L'érosion du littoral
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Résumé
Les plages du littoral héraultais sont menacées par l’érosion. Chaque année, l’entretien de la plage de Carnon coûte près d’un million d’euros à la commune de Mauguio. Ces dernières années, la solution privilégiée consiste à recharger la plage en sable pour la reconstituer.
Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
27 juin 2015
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Contexte historique
ParDirectrice du Tourisme, du Maritime et de l’Eau, Département de l’Hérault
L’image de carte postale des belles plages héraultaises ne doit pas faire oublier les efforts incessants déployés par les autorités publiques pour entretenir le littoral, et gérer le recul du trait de côte. Ce reportage revient sur les nombreux aménagements réalisés au cours de la décennie passée pour limiter les effets de l’érosion. Au travers de divers exemples de travaux engagés tout au long de la côte, l’enquête expose la stratégie adoptée pour faire face aux éléments naturels. L’effet négatif des ouvrages en enrochement étant clairement démontré, il s’agit avant tout d’accompagner le recul du trait de côte plutôt que de tenter de le fixer par de nouvelles constructions de type épis ou brise-lames.
Au Petit Travers à Carnon, comme sur la côte ouest de Vias ou encore aux Aresquiers à Frontignan, les aménagements ont ainsi privilégié la suppression des « points durs » : routes, habitations légères, mobil-homes, et la restauration du cordon dunaire. Le réensablement et la reconstitution des plages ont accompagné ces projets, en vue de maintenir une zone de baignade suffisante pour maintenir l’attractivité touristique. À Vias, les socio-professionnels interrogés ne partagent pas tous le même point de vue face à l’attitude à adopter. Certains ont préféré céder du terrain et conserver une largeur de plage indispensable à leur commerce, quand d’autres sont restés à tout prix, par un calcul économique de court terme.
En 2018, une tempête a mis cependant à mal l’aménagement fraîchement réalisé. Quelques années à peine après sa reconstitution, le nouveau cordon dunaire a été détruit. Sans doute aurait-il fallu positionner la nouvelle dune plus en retrait. Mais les nombreuses réticences locales ont freiné l’avancement du projet, et seul un tiers du linéaire avait pu être aménagé, laissant des poches d’enrochement fragiliser le reste du dispositif. À Carnon, une partie du sable apporté, depuis la pointe de l’Espiguette au Grau du Roi, est reparti en mer. Même si une part du stock se trouve encore à proximité du littoral, dans les barres dites d’avant-côte, l’impact visuel de la plage rétrécie interroge sur l’intérêt des opérations de rechargement massif en sable.
Les aménagements mis en œuvre dans les années 2000 et 2010 ont cependant permis de gagner du temps, d’engager un premier recul des enjeux tout en accompagnant l’évolution des mentalités. Face à l’érosion qui continue de progresser sur une grande partie du littoral, les avis sur les solutions à apporter divergent. Si tout le monde s’accorde à dire qu’il faut agir et vite, face aux risques côtiers et à l’élévation du niveau de la mer, certains promeuvent encore des solutions pour limiter l’effet de la houle ou retenir le sable, quand d’autres voudraient que seule la réduction de la vulnérabilité des personnes et des biens exposés soit privilégiée.
Mais imaginer un projet de recomposition spatiale n’est pas chose simple. Dans le cadre d’une expérimentation nationale lancée par l’État en 2012, la commune de Vias et la communauté d’agglomération Hérault-Méditerranée ont élaboré un plan de recul stratégique. Se heurtant à des difficultés réglementaires pour sa mise en œuvre opérationnelle mais aussi au manque de consensus autour du projet, ce programme n’a pu aboutir. Le même constat sur les autres territoires d’expérimentation au niveau français a conduit l’État à diligenter différents rapports qui aboutirent au vote, en août 2021, de la loi Climat et Résilience dont l’un des objectifs est de faciliter la recomposition spatiale.
Le devenir des espaces littoraux doit être à présent envisagé en termes de stratégies locales de gestion intégrée du trait de côte promues par la loi. Dans le cadre d’une action de structuration de la gouvernance autour de cette thématique, l’État et la Région invitent les collectivités locales à se regrouper pour mettre en place ces démarches et associer l’ensemble des parties prenantes, y compris les territoires situés bien en arrière de la côte. À travers sa stratégie d’intervention pour le littoral et la mer 2019-2030 Hérault Littoral, le Département de l’Hérault s’inscrit dans cette trajectoire d’adaptation du territoire aux risques côtiers et au changement climatique et porte diverses actions prospectives et innovantes, dont une thèse sur la recomposition spatiale et une réflexion sur l’habitat de demain en zone littorale. C’est par l’effort conjugué de l’ensemble des acteurs, au travers d’expérimentations et de nouveaux modes de penser le rivage, que pourra se bâtir de façon progressive et pérenne le nouveau paysage du littoral héraultais.
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
Isabelle Bris
La plage c’est lisse, c’est propre, c’est zen.Et il suffit de s’allonger dessus pour en profiter.
(Bruit)
Isabelle Bris
Mais l’envers du décor est beaucoup plus agité.Toutes les plages exigent un entretien à l’année, la plupart ont même besoin d’une cure de jouvence régulière sous peine de disparaître.
David Bank
Les gens ne s'en rendent pas vraiment compte, parce que quand ils arrivent et qu’ils posent leur serviette le but ce n’est pas de leur prouver à quel point les collectivités font un bon travail.Mais effectivement ça pèse très lourd dans le budget d’une commune comme Mauguio-Carnon.Ça représente tous les ans près d’un million d’euros de charges.
Isabelle Bris
Et cela, ce n’est rien comparé aux grands travaux car au fil des ans, le vent et la mer mangent la plage et il faut parfois la reconstruire de A à Z.
Tony Rey
L’une des solutions qui a été choisie sur les plages du Petit et du Grand Travers entre La Grande-Motte et Carnon, a été d’effectuer un rechargement artificiel en sable.Ces sables, à partir d’une dragueuse, seront prélevés sur l’avant côte de la plage de l'Espiguette et déversés le long des plages du Petit et du Grand Travers.
(Bruit)
Isabelle Bris
C’est ce qui s’est passé ici en 2008, près d’un million de mètres cubes de sable ont été pompés à la pointe de l’Espiguette et recrachés sur 10 kilomètres de côte entre Palavas et La Grande-Motte.Coût de l’opération, 10 millions d’euros.
Inconnue
Un, deux, trois, quatre, cinq.
Isabelle Bris
Mais cinq ans plus tard, en 2013, la plage du Petit Travers avait déjà rétréci.L’été suivant, en 2014, si l’on tentait la même expérience exactement au même endroit sur la même plage, voilà ce qui pouvait arriver.Aujourd’hui, cette plage a tellement maigri que la paillotte et les poubelles ont dû déménager, pourtant après le grand chantier de ré-ensablement on s’était cru tranquille pour une bonne décennie.
Yvon Bourrel
Si on n’avait pas ré-ensablé, aujourd’hui peut-être serions-nous les pieds dans l’eau au moment où nous faisons ce reportage.Effectivement nous avons pris des premières mesures qui consistaient, après une étude, à dire que le ré-ensablement était une des solutions, c’était la première, la plus naturelle.
Isabelle Bris
Le sable importé est reparti, pas loin mais sous l’eau.Transporté par les courants, le sable est en fait en perpétuel mouvement.S’il s’accumule à certains endroits comme à la pointe de l’Espiguette, en revanche, il a tendance à déserter les plages montpelliéraines.
Tony Rey
En fonction des coups de mer et des tempêtes, ce sable peut partir en arrière en direction des marais et des étangs.Une autre partie de ce sable peut être reprise à la plage et au cordon dunaire et ramenée sur l’avant côte sous la forme de barre littorale.
Isabelle Bris
Et ce sable peut faire office de brise houle, même sous l’eau, une arme supplémentaire contre l’érosion.Mais le hic sur la plage du Petit Travers ce sont surtout ces épis rocheux.
Yann Balouin
Alors les épis ont un effet collatéral supplémentaire, c’est-à-dire qu’on a eu l’installation de ces épis pour protéger la plage.Donc on voit qu’on a gardé une largeur de plage relativement importante au sein de chacun de ces casiers en fait, qu’on a construits.Et puis quand on arrive ici, on a ce grand décrochement.Parce que justement le sable arrivant du sud-ouest, il est piégé par ces différents casiers ;et donc forcément, le sable qui arrive ici il est quasiment inexistant.Et donc comme le sable continue à transiter vers La Grande-Motte, il y a un moment où on a un déficit qui va se créer à ce niveau-là.
Isabelle Bris
Ici, à Carnon, les épis protègent les maisons qui sont en première ligne mais dès qu’ils s’arrêtent c’est fini, on n’a, il n'y a plus de sable.Les épis aggravent donc l’érosion.À Vias, près de Béziers, la situation est encore pire, là c’est toute la plage ouest qui a disparu.
Michel Lacugue
Dans le temps, il y avait de l’érosion pendant l’hiver et puis il y avait des coups de mer qui ramenaient du sable.Donc on voyait ça, tous les ans c’était comme ça.Mais après depuis, il y a longtemps maintenant, il y a peut-être une quinzaine d’années que ça prend du sable mais ça le ramène pas.
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