Jean-Claude Gaudin élu Maire de Marseille
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Le sénateur UDF-PR, Jean-Claude Gaudin, a conquis la Mairie de Marseille à sa troisième tentative et enlève à la gauche un bastion qu'elle détenait depuis 1953. Le futur maire de Marseille évoque les dossiers sur lesquels il compte agir, en particulier celui de la sécurité avec un renforcement de la police municipale. Didier Bonnet, animateur du quartier de La Bricarde, souligne l'acuité du problème du chômage et considère que toute une génération est en sursis. Jean-Claude Gaudin sera attendu sur les dossiers sensibles de la sécurité et de l'emploi.
Date de diffusion :
19 juin 1995
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Enfin ! Le 18 juin 1995, au 2e tour, Jean-Claude Gaudin vient de gagner les élections municipales et le fauteuil de maire, dont rêve depuis longtemps l'enfant de Mazargues, ne peut plus lui échapper. La joie règne donc dans son camp. C'est pour lui, non seulement un rêve qui se réalise, mais aussi la revanche sur les deux élections municipales précédentes au cours desquelles il a été battu, en 1983 - victoire "volée" à ses yeux par Gaston Defferre - et, en 1989, où l'inattendu Robert Vigouroux l'a emporté de haute main. Celui-ci avait en effet obtenu la majorité dans l'ensemble des secteurs de la ville, en dépit de leur redécoupage par la loi du 9 juillet 1987, qui, a priori, en les faisant passer de 6 à 8, devait corriger une situation trop favorable à la gauche. Jean-Claude Gaudin avait même perdu "son" secteur, le 4e, et sa liste, déjà alliée au RPR, avait obtenu à peine plus de 25 % des suffrages.
Pour les élections de juin 1995, Robert Vigouroux a renoncé à se présenter. Il avait été lâché par presque tous ceux qui l'avaient soutenu et qui avaient reporté leurs faveurs sur Bernard Tapie, Mais l'hypothèque Bernard Tapie avait fait long feu. Elle avait été levée à partir du moment où les "affaires" l'avaient rattrapé. La liste d'union de la gauche ("Nouvelle alliance pour tous") était conduite par le président du Conseil général, le socialiste Lucien Weygand, en tandem avec le communiste Guy Hermier, mais elle est concurrencée par une liste PS dissidente menée par Michel Pezet, qui, après avoir été écarté en 1986 et "trahi" en 1989, bien que candidat officiel du PS, entendait prendre sa revanche. À l'extrême droite, le FN paraît moins menaçant et il n'est plus question d'accord avec lui. La voie paraît dégagée pour Jean-Claude Gaudin. Sénateur, président du Conseil régional depuis 1986 (voir Election du président du Conseil régional), il a pu nouer une alliance solide avec le RPR. Son nouveau leader marseillais, Renaud Muselier, a pris acte de la position seconde par rapport à la droite non gaulliste (et souvent antigaulliste) dont l'UDF est héritière et joue le jeu de la complémentarité avec Jean-Claude Gaudin. Les résultats de l'élection présidentielle ont montré la faiblesse du gaullisme, en plaçant Jacques Chirac en quatrième position au 1er tour (derrière Le Pen, Jospin et Balladur), mais la force de la droite puisqu'il a été propulsé largement en tête au 2e tour, le 7 mai avec 55,6 % des suffrages exprimés contre Lionel Jospin.
Au 1er tour des élections municipales, la liste Gaudin-Muselier ("Ambition Marseille") obtient 36, 22 % des voix, soit près de 10 points de plus qu'en 1989 et gagne un secteur (le 4e, celui de Jean-Claude Gaudin). Mais avec 45 % d'abstentions, le risque subsiste d'un scénario identique à 1983 où la droite a perdu, tout en étant majoritaire en voix. Le 6e secteur est essentiel. Michel Pezet (6,04 %) s'est rallié à la liste de gauche (28,7 %). Jean-Claude Gaudin bénéficie du désistement de la liste Roccaserra (vigouristes, ex-GAM, 4,77 %). Le FN, conduit par Ronald Perdomo (21,99 %), se maintient, ce qui ne lui profitera pas puisqu'il perdra des voix.
Le 2e tour, avec plus de 61 % de votants, voit donc la droite prendre 5 secteurs sur 8, ce qui lui donne 55 conseillers contre 37 à la gauche et 9 au FN. On comprend donc la joie des vainqueurs et le titre que choisit le lendemain le quotidien Le Soir (édition du soir du Provençal, le journal de Gaston Defferre) : "Une page d'histoire est tournée", ce qui était vrai, mais en partie seulement. Rupture avec la gauche, sans aucun doute, et Jean-Claude Gaudin, l'un des artisans du redressement de la droite dans la région depuis la fin des années soixante-dix, voit des années de combat récompensées. Il a promis le "changement", la fin de "la spirale du déclin", et le confirme dans l'interview en insistant sur les questions de sécurité et la lutte contre le chômage. Mais Jean-Claude Gaudin reste marqué par l'empreinte de celui dont il a été, à partir de 1965, l'un des conseillers municipaux (et même l'un des adjoints en 1971), Gaston Defferre. Dans les habits de maire, celui-ci reste un modèle, une référence, dont il est difficile de se débarrasser.
L'accession à la mairie de Marseille couronne certainement une vieille ambition. Par ailleurs, elle assoit Jean-Claude Gaudin sur le plan politique national - il sera nommé ministre de la Ville le 8 novembre 1995 et devient l'une des personnalités majeures du PR puis de l'UMP - et régional. Il sera réélu à la tête de la municipalité de Marseille, aisément en 2001 et, plus difficilement, en 2008.
Bibliographie :
Claude Bertrand, Illusions et réalités de la vie politique à Marseille, Paris, Documents Payot, 1998.
Transcription
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