Michel Debré visite le futur camp militaire de Canjuers
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Résumé
Le camp de Canjuers est en cours d'installation depuis octobre dernier. Ce sera le plus grand centre d'entraînement en Europe Occidentale. Il permettra de former 6 000 hommes aux tirs et à la manoeuvre des chars. Le ministre de la Défense, Michel Debré, est venu le visiter.
Date de diffusion :
15 déc. 1970
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Le camp de Canjuers est le principal camp d'entraînement militaire de France, et même d'Europe. Situé au nord de Draguignan, dans la partie préalpine du Var, il occupe une grande partie du plateau (le "plan" en provençal) qui lui a donné son nom. La décision de création remonte à octobre 1962, alors que la France vient de perdre l'Algérie et doit réorganiser son dispositif militaire. Il s'agit de soulager les camps de l'Est de la France et de profiter d'un lieu propice aux entraînements toute l'année. Le secteur concerné couvre 35 000 ha, soit un territoire de 35 km d'Est en Ouest sur 10 du Nord au Sud. Le "plan" est peu peuplé (270 habitants), depuis que l'exode rural a vidé cette zone aride au climat rude. Il est occupé par quelques fermes qui s'adonnent en grand à l'élevage du mouton (autour de 20 000 têtes). Pourtant, un village, celui de Brovès, est tout entier inclus dans le périmètre du camp et doit être vidé de sa population. Treize autres communes doivent être amputées d'une portion plus ou moins grande de leur territoire, la plus touchée étant Aiguines, aux portes des gorges du Verdon, qui en perd les trois quarts. La création du camp va relativement isoler du reste du département l'extrême Nord du département.
Déclaré d'utilité publique en 1964, le camp rencontre peu d'opposition, même si deux comités de défense sont créés en 1966-67, dont un à Brovès. En fait, les principales manifestations de protestation ont lieu tardivement, au début des années 1970, alors que le pouvoir a été ébranlé par les évènements de mai 68 et leurs conséquences. La lutte menée au Larzac contre un autre projet de camp sert d'exemple et des contacts sont noués en 1972. Trop tard pour contrecarrer les travaux à Canjuers. Ceux-ci ont commencé en 1967, le camp est opérationnel en 1971, peu après la visite de Michel Debré que relate le reportage. Les expropriations, qui ont concerné un millier de propriétaires, la plupart non résidents, seront terminées en 1974. C'est alors, en août, que les soixante-dix habitants de Brovès seront transférés sur le territoire de Seillans dans le hameau tout neuf et à l'architecture contestable de Brovès-en-Seillans, au bord de la route nationale Draguignan-Grasse. Le vieux village servira à l'entraînement aux combats de rues. Le camp abritera plus de deux milles soldats et plusieurs dizaines de milliers viendront s'y entraîner chaque année, dont des Américains dès 1975. C'est le plus grand polygone de tirs d'Europe occidentale, où l'Armée de terre réalise la moitié de ses tirs d'entraînement. Le camp constitue une sorte de "hors lieu", un territoire à part, interdit d'accès, coupé par deux routes "civiles", dont il est impossible de sortir.
La création du camp s'est faite en accord avec les milieux politiques. Le socialiste Édouard Soldani, le sénateur-maire de Draguignan, président du Conseil général, y a vu une opportunité pour sa ville, à la recherche d'un moteur de développement, et cette option sera renforcée après la décision de transférer la préfecture du Var à Toulon. Draguignan y a gagné l'École d'application de l'Artillerie créée en 1977 et une importante implantation de logistique militaire. La droite locale y voit sans aucun doute la même opportunité économique, et, peut-être, une occasion politique pour affaiblir à terme l'ancrage à gauche de la région. L'un des conseillers de Michel Debré, que l'on voit derrière lui, est Aymeric Simon-Lorière qui sera élu maire de Sainte-Maxime et député du Var en 1973. Le camp a-t-il été une chance pour le Haut-Var, comme le dit le ministre de la Défense dans le reportage ? Les avis ne peuvent être que partagés. Il est certain que les voies de communication ont été améliorées et que le maintien d'une population a été favorisé. Aux environs de 10 000 militaires, avec leur famille, habitent dans la ville et les villages des environs. Dans une certaine mesure, le camp est devenu une sorte de réserve naturelle. Ceci étant, toute une région en a été bouleversée.
Avec l'installation du camp de Canjuers, qui s'ajoute à la base navale de Toulon et aux camps de Fréjus, le Var est devenu le département de France où l'emprise militaire est la plus grande.
Transcription
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(Silence)
Journaliste
Monsieur Michel Debré est arrivé ce matin à 9 heures au camp de Canjuers, qu'il l'a notamment survolé en hélicoptère.But de cette visite : inspecter les installations que l'on y construit depuis septembre dernier et qui feront de ce polygone de tir le plus grand centre d'entraînement militaire en Europe occidentale.Le ministre d'Etat chargé de la Ddéfense nationale a ensuite dévoilé une stèle, commémorant ainsi l'ouverture des travaux, qui sont importants si l'on sait que le camp de Canjuers situé à 25 km de Draguignan, s'étend sur une superficie de 35.000 hectares et qu'il pourra, lorsqu'il sera totalement achevé - vraisemblablement en 1980 - accueillir à l'instruction près de 6.000 hommes.Car l'activité essentielle de Canjuers sera l'instruction des hommes.On y tirera au canon, au fusil, au pistolet mitrailleur, on y lancera des roquettes et des missiles anti-chars.Il suppléera ainsi dans quelques années les camps installés dans l'est de la France.Mais pourquoi avoir choisi le haut Var ?Réponse du ministre d'Etat chargé de la Défense nationale.
Michel Debré
Les camps, tels qu'ils existaient traditionnellement, sont de dimension trop petite, ou sur des sols qui ne conviennent plus aux engins.D'où, la nécessité, la nécessité, pour l'instruction, d'avoir de nouveaux camps.J'ajoute que la rapidité du service - un an - exige désormais que ces camps soient employés 365 jours par an, ou à peu près.Réserve faite des problèmes touristiques dont nous parlerons tout à l'heure.Dès lors, l'installation dans le Haut Var, ici, représentait la possibilité d'avoir une vaste surface, avec un emploi toute l'année,en tout cas pendant les mois d'hiver et de printemps, dans des conditions meilleures,et la possibilité pour les engins blindés, pour l'artillerie et pour l'ensemble des armes, qui sont celles qu'exige notre temps.
Journaliste
Les investissements, qui seront de l'ordre de 500 millions de francs répartis sur 12 ans, comprennent bien sûr les travaux d'aménagement et d'équipement, mais également l'implantation à Draguignan d'une école d'artillerie et la construction de 400 logements militaires.On a l'impression, monsieur le ministre, que le Midi méditerranéen devient une vaste région militaire.Est-ce que cela ne va pas compromettre l'évolution touristique ?
Michel Debré
D'abord, je serais tenté de vous dire que le fait que de nombreux jeunes viennent ici, venant de l'ouest, de l'est de la France, et encore une fois peut-être, de certains pays d'Europe, fera mieux connaître la région.Et que bien des jeunes qui seront venus ici faire leur service militaire ou même simplement passer un mois d'instruction, auront ensuite le désir de revenir, une fois mariés, installés, en loisir, pour passer quelques jours.Donc ce sera peut-être un élément, au contraire, de meilleure connaissance et de publicité ; il faut voir cet aspect des choses.Et par ailleurs, à la suite des demandes qui ont été bien étudiées par l'armée, demandes qui venaient de toutes les autorités civiles du département, des larges précautions sont prises pour que les circuits touristiques soient respectés, pour que la saison touristique soit respectée.Dans ces conditions, je crois qu'il y a, vraiment il n'y a aucune espèce d'incompatibilité entre le développement militaire et le développement touristique.
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