Avenir de l'usine Nestlé
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Résumé
La production de l'usine Nestlé de Saint Menet devrait cesser le 30 juin. Mais l'intersyndicale a présenté une solution alternative qui prévoit la conservation des machines, des salariés, du savoir faire. Les salariés proposent ainsi de produire du chocolat et du café pour le hard discount. 300 à 350 emplois pourraient ainsi être sauvés.
Date de diffusion :
12 avr. 2005
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C'est en 1866 qu'Henri Nestlé, chimiste suisse, a mis au point et commercialisé sa première farine lactée destinée à être utilisée comme complément au lait maternel dans l'alimentation de nouveaux-nés. Vendue dès 1868 en Suisse, la farine lactée Nestlé a gagné le monde entier cinq ans après. La demande a été telle que les capacités de production ont été vite dépassées. Henri Nestlé, ne disposant pas des capitaux nécessaires pour agrandir son entreprise, la vendit en 1875 à une entreprise de Vevey pour un million de francs suisses. Cette nouvelle société, appelée Farine Lactée Henri Nestlé, se lança ensuite dans la fabrication du lait condensé et, pour éviter des droits de douanes de plus en plus onéreux, décida d'installer des sites de production dans les pays étrangers. En France, Nestlé constitua une société anonyme en 1916. Les premières implantations industrielles eurent lieu à Cherbourg, Lisieux, Pontarlier. Dans l'Entre-deux-Guerres, la société continua à diversifier sa production avec le fromage fondu en boîte, puis le chocolat et, en 1938, le café instantané, vite connu sous son nom de Nescafé.
Cette diversification des produits conduisit la société à développer des installations dans le midi de la France, d'abord à Gap, ensuite à Marseille où, en 1942, en pleine guerre, elle acheta les 28 hectares de la bastide de Saint-Menet pour y construire une usine. Les installations prévues sont à l'image de la culture d'une entreprise attachée à une conception paternaliste des relations avec ses salariés et soucieuse des qualités du cadre de travail du personnel et des unités d'habitations qui lui sont réservées. Ainsi, à côté des deux bâtiments réservés à la fabrication du chocolat et du Nescafé se trouvent des logements et des équipements à caractère social. On trouve un réfectoire pour cinq cents personnes, une salle de consultation et de soins médicaux, une salle de conférences. La conception de l'ensemble a été confiée aux célèbres architectes René Egger et Fernand Pouillon qui vont disposer de 4 millions de dollars - somme énorme à l'époque - pour sa réalisation qui s'étale de 1949 à 1952. Le concept d'"usine verte" exprime bien la volonté de construire un espace usinier différent. Mais, cinquante après sa construction, la pérennité de l'usine est remise en question. L'usine emploie alors 427 salariés. Le 12 mai 2004, alors que des bruits couraient dans l'usine et ailleurs que seule l'unité de café allait disparaître, c'est la fermeture de l'usine entière qui est annoncée au comité central d'entreprise qui se tient ce jour-là. Pour justifier sa décision, la direction du groupe invoque le manque de rentabilité de l'usine du fait d'un manque de flexibilité des personnels et de l'application des 35 heures. La date fixée pour la fermeture est le 30 juin 2005.
À partir de là, les personnels s'engagent dans une série d'actions visant à maintenir le site en activité. Un an après, ils n'ont toujours pas baissé les bras, comme on le voit dans le reportage. Ils ont été aidés involontairement par le groupe Legal qui, le 14 mai 2004, a offert de reprendre toute l'usine, avec tous les salariés. Or, contre toute attente, Nestlé a repoussé énergiquement l'offre de Legal et confirmé sa volonté de fermer purement et simplement sans que cela profite à la concurrence. Cette situation pour le moins inédite - dans pareil cas, un groupe qui ferme un site est tout heureux de voir un repreneur acceptant de garder l'ensemble des salariés - a obligé les syndicats à trouver des formes d'actions originales pour contraindre Nestlé à accepter de céder son entreprise. C'est dans cette optique que se situe l'entrevue entre le préfet de Région, Yvon Ollivier, et les représentants syndicaux des personnels de Nestlé Saint-Menet. Ces derniers exposent alors leur souhait de voir Nestlé quitter le site tout en permettant à un repreneur de s'installer. Après de nombreuses manifestations de toute nature - sans aucune violence cependant -, des occupations de l'usine, une bataille judiciaire, un terrain d'entente sera enfin trouvé le 21 janvier 2006. Nestlé laissera la société Net Cacao reprendre le secteur chocolat avec 180 salariés, tandis que 105 autres partiront en préretraite et trois seront reclassés dans le groupe Nestlé ; les diverses indemnités, notamment de reclassement, étant fortement revalorisées. Mais, en septembre 2008, tout ne semble pas terminé puisque la société Net Cacao a traduit Nestlé en justice pour non respect des accords passés.
Bibliographie :
Patrice Pedregno, CAFE AMER. 643 jours pour l'emploi, préface de Jean Ziegler, Editions du Cerisier, 2006.
Transcription
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Journaliste
Les «Nestlé» de Saint-Menet reçus par le préfet de région.Après 12 mois de bataille judiciaire, l'intersyndicale présente une solution alternative à l'arrêt de la production de l'usine, date prévue par la direction le 30 juin 2005.
Patrick Candella
Il semblerait que euh, euh le préfet ait du mal à convaincre Nestlé de maintenir cette activité.C'est pour ça que nous avons dit : premièrement, que le préfet soit plus ferme à l'égard de Nestlé, pour maintenir son activité dans le cadre de production que nous proposons,et si Nestlé persiste dans son ortho..., dans son orthodoxie à vouloir quitter le site, tout simplement de permettre à un nouvel acquéreur de s'installer et d'assurer les productions que nous lui proposons.
Journaliste
Les salariés, de leur côté, amènent un projet industriel de continuité du site.Le principe : conserver tout, machines, salariés, savoir-faire, tout sauf les recettes brevetées de Nestlé.Selon cette idée, le futur acquéreur pourrait proposer une production de chocolat ou de café moulu pour le hard discount.Ce projet permettrait surtout de conserver entre 300 et 350 emplois sur les 427 menacés.
(Musique)
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