Jean Boudou
Notice
Résumé
L'écrivain Jean Boudou déclame l'un de ses poèmes, Sus la montanha, dont il évoque brièvement le thème. Puis il décrit le stage d'occitan qu'il anime et qui s’adresse à un public varié. Il témoigne ensuite du maintien de la langue occitane, et de son utilisation inconsciente par des locuteurs français, tant au niveau du vocabulaire que de la syntaxe. Jean Boudou donne ensuite des précisions sur la zone géographique du Rouergue, partagée entre Aveyron et Tarn-et-Garonne. Il détaille enfin le contenu du stage de langue évoqué précédemment.
Langue :
Date de diffusion :
02 déc. 1967
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- 00093
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Contexte historique
Par
Nombreux sont celles et ceux qui, à la suite de l’universitaire allemand Georg Kremnitz pour qui Jean Boudou (Joan Bodon en occitan) « est l’un des plus grands écrivains du monde moderne. S’il avait écrit dans une langue majoritaire sa voix serait perçue de partout », ont reconnu dans son œuvre si marginale et universelle à la fois, un géant de la littérature contemporaine.
À l’occasion de ce reportage de l’ORTF, Joan Bodon dit son poème « Sus la montanha », qui sera publié dans le petit recueil Sus la mar de las galèras, (ed. IEO, coll. « Messatges », 1975). Si Bodon a été très tôt connu et reconnu pour son œuvre en prose, contes et romans, son œuvre poétique a été popularisée par les chanteurs de la Nòva cançon, la nouvelle chanson occitane. On pense en particulier à Mans de Breish dont les mélodies qu’il a composées sur les poèmes de Bodon sont, pour beaucoup d’occitanistes, désormais indissociables des textes. Après Mans de Breish, la forme classique et régulière de cette poésie est encore une source d’inspiration pour la jeune scène musicale actuelle. La simplicité des poèmes de Bodon – qui doit beaucoup à Federico García Lorca (Boudou a écrit quelques romances) – n’est qu’apparente : le ton de connivence familière recouvre un travail formel complexe et exprime une profonde mélancolie, celle des amours malheureux, du malheur omniprésent, de la solitude des jeunes paysans pauvres et timides, qui n’ont d’autre recours que le vin, le rêve, la fuite ou la mort.
Revenons sur l’itinéraire de celui qui est certainement le plus lu des écrivains occitans du XXe siècle. Né en 1920 dans une famille paysanne du Rouergue, à Crespin, canton de Naucelle, et après l’école du village puis le cours complémentaire de Naucelle, il entre à l’École normale de Rodez. Alors qu’il est un tout jeune instituteur, le STO* l’envoie en Allemagne, à Breslau, de 1943 à 1945. Après quelques postes de maître d’école et de maître itinérant agricole, il part en 1967 enseigner en Algérie, où il décède en 1975. Son œuvre, profondément imprégnée de désespoir et d’humanité, prend le parti des humbles et des exclus, des oubliés et des vaincus. Ses personnages sont marqués de folie, de solitude, d’alcoolisme et de misère, matérielle, morale ou sexuelle. Ils se débattent dans l’univers mental clos d’une société rurale décrite sans complaisance. Son écriture se caractérise par une narration nerveuse et par des phrases brèves, qui frappent par leur naturel et l’évidence des formulations. Ses contes s’inspirent largement de la tradition (la mère de Bodon était une conteuse reconnue), tandis que ses romans mêlent réalisme et insolite, voire fantastique.
* Service du travail obligatoire
Transcription
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