Fermeture de la manufacture des lauriers
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La dernière faïencerie industrielle française, spécialisée dans les arts de la table et la vaisselle, a déposé le bilan aujourd'hui. Le Président Directeur Général de la manufacture des Lauriers a proposé un plan de sauvegarde de l'entreprise pour poursuivre ses activités. Ce plan prévoit le licenciement d'une trentaine de salariés sur les soixante-dix-huit que compte l'usine.
Date de diffusion :
06 juin 2006
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L'histoire de la faïencerie à Varages est étroitement liée à celles de Moustiers (Alpes-de-Haute-Provence) et de Marseille, où cette activité se développe à partir du XVIIe siècle. Elle s'y est implantée car ce village du haut Var était situé sur le chemin qui reliait les deux localités Plusieurs des dynasties qui s'installent dans le village sont également présentes à Moustiers et à Marseille, à commencer par la célèbre famille des Clérissy. Jusqu'au XXe siècle, Varages va vivre de cette activité qui fait la réputation du village, même si la production y est davantage tournée vers la vaisselle courante. Le décor urbain (son magnifique monument aux morts par exemple) bénéficie du mécénat d'un patronat, républicain, qui assume aussi régulièrement les responsabilités municipales.
Les difficultés s'amoncellent lorsque la vaisselle en arcopal ou en plastique concurrence la production en terre. Dans les années soixante, les usines ferment (Inaudi en 1962, Boutueil en 1968) ou se regroupent. Les Del Prete, négociants marseillais, reprennent les usines Foubert, puis Bruno en 1970 et créent, à partir de là, la manufacture des Lauriers. Ils modernisent l'outil de production, orientent la fabrication vers la faïence "pain brûlée" et le culinaire de style campagnard. Mais, au début du XXIe siècle, la concurrence asiatique est rude. La manufacture est "étranglée" quand, le 1er janvier 2006, les quotas d'importation qui la limitaient sont levés. Il ne reste que trois possibilités pour résister, soit délocaliser la production en Tunisie, soit se maintenir en supprimant 50 % du personnel, ou préserver l'emploi en créant cinq magasins d'usine permettant d'écouler la moitié de la production. Mais, dans ce cas, il faut un apport financier. La municipalité dirigée par Michel Partage (gauche) est prête à racheter les murs pour les louer à l'entreprise, si Conseil général et Conseil régional acceptent d'apporter leur aide. Mais, ayant fait apparaître dans son budget des subventions non encore obtenues, la mairie se heurte à l'opposition de la préfecture et de la Chambre régionale des comptes. Le maire crie au complot politique et entame une grève de la faim qui va attirer l'attention médiatique sur cette commune d'un millier d'habitants. De nombreux témoignages de soutien, venant principalement de la gauche, lui sont apportés. Le 6 juin, le tribunal de commerce de Draguignan vient de prononcer la cessation de paiement. Le plan de redressement prévoit la continuation de l'activité avec 40 % du personnel. Le Conseil général ayant débloqué la subvention promise, le maire arrêtera sa grève de la faim le lendemain du reportage. Les locaux vont être rachetés par la Communauté de communes Provence d'Argens et Verdon à laquelle appartient le village. Il est prévu d'ouvrir un nouveau magasin d'usine à Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes), en plus des trois qui existent déjà à Avignon, Annecy et Varages. La production de 2,8 millions pièces annuelles ne se fera plus qu'avec 39 salariés. Mais quelques mois après, ce sera le dépôt de bilan et la nomination d'un administrateur judiciaire. En décembre 2007, la manufacture trouvera un repreneur qui va injecter 1,8 millions euros. Exactement un an plus tard, au début décembre 2008, l'entreprise, qui ne compte plus que 27 salariés, se retrouve à nouveau en cessation de paiement.
Plusieurs artisans maintiennent cependant la tradition de la faïencerie varageoise et le beau musée ouvert au débit des années 1980 témoigne de la richesse de son histoire.
Transcription
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