Gens de Thau : Le rôle d'IFREMER
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Résumé
Dans ce deuxième extrait de Gens de Thau, le rôle de l’IFREMER (Institut de recherche et d’exploitation de la mer) est détaillé. Il contribue à la protection de l’étang et à la surveillance sanitaire des eaux. Un certain équilibre doit être maintenu en permanence afin de préserver la principale activité économique du bassin de Thau : la conchyliculture.
Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
1996
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Contexte historique
ParBiologiste Marin, Ostréiculteur
L’IFREMER (Institut de recherche et d’exploitation de la mer) est né en 1984 de la fusion entre l’ISTPM (Institut scientifique et technique des pêches maritimes) fondé en 1953 et le CNEXO (Centre national d’exploitation des océans) créé en 1967. Il se trouve sous la tutelle conjointe des ministères de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, de la Transition écologique, de l’Agriculture et de l’Alimentation.
Cet Institut de recherche intégrée en sciences marines dispose de deux lieux d’implantation dans l’Hérault. Le premier se trouve à Palavas : il s’agit de la plus grande infrastructure de recherche française spécialisée en pisciculture marine, la troisième d’Europe. Les principaux sujets d’études concernent la génétique, la physiologie de la reproduction, l'immunopathologie et la technologie des systèmes d'élevage utilisant la recirculation de l'eau. Les objectifs sont le bien-être des poissons, la sécurité du consommateur et le respect de l’environnement. À Sète, le Pôle Mer et Lagunes - centre de recherche halieutique et conchylicole – développe une recherche sur la pêche et la conchyliculture, contribuant ainsi à la protection et à la mise en valeur de l'environnement marin et lagunaire.
Les scientifiques se sont intéressés très tôt à cet étang nourricier. Au début du XXe siècle, une étude publiée dans les Annales de l’Institut océanographique de Monaco par Sudry, cartographie les habitats dans l’étang. Elle demeure une bonne référence pour comprendre l’évolution de la lagune sous les influences croissantes de l’urbanisation, de la conchyliculture et du climat. De tout temps les milieux protégés comme les lagunes ont été des lieux d’activités humaines. Utilisées comme voies de communication pour le transport des produits agricoles et miniers vers les ports marins, elles constituaient également des réserves de pêche et de chasse. Depuis le début du XXe siècle la lagune de Thau est exploitée pour la conchyliculture sur 1/5ème de sa surface. Plus récemment, depuis une trentaine d’années, une économie touristique s’est développée autour du plan d’eau. Véritable petite mer intérieure (75 km2), il doit sa richesse en biodiversité aux apports d’eau douce de son petit bassin versant (250 km2) et des villages alentour, mais il subit également les impacts liés aux activités qui s’étendent.
Le trop plein d’apport en azote et phosphore, dû aux rejets des villes et villages qui se sont étalés sur le bassin versant, a affecté le fonctionnement de l’étang. Trop eutrophe (riche en matière organique), son eau était, dans les années 70, préjudiciable aux activités économiques lagunaires (conchyliculture, pêche) du fait de l’impact des malaïgues (mauvaises eaux en Occitan). Face à ce phénomène qui se répétait et à la demande des organisations professionnelles, les pouvoirs publics ont désigné la conchyliculture et la pêche, comme vocations prioritaires du bassin de Thau dans leur politique d’aménagement. La conchyliculture, qui génère 2000 emplois directs, est en effet le 2ème pôle économique agricole de l’Hérault. Ces activités économiques doivent partager l’espace avec les sports nautiques, la navigation, la pêche de plaisance, le tourisme fluvial et les activités portuaires, ce qui provoque quelques conflits d’usage. Les apports du bassin versant sont quant à eux dominés par les apports urbains et marqués par la viticulture.
Le premier (et le seul) Schéma de mise en valeur de la mer (SMVM du Bassin de Thau), mis en place par l’État en 1995, a permis d’engager un vaste programme de travaux en matière d’assainissement autour de la lagune. Il sera suivi de quatre autres contrats qui donneront naissance en 2005 au Syndicat mixte pour le bassin de Thau (SMBT) regroupant les deux agglomérations du bassin et du nord du bassin. Cet organisme se voit également confier la gestion de l’eau à l’échelle du bassin versant. Devant la multiplicité des activités qui se développent sur et autour du bassin de Thau, et le risque d’impacter cet étang « récepteur » , le 4ème Contrat de Thau a abordé la gestion intégrée du territoire. Grâce aux modèles de fonctionnement écologique développés par la recherche (Ifremer, Université de Montpellier), des outils de gestion prédictifs aident à élaborer les plans d’aménagement territoriaux que sont le SCOT du Bassin de Thau (Schéma de cohérence territoriale en 2014), le SAGE (Schéma d'aménagement des eaux en 2018).
Actuellement l’Ifremer, le CNRS (Centre national de la recherche scientifique) et l’Université de Montpellier travaillent à anticiper les effets de l’augmentation de CO2 et de l’acidification des eaux marines dues à l’évolution du climat sur les élevages et leur environnement.
En 2005 le Syndicat mixte du bassin de Thau (SMBT) est créé pour élaborer et gérer l’aménagement du territoire de Thau avec, comme priorité, la préservation de la lagune et de ses activités de pêche et de cultures marines. Actuellement l’Ifremer et le CNRS travaillent à anticiper les effets de l’augmentation en CO2 et de l’acidification des eaux marines sur les élevages et leur environnement, à cause de l’évolution du climat. Une surveillance de la qualité des eaux et des cheptels conchylicoles a été mise en place par le laboratoire Ifremer à la fin des années 1980. C’est à partir de ces résultats que le Préfet peut réglementer la commercialisation des coquillages. Cette surveillance se décompose en plusieurs réseaux :
- Le REMI (Réseau microbiologie) contrôle la qualité sanitaire du milieu de production conchylicole (Escherichia coli) toutes les semaines sur plusieurs stations dans les zones conchylicoles de Thau. Il est à la base du classement sanitaire européen des zones de production conchylicole et de la santé des consommateurs.
- Le REPHYTOX (Réseau phycotoxines) mesure la toxicité des coquillages dans le cadre d’épisodes d’efflorescence de phytoplancton toxique. Certaines toxines peuvent être dangereuses pour la faune marine, d’autres pour le consommateur. Deux phytoplanctons sont particulièrement surveillés dans les lagunes conchylicoles, Dinophysis (toxine diarrhéique) et Alexandrium (toxine paralytique)
- Le REPHY (Réseau phytoplancton et hydrologie) pour surveiller l’état écologique du littoral et évaluer l’impact des évolutions climatiques sur la biodiversité microbiologique, base du fonctionnement des écosystèmes.
- Le ROCCH (Réseau contaminants chimiques) pour connaître les niveaux de contamination chimique du littoral et contrôler la qualité chimique des coquillages.
- Le REPAMO (Réseau pathologie mollusques) suit la santé des mollusques marins.
Remerciements à Laurence Kirsch.
Transcription
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