dès maintenant pour essayer de le gérer, de le gérer et de vivre avec.On ne va pas pouvoir bétonner partout et mettre des digues partout.Donc il faut qu’on sache où c’est fragile, et qu’est-ce qu’on va faire.
(Musique)
Nicole Lenôtre
Ici c’est menacé.Ces maisons en front de mer sont menacées en 2100.C’est un mètre en 2100, c’est pas de suite mais il faut, on a intérêt à anticiper.
Catherine Monfajon
Vu de la plage, tout cela semble bien loin.
Inconnu 1
Alors ben en 2100 ?Je serai mort, ce sera les générations qui viendront après.
Inconnu 2
Un siècle, ben les petits enfants quoi !C’est surtout embêtant pour tous les gens qui habitent au bord de l’eau.
Inconnue 1
Mais bon moi dans 50 ans je ne serai plus là depuis longtemps, alors bon, ça ne m’inquiète pas outre mesure.
Inconnue 2
Si elle monte de un mètre, il ne va plus rien exister autour de nous là.
Catherine Monfajon
Un mètre de plus, ça donnera quoi ?La situation de Palavas-les-Flots inquiète les chercheurs car la ville est cernée par l’eau, d’un côté les étangs, de l’autre la mer.Avec un mètre de plus, certains quartiers seront condamnés.Dans les agences immobilières locales, les maisons les pieds dans l’eau restent les plus demandées et les plus chères.Mais qu’adviendra-t-il de la valeur de ces propriétés dans quelques décennies ?Le secteur de l’immobilier apprécie peu le travail des chercheurs comme Nicole Lenôtre, parfois accusée d’alarmisme.Pointer du doigt les zones à risque est délicat.Encore plus délicat, essayer de limiter leur développement.Alors elle joue la prudence, la tolérance.
Nicole Lenôtre
Je pense qu’on ne peut pas être ayatollah parce qu’il y a des contraintes, il y a des urbanisations, des usines, des tas de choses qui existent dans ces zones-là.Il faut qu’elles continuent à vivre, il faut composer avec ce qu’on a fait dans le passé.Par contre, maintenant qu’on sait, ce n’est pas la peine de continuer à en rajouter.
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