Assassinat de la députée Yann Piat
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La députée du Var Yann Piat vient d'être assassinée à bord de sa voiture en rentrant chez elle. Reportage sur les lieux du drame.
Date de diffusion :
26 févr. 1994
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- 00358
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L'assassinat de Yann Piat, le 25 février 1994, sème la stupeur et déclenche une réaction en chaîne imprévisible qui, après d'autres "affaires", jette une lumière crue sur toute une partie du monde politique local et contribue à dégrader l'image du Var et, au-delà, de toute la Provence littorale.
Les auteurs du crime seront assez vite retrouvés. On avait songé au début à un contrat qui aurait été conclu contre la députée UDF-PR par le "milieu", en connivence avec certains hommes politiques locaux dont elle gênait les ambitions. À plusieurs reprises, sa dernière campagne électorale, en mars 1993, avait été perturbée à dessein (jet de grenade contre sa permanence, bagarres lors d'un meeting). Or les tueurs sont les jeunes hommes de main d'un patron de bar du port de Hyères, "Le Macama", qui aurait voulu "régner" sur le secteur. La " bande du Macama " est arrêtée le 15 juin suivant. Son procès aura lieu le 16 juin 1998 devant la cour d'assises de Draguignan. Le patron du bar, considéré comme le commanditaire du meurtre, et l'exécuteur (22 ans) seront condamnés à la détention à perpétuité, le conducteur de la moto, à trente ans de réclusion. L'affaire s'inscrit donc dans un contexte hyérois marqué assez régulièrement depuis quelques années par des violences de divers types, au point de faire surnommer la ville un moment "Hyères-les-bombes" (à la place de Hyères-les-Palmiers) à cause des plasticages réguliers de commerce et bars qui s'y produisent.
Mais l'enquête, instruite par le juge Thierry Roland, prend très vite l'allure d'une "opération mains propres" qui met en cause un élu local, vice-président RPR du Conseil général du Var, rival direct de Yann Piat. Elle met à jour des liens entre le grand banditisme - représenté par celui que l'on désignait comme le "caïd" du Var, Jean-Louis Fargette, qui avait été assassiné à Bordighera, en Italie, le 17 mars 1993 - certains hommes d'affaires bien implantés dans les instances professionnelles locales et une partie du monde politique varois. C'était en fait la remise en question de ce que l'on allait appeler le "système Arreckx". Dès le 8 mars 1994, Maurice Arreckx, qui avait été durant plus de 25 ans maire de Toulon (entre 1959 et 1985), qui était président du Conseil général depuis dix ans (voir Maurice Arreckx, nouveau Conseiller général du Var), et qui, bien maladroitement, se présentait comme le " parrain du Var ", était interrogé et ses liens - notoires - avec Fargette, président de son comité de soutien dans les années 1970, dévoilés. Des écoutes téléphoniques révélaient le soutien que Fargette avait apporté à son rival, mais aussi la pénétration des marchés publics par "l'argent sale" avec la complicité de chefs d'entreprise et d'élus. Yann Piat, dans une lettre du 22 janvier 1992 déposée chez son avocat, mettait en cause, au cas où il lui arriverait quelque chose, Fargette, Arreckx, Bernard Tapie et un chef d'entreprise, vice-président de la Chambre de commerce et d'industrie (et ancien élu socialiste). Il est difficile de faire la part de la réalité là-dedans. La lettre s'inscrivait dans le contexte des élections régionales de mars 1992.
Dépitée de n'avoir pas une position éligible sur la liste UDF-RPR conduite par Arreckx, ayant besoin d'argent, Yann Piat avait marchandé son retrait de la compétition moyennant une mission rémunérée par le Conseil général sur un problème qui la touchait de près, la toxicomanie. Le sentiment reste que l'assassinat de la députée de 3e circonscription du Var a servi de prétexte à une opération de déstabilisation du PR dans la région et de son chef de file, François Léotard. En tout cas, le drame ébranlait profondément le monde politique local et, indirectement, allait causer la perte d'Arreckx, interrogé dès le 8 mars, (voir Maurice Arreckx condamné) et l'élection d'une majorité FN à Toulon. L'assassinat mettait fin au parcours atypique d'une femme, encore jeune (44 ans), ambitieuse, arrivée en politique grâce au FN, récupérée par la majorité départementale, mais jamais réellement intégrée en son sein.
Bibliographie :
Maurice Arreckx, Ça suffit !, Toulon, Les Presses du Midi, 1998.
Yann Piat, Seule, tout en haut à droite, Paris, Fixot, 1991.
Transcription
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